Et avant même de l'avoir réalisé, juin arrive. Plein de chaleur, de soleil et d'été en devenir. Cela fait bien quinze jours qu'il n'y a pas eu une seule goutte de pluie sur Manhattan. Les températures n'ont de cesse de monter, à tel point que les cours se passent désormais fenêtres ouvertes, qu'elles donnent en hauteur ou sur le trottoir. Cela attire les foules, d'ailleurs, et au cours les plus rythmés, de nombreux adeptes les suivent depuis la rue. Billy en profite pour faire la promotion de l'école, promettant des cours supplémentaires après l'été, et incitant tout un chacun à venir faire un tour du côté de Central Park dans la soirée du 2 juin.
Je comprends qu'on y est arrivés en découvrant Johnny assis au bord du lit, un matin. Il a dû percevoir mon réveil car, à peine j'ouvre les yeux qu'il se tourne pour me contempler. Son expression tendue s'adoucit et tendrement, il passe la main sur mon visage. Je dépose un baiser au creux de sa paume, lui souris. Puis, me redressant, je m'enroule autour de lui, me collant à son dos et plaquant mes mains sur son torse. L'une des siennes vient les recouvrir.
- Tu vas faire un malheur, affirmé-je avec entrain. Aucun n'a ne serait-ce qu'un quart de ton talent !
John ne me répond rien. Il se contente de presser ma main. Puis il se lève, et j'ai tout le loisir d'admirer ses muscles si fermes dessinés avec précision, ses larges épaules, sa stature imposante, le magnétisme qui se dégage de lui.
- Je t'aime, murmure-je en le regardant s'habiller.
Il cesse pour me retourner un sourire.
- Moi aussi, dit-il en revenant à moi. Je te dois tant, Bébé. Je te dois tout.
* * *
La journée passe en activité incessante et fébrile. Penny et John passent quelques heures à répéter, tendus et concentrés. Je me garde bien de les interrompre. Je préfère me rendre utile auprès de Billy en préparant le matériel de musique qu'il faut amener sur place. La veille, il est allé repérer les lieux et affirme qu'il n'aura aucun souci à se brancher sur le circuit municipal. Je n'ai rien objecté : c'est son domaine, pas le mien.
Sur les coups de 18 heures, l'on s'ébranle en voiture, nerveux. Je sens la tension qui habite Johnny. Pour lui, c'est plus qu'un défi : c'est l'occasion de prouver que même en venant du ruisseau, comme il le dit lui-même, on peut être doué, avoir un talent, faire mieux que d'autres mieux nés ou privilégiés. Je ne suis pas inquiète – pas pour le résultat des danses. Je m'angoisse plus pour ce qui peut se passer après. Les deux clans sont impulsifs, bagarreurs. Je ne peux pas m'empêcher d'y penser. Et plus d'une fois, je me surprends à me dire d'essayer de dissuader John d'y participer. Mais je n'en fais rien.
Et nous nous garons à proximité de Central Park. Neil et Billy se chargent d'amener le matériel. Moi, je saisis la main de Johnny et la serre, un peu anxieuse. Nous traversons les allées et les places, nous enfonçons dans le parc. L'endroit est apaisant, tranchant avec les hauts buildings, le trafic incessant et le bruit ambiant propres à New York.
Bethesda Terrace apparait enfin devant nous. C'est une grande place ronde pavée, agrémentée d'un bâtiment bas en corridor flanqué de deux escaliers et d'une fontaine en son centre. Et rien que d'entendre le son de l'eau me donne une illusion de fraicheur, alors même que le ciel reste dégagé. Nous descendons un escalier et nous en approchons, slalomant parmi la foule assemblée.
Car il y a foule, c'est le moins qu'on puisse dire. Je reconnais de nombreux visages familiers, élèves assidus, ponctuels, passants qui marquent souvent l'arrêt et vont parfois jusqu'à esquisser les pas, au dehors. John affiche un sourire confiant. Il s'oblige à ne pas boiter, se tient droit, imposant – confiant. Prenny, à ses côtés, resplendit. Moi, j'ai tendance à vouloir me dissimuler, mais mon danseur m'attire près de lui. Je puise un réconfort certain dans notre proximité.
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Feel Dance
Fanfiction"On ne laisse pas bébé dans un coin". Johnny et Frédérique qui dansent devant la foule, entourés de la troupe, dans les Catskills... Happy end, générique de fin.... Et si leur histoire ne faisait que commencer.... ? ------------------- ce texte est...