Mars défile à toute allure, avril aussi arrive tout aussi vite. Avril, le mois-clé de l'école de danse. Son ouverture est planifiée dans quelques semaines mais pas avant que Johnny et Penny n'aient dansé à l'ouverture du congrès médical et passé la première partie de l'audition tant convoitée. Cette première prestation doit éliminer les candidats de niveau trop léger pour ne conserver que les plus prometteurs. La deuxième phase, prévue début juin, déterminera les gagnants.
Durant les semaines précédentes, John et Penny ont longuement travaillé leurs chorégraphie, jusque tard dans la nuit parfois, afin que leur programme soit au point. Il y a non seulement un contrat à remporter, qui assurera des fonds suffisants à l'école pour ses débuts, mais aussi un premier coup de publicité pour se faire connaitre. L'enjeu est de taille, car de nombreuses compagnies renommées vont y participer.
John, cependant, semble confiant ; et alors que nous grimpons tous à bord de son pick-up, il me presse la main, souriant.
- On va faire un malheur ! me promet-il.
J'acquiesce sans un mot, un peu inquiète tout de même. Le trajet est court, fort heureusement car nous sommes bien tassés dans le petit habitacle. Quelques heures de route nous mènent aux abords de Providence. John se gare devant un vaste hôtel très luxueux.
- C'est parti, lance-t-il avec un clin d'œil.
Nous nous extrayons de l'habitacle et entrons dans le bâtiment long et bas. L'intérieur est splendide : le luxe s'étale dans les boiseries, les tentures et les tableaux.
Tandis que John et Penny s'éloignent vers les organisateurs, Billy et moi déambulons dans le vaste vestibule avant d'entrer, à l'invite d'un groom, dans une salle de théâtre où les candidats auditionnent.
Nous nous installons discrètement sur les fauteuils, les yeux rivés au groupe sur scène, qui évolue au rythme d'une musique très classique.
- T'en penses quoi ? soufflé-je à Billy.
- Ils ont aucune chance ! me répond-il à mi-voix. Ils manquent de coordination, regarde-les ! Des amateurs !
Je me rencogne dans mon siège, anxieuse. Deux autres postulants se succèdent, d'un niveau que Billy juge moyen, avant que Johnny et Penny ne fasse leur apparition sur la scène. Je me redresse, les mains crispées aux accoudoirs en velours rouge.
- Relax, me dit Billy.
J'observe mon compagnon se placer au centre des lumières, la main tendue vers Penny, plus loin. Puis, la musique débute. Un air plein de vie et de rythme, sur lequel tous deux s'animent.
Voir évoluer John sur une scène, c'est comme assister au lever du soleil. C'est un peu magique, exaltant, et très beau. Lorsque je le regarde, alors, il me semble que la musique prend possession de lui, se déverse dans son corps et qu'il ne fait plus qu'un avec elle. Il n'y a aucun raté, aucune erreur. Ses pas de danse tombent exactement au moment voulu, dans un accord si parfait avec le rythme de la mélodie, que cela semble incroyablement simple. Et pourtant... pour les avoir vus répéter tant et plus, je sais que rien n'est moins trompeur. Il n'empêche. John a la danse dans le sang. Et sa complicité avec Penny fait d'eux un couple hors norme de danseurs. Je les admire, suspendue à leurs pas et à leurs mouvements tandis qu'ils virevoltent et occupent subtilement l'espace de la scène. Lorsque, essoufflés, ils s'immobilisent enfin sur les dernières notes, je dois me retenir pour le pas les applaudir.
Je jette un regard soulagé à Billy, alors qu'ils libèrent la scène. Au moment où ils disparaissent, j'entrevois Johnny s'immobiliser et Penny reculer. John semble faire face à quelqu'un. Cela ne dure qu'un instant, mais j'en conserve un drôle de sentiment. Penny s'est agrippée à ses épaules, et le suit d'un coup vivement. Il m'a semblé que John a repoussé quelqu'un, brutalement. Je ne suis sûre de rien.
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Feel Dance
Fanfiction"On ne laisse pas bébé dans un coin". Johnny et Frédérique qui dansent devant la foule, entourés de la troupe, dans les Catskills... Happy end, générique de fin.... Et si leur histoire ne faisait que commencer.... ? ------------------- ce texte est...