𝑨 𝑫𝒂𝒏𝒈𝒆𝒓𝒐𝒖𝒔 𝑺𝒘𝒆𝒆𝒕𝒏𝒆𝒔𝒔

𝒜 𝒮𝓌𝑒𝑒𝓉 𝒯𝑜𝓊𝒸𝒽

Il ne pouvait pas, il ne pouvait l'accepter. Être abandonné une nouvelle fois était bien trop douloureux à supporter. Cette sensation si dévastatrice, se propageant tel un virus. Chacun de ses muscles se contractaient pour contenir cet océan d'émotions qui, d'un moment à l'autre, allait se déchaîner.

Deux grandes mains attrapèrent le corps délicat du félin pour le lâcher au fond d'un vieux carton humide. Le chaton savait d'ors et déjà que c'était probablement la dernière fois qu'il verrait la lumière, même artificielle, scintiller dans ses yeux. Le carton se referma, et la petite bête fût plongée dans le noir total, avant de sentir l'emballage être grossièrement balancé dans un coin. Il ne pouvait pas s'échapper, coincé sous un tas d'autres reliques crasseuses. Après plusieurs tentatives infructueuses, le félin retomba en arrière, à bout de force. Peut être valait-il mieux se laisser mourir ?

C'était un soir d'hiver, au cœur de la capitale sud coréenne, où se baladait paisiblement un jeune artiste. Ce dernier subissait encore une de ses incessantes insomnies. Alors il préférait marcher, pour vider son esprit embrumé de pensées. Il était tard, et les rues étaient calmes. Il ne prenait jamais le même chemin, et ce soir même, le vent l'avait guidé dans une impasse. Il s'arrêta, glissant ses mains dans ses poches pour observer le lieu lugubre qui semblait lui plaire. Vide, silencieux, froid. Rien ne dissonait. Ne s'attardant pas plus, il recula lentement pour quitter les lieux, traînant des pieds, pensant déjà à rebrousser chemin pour retrouver son lit. Pourtant, il s'arrêta net en discernant un écho lointain, bruit croissant, provenant du fond de cette rue sans issue. Il n'hésita pas à se retourner et s'enfoncer dans la pénombre, attrapant son téléphone pour allumer la lampe de torche, afin de voir où il s'aventurait. Peu étonné de trouver un petite montagne de vieux cartons, entassés dans un coin, il émit un léger soupir déçu. Le bruit recommença une seconde fois, et l'artiste pu clairement détecter de quel son il s'agissait : un miaulement. Ingénieux, il ne douta pas un instant qu'un chat était coincé quelque part, mais quel carton ? La pile était impressionnante. Le jeune homme ne se découragea pas, au contraire. Il coinça son téléphone dans sa poche puis commença à éventrer chaque cage envisageable, jusqu'à trouver le bon. Légère surprise. Au fond de celui-ci se trouvait une minuscule boule de poil grise. Les adorables miaulements amplifièrent à la vue du sauveur providentiel. Qui avait pu abandonner une douceur pareille ? Yoongi n'était pas du genre à s'émerveiller devant n'importe quoi, mais personne n'aurait pu résister à la tendresse de l'animal. Lorsque le chaton releva la tête vers lui, il n'hésita pas un instant à l'attraper entre ses fines phalanges, délicatement, pour le blottir contre son torse. Le tout petit félin, tremblant, s'accrochait vivement à son haut pour y chercher sa chaleur. Il n'avait pas l'air effrayé pour un sous, et vu son comportement, ce n'était pas un chat sauvage. Le jeune homme ne savait pas quoi faire, et il était hors de question de remettre le chaton où il l'avait trouvé. Alors il sortit de l'impasse pour retrouver les avenues plus chaleureuses de la capitale, pour s'emparer de son téléphone, en prenant soin de garder le félin contre son buste. Et pour cette complication, seul Jungkook, son ami, était apte à pouvoir l'aider.

_ putain il est trois heures du mat', tu veux quoi ?

_ je viens de trouver un chat... je fais quoi ?

_ bah repose-le ? putain mais t'as fumé quoi enco...

_  je l'ai trouvé dans un carton... ses propriétaires ont sûrement voulu l'abandonner. Putain Jungkook t'as un chat que t'as aussi trouvé dans la rue alors aide moi un peu, non ?

_ ramène-le chez toi, et demain va acheter ce qu'il faut pour t'en occuper. T'es vraiment un handicapé, laisse-moi dormir maintenant.

C'est sur ces belles paroles que Jungkook finit par raccrocher. Le jeune homme baissa les yeux vers la petite boule de poil qui s'était paisiblement endormie contre lui. Alors sans plus attendre, il prit le chemin inverse pour retrouver son appartement, grand logis aux fenêtres immenses, dans lequel il avait longtemps rêvé d'emménager.