Feel Dance

Epilogue : été 1964

C'était le presqu'été 1964. Un orage soudain avait rafraichi les rues de Manhattan après deux longues semaines de forte chaleur. Mon homme venait de remporter sa petite victoire, et au creux de la nuit, nous revenions tous à la Frederique's Dance, le cœur en fête. Nous riions et chantions tandis que Billy garait le pick-up devant l'école. John m'aida à descendre, me prenant dans ses bras pour m'amener à terre. Je l'enlaçais et l'embrassais. Je l'aimais. Nous nous aimions.

Nos amis discutaient joyeusement entre eux, commentant le défi de danse et la fête improvisée qui avait suivi dans Central Park. Il était près de 2 heures du matin.

Johnny me retint contre lui tandis que les autres rentraient. Il me contemplait amoureusement.

- Je t'aime, me déclara-t-il avec sérieux. Je t'aime comme jamais je n'ai aimé une fille jusque-là, Frédérique.

- Je t'aime aussi.

Il ancra ses lèvres aux miennes, en un baiser langoureux.

- Je n'ai pas très envie de rentrer à l'intérieur. Ça te tente, une petite promenade ?

De son regard pétillant, il me montra la moto. L'engin reposait sur le bord du trottoir depuis la désastreuse expédition pour aller le chercher, presque deux mois plus tôt.

- Je n'ai pas encore eu l'occasion de l'essayer.

Je lui souris et acquiesçais. Nous nous installâmes et il démarra.

C'était le presqu'été 1964 et la vie était belle. Je me pressais contre le dos de John, les mains plaquées sur son torse. Nous roulions cheveux au vent dans les rues parsemées de larges flaques d'eau, insouciants.

Et puis il y eut cette camionnette en face de nous. Le conducteur allait très vite. Il donna un coup de volant un peu brutal pour éviter un chien. Ses pneus glissèrent sur l'asphalte détrempé. Il freina, dérapa. Glissa sur l'eau.

La camionnette devint incontrôlable et fonça vers nous.

Je sus avec certitude qu'elle allait nous faucher en pleine course. Nous ne pouvions l'éviter.

Je me mis à crier.