Je marchais rapidement sur le bord de l'autoroute, l'air était humide et froid. Le silence de la nuit me rattrapait. Mes écouteurs dans les oreilles et ma capuche sur la tête, j'avançais dans la pénombre. Avec le brouillard, je voyais à peine à plus d'un mètre devant moi.
Cette fête avait commencé à sérieusement m'ennuyer. Alcool, défonce, j'étais lassé de tout ça. J'avais alors décidé de partir. Il devait être minuit et quelque. J'étais à pied, j'allais surement arriver chez moi vers une ou deux heures du matin. Quelle merde...
Je crois que j'étais totalement défoncé. Je n'en savais rien. Mon esprit était bizarrement incapable de se rappeler ce que j'avais pu consommer dans les trente dernières minutes. J'étais ailleurs.
Je relevai la tête, un camion approchait. La route était déserte, j'étais seul, avec le poids lourd. En passant, celui-ci m'évita de justesse. Je retirai mes écouteur, prêt à en découdre avec le conducteur. En croisant son regard, je compris qu'il devait être dans le même état que moi. Je soupirai, ce n'était pas prudent. Heureusement, il n'y avait personne sur cette voie à une heure pareil.
Je choutais dans les quelques cailloux qui s'opposaient à mon chemin, et continuais de le suivre d'un regard brumeux. Il se dirigeait tout droit vers le pont à quelques mètres. En entendant le bruit effroyable de la collision je me mis à courir en provenance de l'accident.
Au bout de quelques minutes, j'arrivai : juste à temps pour voir une voiture blanche sombrer dans les profondeurs des eaux. Alors que je m'apprêtais à sauter, j'entendis un grognement rauque. Je fis volte-face, et aperçus l'homme inconscient, au volant du camion que j'avais vu auparavant. Je serrai les poings, et m'approchai. Je secouai sans ménagement la personne qui devait être à l'origine d'un tel accident. Ce type méritait la mort. Il méritait la place du conducteur de la voiture ensevelie, probablement déjà mort.
Il ouvrit faiblement les yeux, je lui ordonnai d'appeler les ambulances. Je me dirigeai d'un pas pressé vers le côté du pont où la voiture coulait toujours. Je pris une barre en métal qui traînait par terre -surement un des restes du choc- , avant de prendre une grande inspiration.
Je plongeai alors dans l'immensité sombre sans plus attendre. L'eau gelée ralentissait mes mouvements, mais je tenais bon. En nageant jusqu'à la voiture qui s'enfonçait de plus en plus, je pu apercevoir le conducteur et la passagère : tous deux déjà morts. La conductrice avait la tête enfoncée dans le parebrise. Du sang, ainsi que des morceaux de chair déchiquetés flottaient dans l'eau, j'en eu un haut-le-cœur. Le conducteur semblait lui aussi s'être déjà éteint. Ses yeux étaient presque sortis de ses orbites. Leurs teints livides se distinguaient affreusement de la noirceur des profondeurs.
C'est là que je l'aperçus. Elle. Cet ange blond inconscient.
A cet instant, je n'avais aucune idée de son état. Était-elle morte? Je n'en savais absolument rien, mais quelque chose au plus profond de moi me poussait à agir.
Je donnai des coups sur la vitre arrière jusqu'à ce que celle-ci éclate. Je saisis rapidement le corps de la jeune fille. Alors que je sentais l'air me manquer, je pris élan sur la voiture pour remonter à la surface.
Lorsque je senti le vent glacé caresser mon visage, j'entendis les sirènes des ambulances au loin. Je nageai jusqu'au rebord et sortit le corps de la fille de l'eau avant le mien. Elle ne respirait pas. Je tapotai légèrement sa joue livide, toujours rien.
Je commençai alors à paniquer. Que devais-je faire ?
Sans savoir vraiment ce que je m'apprêtais à faire, j'approchai monvisage du sien, et posai mes lèvres sur les siennes. J'effectuais les soins de premiers secours.
Alors que je commençais à perdre espoir, la fille se mit à tousser, et à recracher de l'eau qu'il y avait dans ses poumons. Cependant, elle n'ouvrit pas les yeux. Son teint pâle -plus que d'ordinaire je supposais - était en harmonie avec ses longs cheveux clairs, éparpillés autour de son corps. Je pouvais distinguer ses traits, je réalisai qu'elle était réelle. Réellement belle.
Les ambulanciers arrivèrent à ce moment. Ils ne cessèrent de merépéter que j'avais agi avec bravoure. Ils me tendirent une couverture que je mis rapidement sur mes épaules grelotantes, tout en les observant mettre cette fille dans le véhicule. Je demandai alors à un des médecins ce qu'il adviendrait d'elle.
«- Ils vont l'emmener à l'hôpital le plus proche pour prendre soin d'elle, tu viens probablement de lui sauver la vie. M'avait-il expliqué. Quel est ton nom ? »
J'avais sauvé la vie de cette fille. Je n'y croyais pas.
«- Rafael. Rafael Brown. »
Je crois que je me sentais concerné désormais. Je m'étais battu pourrendre la vie à cette fille, et dorénavant, jamais je ne pourrais permettre qu'il lui arrive quelque chose. J'avais eu sa vie entre les mains. J'avais rendu la vie à un être humain qui désormais, m'était éternellement redevable.
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Incontrôlé
Genel KurguUn accident. Un sauvetage. Un traumatisme. Depuis ce jour, il n'est plus lui-même. « - Je t'ai retrouvé. » Une attraction innocente. « - Rafael Brown, enchanté. - Ariane Sander. - Je sais. » Pas si innocente que ça. « - On sait tous qu'il est complè...