Jeu dangereux

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Je ne revis plus le Renard pendant un moment.

Soit il avait appris à être plus discret, soit il avait disparu (ce que je supposais être l'hypothèse la plus probable) et cela m'inquiétait.
Non pas que j'étais attachée à ce nabot, je n'en avais pas encore eu le temps et à vrai dire je n'en avais pas vraiment l'envie non plus.

Il m'avait juré de ne rien dire mais je me disais que le problème ne se trouvait pas là... Les Résistants étaient du genre méfiants, alors je me demandais si ce Renard n'avait pas été surveillé au cas où il ferait un faux  pas.
C'était loin d'être rare dans ce genre d'organisations de faire suivre les nouveaux pour assurer leurs arrières et pour les empêcher de commettre des erreurs.

Je n'avais pas dormi de la nuit et mes paupières étaient lourdes mais je n'avais pas envie de me coucher. Je tentais depuis environ trois heures de trouver des ondes correspondant aux signaux qu'avaient l'habitude d'utiliser les Résistants mais je n'y parvenais pas.

Je décidais de m'arrêter et de faire une pause, histoire de ne pas me faire repérée par d'éventuels traceurs du gouvernement, sait on jamais. Des fois qu'il leur viendrait à l'esprit de vérifier si des ondes pirates (comme moi par exemple) n'essayait pas de les espionner. Non pas que je les espionnais, mais si jamais je tombais entre les mains des pisteurs ils penseraient que je voulais pirater leurs ondes sans aucun doute.

Enfin bref.
Je pris le chemin de la salle de bain. Je me douchais, en prenant mon temps sous l'eau chaude. En sortant je m'habillais, et me mis de la crème sur le visage quand tout à coup dans le miroir, je vis une étincelle qui provenait d'une étagère derrière moi. Je reconnu l'éclat de la pierre du collier que j'avais reçu de ma grand mère. Une pierre bleue claire. Je décidais de le mettre, va savoir pourquoi. Après une heure de télévision, je décidais de sortir prendre l'air.

Je mis mon manteaux d'hiver et mon écharpe de laine, descendis les escaliers et sortis dans la rue. Je fus prise d'un frisson lorsque le vent froid me frappa.
J'avançais dans les ruelles étroites et peu éclairées. L'absence de monde me rassurais. Je n'aimais pas beaucoup les espaces confinés et la foule. Je préférais ne rencontrer personne.

Je me baladais tranquillement, le long de la rivière qui traversait la ville de part et part et qui, le soir, reflétait la lumière des globes de magnanum. Je m'arrêtais contre la balustrade de bois, face à l'eau paisible de cette soirée d'hiver.
Parfois, comme ce soir là, je rêvais d'aller loin de ces lumières qui voilaient d'une teinte orangée le ciel au dessus de nos têtes et sans lesquelles on pouvait sûrement apercevoir les étoiles.
Qu'est-ce qui arriverait si les globes s'éteignaient subitement, réfléchissais-je...

- D'après ce qu'on dit, on se ferait broyer vivant par l'Oméga S... Ne bouge pas. N'essaye pas de te retourner, si tu le fais je te tue sur le champ.

Je pris peur et failli me retournée par réflexe mais la deuxième partie de sa phrase me convainc du contraire.
La voix qui me répondait, je ne l'avais jamais entendue. Elle était plutôt grave même si ce n'était clairement pas une voix d'un adulte de quarante ans. Son ton était à la fois distant et chaleureux (enfin si on ne comptait pas le fait qu'il venait de me menacer de mort bien entendu). Ce qui me surpris le plus c'est que je n'avais pas prononcer un seul mot ! Cet individu lisait donc dans les pensées...?

- Qui es-tu ? Demandais-je le plus calmement possible.

- C'est plutôt à moi de te poser la question. Répliqua l'autre.

- Je m'appelle Noora Light. J'ai 19 ans et je vis dans cette ville. Maintenant répond moi. Articulais-je soigneusement en me rendant compte que j'étais plus sereine que je n'aurais dû l'être.

- Je suis une personne peu recommandable voire dangereuse. Et si tu te met en travers de ma route tu ne seras pas épargnée. Je te laisse deviner sui je suis. Railla-t-il de sa voix devenue presque métallique.

- Facile. Tu es celui qui se crois plus fort que tout le monde, alors que tu n'es que l'homme le plus malpoli de la terre.

À l'instant où je prononçais ces paroles, je savais qui se trouvait derrière moi mais je ne ressentait ni peur, ni angoisse, rien. Il resta muet et je devinais sa surprise, ce qui fit naître un petit sourire au coin de mes lèvres. Je ne savais pas si je devais continuer ou non. Je sentais qu'il était vexé mais quelque chose me donnait envie de le provoquer d'avantage.

- Explique toi. M'ordonna-t-il.

- C'est très simple, c'est la deuxième fois que tu oublies d'être poli. Il me semble t'avoir déjà rencontré, et si je me souviens bien tu n'avais pas jugé nécessaire de m'adresser la parole. Et aujourd'hui tu as le toupet de me menacer, de te vanter et j'en passe... Ah, et moi qui pensais que tu venais t'excuser... Répondis-je sur un ton de plaisanterie.

Je n'avais plus peur de lui cette fois. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs. Une chose était sûre, je parlais au pire ennemi de la Nation : le pourchasseur.

Je sentais bien que je l'avais mis en colère. Les hommes ne supportent pas qu'on leur tienne tête. Pourtant quelque chose me disais qu'il ne me ferait rien tant que je ne dépassais pas les bornes. Le problème était donc de savoir où se situaient les limites...

J'entendais ses pas se rapprocher doucement tandis que mon rythme cardiaque accélérait. Il était de plus en plus proche, 5 mètres, 2 mètres, un mètre.

Il se stoppa juste derrière moi. Je sentais presque sa respiration sur ma tempe quand tout à coup il se pencha et me dit à l'oreille.

- Je serais toi je me ferais toute petite. Tu n'es pas en position de jouer la maligne avec moi. Je te propose deux solutions: ou bien tu abandonnes tes recherches, ou bien tu auras des ennuis. Souffla-t-il avec une légère folie dans la voix.

Je ne savais pas quoi répondre, j'étais paralysée et ne réussit qu'à déglutir. Ce qui le fit rire, un rire insolent et insupportable. Puis plus rien.

J'attendis quelques minutes pour être sûre qu'il était vraiment partit avant de me retourner avec précaution.
S'il n'était pas venu si près j'aurais pu croire que j'avais rêver. Mais c'était bien réel. Je repris le chemin de mon studio et rentrais chez moi dans le silence.

Sur le chemin, je réfléchissais. Ses menaces n'avaient rien de paroles en l'air et de toute évidence, il ne me voyait que comme une fouille merde. Ma vie était en jeu, j'allais peut être mourir...

Mais croyez le ou non, à cet instant précis et plus que jamais, j'avais ressenti l'immense envie de continuer cette enquête.

En fait, le pourchasseur en proférant ses menaces avait lancer la machine en route. Tous les pions étaient en place et ce jeu sans fin pouvait désormais véritablement commencer.

Dusk ShadowsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant