Peut-on faire confiance à un Renard ?

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L'adolescent avait fini par se relever et résigné, il m'avait suivi jusque dans mon studio.
À y regarder de plus près il était plutôt mignon. Ses cheveux roux un peu long, était tout ébouriffés et des mèches lui retombaient sur le front, comme des petites flammes qui pousseraient à l'envers.
Il avait des yeux vert clairs, très lumineux et des taches de rousseurs foncées. Son petit nez pointu lui donnait un air de renard, et son regard le faisait passé à la fois pour quelqu'un d'appeuré et de téméraire (drôle de mélange n'est-ce pas ?).

Il avait une cape lui aussi, ce qui me fit penser qu'il faisait sans aucun doute partie des résistants, comme le pourchasseur. Cependant il était fréquent de porter une cape dans les villes en ce moment donc je ne pouvais pas en être sûre à cent pourcents. Autrement dit je ne pouvais qu'emmettre une hypothèse... Mais pour moi, c'était la seule explication. Sinon pourquoi m'aurait-il suivit ?

Je l'avais donc ramener dans mon antre, il était étonné du spectacle qu'offrait la pièce jonchée de paquets de feuilles. Je lui debarrassait un coin de table d'un coup de main, balançant sur le sol une ou deux liasses de documents supplémentaires.
Les chaises n'étaient pas encombrées et j'en tirais une, non sans mal, jusqu'à la table pour qu'il puisse s'y asseoir.

- Ne reste pas planté là, aller entre, lui intimais-je alors qu'il restait immobile dans l'entrée. Et enlève ta cape tu vas prendre froid, elle est toute trempée. On va la faire sécher.

Il resta silencieux mais me teint tout de même sa cape et pris place sur la chaise que j'avais déplacée pour lui.
Quel garçon étrange, son air de renardeaux téméraire était attendrissant mais en même temps, j'étais passablement énervée par son silence.

- Alors, pourquoi me suivais-tu p'tite tête ? Lançais-je.

Il ne répondit pas et scrutait les murs de la pièce, puis le sol, puis les meubles... Ainsi de suite jusqu'à ce qu'il semble enfin me remarquer au milieu de ce bazarre, qui semblait le fasciner.

- Tu as faim ? Continuais-je. Ou bien soif peut être ?

Il hocha la tête en signe de négation, mais son ventre grogna au même moment, ce qui eu pour conséquence le rougissement instantané de ses joues, puis de son visage entier.

- Je vois. Soufflais-je, exaspérée en me passant la main dans les cheveux. Qu'est-ce que tu veux manger ? J'ai de tout ici, choisis et je te le prépare.

Il me regardais du coin de l'oeil alors que je rejoignis mon bureau pour commencer à écrire dans mon journal de bord ce que j'avais fait la veille et le jour même. J'entendis le garçon se lever timidement et avec prudence, comme un petit renard qui se demande s'il peut faire confiance à l'individu qui se trouvait en face de lui.
Il choisit du bacon et des oeufs. Enfin je devinais que c'était ça puisque quand je suis arrivée dans la cuisine il fixait ces deux aliments avec envie. Je lui préparais des oeufs au plat et il les engloutis sans demander son reste.

- Bon alors, tu comptes me dire ce que tu fichais à me filer comme ça ou bien tu vas continuer à te taire ? Demandais-je quand il eu fini de manger.

- Je ne te filais pas. Répondit-il d'un ton provocateur.

Sa voix était douce et légèrement flûtée, il avait encore une voix d'enfant mais elle était néanmoins très agréable et cela me surprit.

- Ah bon tu ne me filais pas ? Poursuivais-je sans me démonter.

- Non je viens de te le dire.

- Bien sûr, tu marchais juste dans la même direction que moi, en te cachant quand je me retournais parce que tu trouvais ça marrant. C'est ça ? Lançais-je au jeune renard.

- Ça aurait pu... Mais c'est pas tout à fait ça. À vrai dire je n'ai rien à cacher : je te surveillais. Dit-il plein d'assurance.

- Tu... quoi ? Demandais-je un peu irritée par son attitude qui se muait en arrogance. Et puis comment ça ? Je veux dire... Qui t'as demander de faire une chose pareille c'est absurde ! Continuais-je. Et d'ailleurs...

- Très bien, ça va stop les questions ! M'interrompit-il. Je vais te le dire, pas la peine de t'énerver. Je travaille pour un gars que tu as apparemment rencontré, il m'a demandé de te surveiller, et de ne pas te lâcher d'une semelle jusqu'à ce qu'il ait assez d'informations sur toi. Je n'en sais pas plus : ni quelles infos il cherche, ni pourquoi il te fait surveiller, ni même qui tu es toi et encore moins qui il est lui; ça va de soit.

- D'accord, je vois. Répondis-je seulement.

Tout à coup je pensais à une chose, ce petit était bien bavard pour un espion...

- Dis moi tête de noeud, t'es pas censé te taire au sujet de ta mission normalement ? Parce que là tu viens de tout me déballer, c'est bien beau mais je vais me méfier et faire preuve de prudence maintenant. Comment tu comptes dire à ton boss que tu as fait raté tout espoir d'espionnage maintenant ?

Le renard eu un léger malaise et un éclair de panique dans le regard "oups!" avait-il du penser.

- Je t'avouerais que je n'y avait pas pensé, dit-il un peu embarrassé. Mais bon, on peu faire un deal : tu m'as donner à manger, et je t'apprécie. Si tu fais comme si de rien n'était, je veux bien ne rien dire sur tout ça. Continua-t-il en montrant d'un mouvement de tête tout le bazarre qu'il y avait dans ma pièce.

Je ne savais pas si c'était une bonne idée mais après tout, je n'avais pas trop de chose à perdre. S'il continuait de me suivre il ne trouverait pas grand chose de plus, surtout si je devais désormais rester enfermée pour le bien de mon enquête. Cependant j'aurais bien aimé en apprendre d'avantage sur son mystérieux patron. Comment procéder...?

- J'accepte, mais j'aimerais en savoir plus sur l'homme qui cherche a en apprendre plus sur moi. Est-ce que tu pourrais revenir m'en parler si je te promet de t'offrir un goûter ou à dîner en échange ?

Les yeux du garçon se mirent à briller à l'évocation de nourriture.
C'était dans la poche ! Je pensais bien que son point faible résidait dans la nourriture mais je ne pensais pas, en revanche que ce serait aussi facile de trouver un informateur.
D'après moi, ce devait être le pourchasseur qui avait engagé le Renard. Mais je n'avais qu'un moyen d'en être sûre, faire confiance à ce petit espiègle de rouquin.
J'espérais de tout coeur qu'il ne me balancerait pas à son employeur. Mais malgré ma peur je jugeais nécessaire de lui laisser sa chance. Après tout il était peut-être moins vicelard que certains autres renards. Et puis ma curiosité était plus incontrôlable que jamais.

Je n'espérais qu'une seule chose : ne pas avoir pris la mauvaise décision.

Dusk ShadowsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant