Chapitre 7 : revirements

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Je dévale l'escalier à toute allure. Mille et une catastrophes défilent dans mon esprit : un chauffard ivre percutant John alors qu'il traverse la rue ; une soudaine faiblesse cardiaque qui le jette à terre sans prévenir ; une simple crampe ; une agression physique... Elles tournent dans ma tête, l'une remplaçant l'autre dès que je me raisonne. Je jaillis dans le couloir au moment même où Billy en pousse la porte.

- Bébé ! s'exclame-t-il en me voyant.

Je fonce vers lui, lui saisis le bras. Il a un œil enflé, marbré de rouge violacé, la lèvre fendue et sa chemise est déchirée. Mais pour le moment, je m'en contrefiche.

- Johnny...

- Des types, dans la rue !

Je lui jette un regard furibond, m'élance au dehors.

- C'est pas ma faute ! me crie-t-il.

Je déboule sur le trottoir, me hisse sur le plateau de la voiture. Johnny y est allongé, la main plaquée sur son mollet. Son visage porte les traces d'une lutte.

- Bébé... marmonne-t-il comme je me laisse tomber à côté de lui.

- Ça va ? T'as rien ?

- Ces cons m'ont frappé la jambe avec une barre de métal.

Il tente de se redresser, grimace et réprime un cri.

- Tu peux bouger ?

Pour toute réponse, il secoue la tête.

- John !

Billy atterrit à mes côtés.

- Neil est là. On va t'aider. Tu peux pas rester dehors.

Johnny le regarde un instant, puis dévie vers moi. Je le vois inspirer longuement, puis hocher sombrement la tête.

- OK.

- Neil !

Je m'écarte vivement. Le danseur nous rejoint et se place aux côtés de Billy. Tous deux se penchent et soulèvent mon homme. Ce dernier laisse échapper un cri de douleur soudaine, puis il serre les dents. Et c'est soutenu par les deux autres qu'il descend laborieusement du plateau. Les élèves, Penny, aussi, ont envahi le trottoir, alertés par l'arrivée brusque de Billy. Ils s'écartent pour laisser passer le trio. Pour ma part, je n'ai qu'une infime hésitation avant de sauter à terre et de les devancer à l'intérieur. Je fonce à l'étage, saisis le téléphone et compose fébrilement un numéro. Je compte nerveusement les sonneries, triturant le fil.

- Allô ? m'exclame-je quand enfin une voix féminine décroche. Bonjour, le docteur Houseman est-il joignable ? Je suis sa fille, Frédérique, et...

- Je regrette, me coupe la secrétaire. Il est en consultation actuellement.

- S'il vous plait, c'est urgent. Vraiment urgent !

L'angoisse pointe dans ma voix. Je pourrais appeler quelqu'un d'autre, je le sais. Mais je n'y songe même pas.

- Vous êtes sa fille ?

- Oui. Frédérique Houseman.

- Patientez.

Je me mords nerveusement la lèvre en comptant les secondes. Mon pied trépigne au sol, incapable de rester immobile. Puis...

- Bébé ?

- Papa ! Papa, il faut que tu viennes. Johnny est blessé.

* * *

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