Prologen

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Nous sommes dimanche.

Je prépare les tables, vérifie que tout est près.

Je m'installe à mon guichet et place correctement la liste des réservations ainsi mon stylo à encre.

Je m'assois et attends.

Des clients.

Un couple.

Un homme accompagné d'un autre homme, tout deux en costumes chic, de taille moyenne, font leur entrée dans le hall du restaurant. L'un a les cheveux roux, lissés à la perfection. L'autre a les cheveux légèrement ondulés lui retombant sur la nuque ainsi que sur le front, ils sont noir avec des reflets bleus. Ils sourient et s'approchent, tout en se chuchotant des mots, doux sûrement.

« J'ai réservé une table au nom de Yoongi. »

Le rouquin près de lui frétille et attrape, ce qui me semble être son petit ami, par le bras.

« Tu avais réservé baby ? Cachotier ! »

Je vois le noiraud rougir et le regarder timidement. Sûrement gêné par cette démonstration d'affection devant un inconnu. Moi.

« Je voulais que tout soit parfait. »

Je leur souris et regarde la liste des réservations. Je glisse mon doigt sur les prénoms, chose complètement inutile puisque je sais pertinemment que son nom n'est pas en début de liste, mais le fais quand même, appréciant le geste. Je tombe finalement sur son nom et le tapote du doigt.

Table 21.

Je relève la tête, les aperçois se frotter du nez et toussote légèrement pour avoir leur attention.

« Veuillez me suivre. »

Je passe devant les clients et les conduit à leur table.

C'est un coin calme, lumières tamisées, banquette de chaque côté, le tout caché par deux grandes plantes dans des pots. Celui qui a réservé doit vouloir annoncer ou demander quelques chose d'important à l'autre.

Et l'autre ne se doute de rien. Sinon ça ne serait pas marrant.

Après trois années de bons et loyaux services, j'arrive à comprendre les clients. Leurs envies, leurs timidités, leurs désirs, leurs peurs.

     Il y a les habitués. Monsieur vient avec sa dame tous les mercredis soirs. Les autres soirs il est dans son bureau, elle chez une amie. Elles bavardent, se plaignent de leur mari. Ils sortent le mercredi soir, ils en avaient parlé et avaient estimé que c'était le meilleur jour, parce que c'est le soir où les vieux couples mariés sortent. Lorsqu'ils se croisent, ils se font un signe de tête. Et aucun ragot, qui raconterait que tel couple va mal, ne se propage alors. Ce n'est qu'une question d'honneur. Monsieur et sa dame prennent toujours la même chose. Question de routine. Ils s'assoient à la même table depuis des années.

     Il y a les riches hommes avec leur belles maîtresses. Monsieur vient le mardi soir. Personne ne sort le mardi soir. C'est un début de semaine. Madame est au bridge et ne se doute de rien. Lui, profite d'une bonne compagnie pendant environ deux heures puis repart. La jeune fille ou le jeune garçon me fait un sourire et l'accompagne bras collés jusqu'à la sortie. Ce qui se passe dehors ne me concerne pas. D'ailleurs ce qui se passe à l'intérieur non plus.

l'addition NGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant