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Quelques jours plus tard.

Je n'ai pas réussi à me concentrer sur autre chose à part ce qui s'est passé il y a quelques jours. Je ne l'ai pas revu depuis, et mon côté pessimiste me crie qu'il ne reviendra jamais. Parce que c'était pas bien. Il est amoureux de quelqu'un. Il est avec cette personne. Ce soir-là quand il est rentré chez lui il s'est couché à côté d'elle. Et moi je suis l'élément de trop.

Je le vois finalement arriver, toujours aussi élégant, toujours aussi beau, toujours aussi... accompagné.

Je les conduis à leur table sans dire quoique ce soit, sans laisser une seule trace de ce que je peux ressentir à l'instant même surgir sur une de mes paroles ou une des expressions de mon visage. Mes émotions partagées entre la joie de le revoir et la tristesse de son absence. Lui aussi ne réagit pas. Il agit à l'usuelle.

« Table douze. »

Je relève la tête.

Seulement le numéro de sa table ?

J'hoche la tête.

Il me tend sa carte.

Tout est beaucoup trop formelle.

Mon cœur bat vite. Je me remémore la soirée que nous avons passé. Je m'en veux tellement.

Je la lui rend.

Il la range dans son porte-feuille.

« J'avais... »

Je respire un grand coup, mais assez discrètement pour qu'il ne le remarque pas.

« J'avais aucun moyen de te joindre... pendant... pendant ces trois jours. J'ai cru que j'allais... »

Ma voix se brise alors, et je me racle la gorge pour faire partir cette intonation de voix.

« J'ai cru que j'allais jamais te revoir. »

Je n'ose même pas le regarder dans les yeux pendant que je lui parle, parce que ce que je ressens à ce moment est beaucoup trop fort pour être totalement assumé.

« Me laisse plus sans nouvelles... »

Il réagit finalement. Il se gratte la nuque, se tourne légèrement, semble chercher ses mots et prononce sa sentence.

« Je suis désolé. C'était une erreur ce qui s'est passé. Je peux pas nier qu'on l'a tout les deux voulu. Mais... mais je me retire avant de te faire trop de mal, et à lui aussi. »

Il se tourne vers l'entrée et je comprends, même si son rouquin n'apparaît pas au loin, qu'il parle de lui.

« On était complémentent bourrés... et j'aime... »

Il parait hésitant mais continue.

« J'aime mon petit ami. Je veux pas le quitter ou quoique ce soit. Je suis désolé. Ce ne se reproduira plus. »

Il n'attend pas de réponse de ma part, tant mieux je n'aurais pas été apte à le lui en donner, et part. Il ne se retourne pas, pas un dernier au revoir, pas un dernier sourire, pas un clin d'œil ou autre.

Je fonds sur mon tabouret, tente de rattraper mes larmes, et demande à l'arrache une pause de quelques minutes.

Je fonce dans les toilettes, m'effondre à côté d'un cabinet et commence à vomir. Je ne sais pas exactement ce qui sort, ma peine sûrement, et pourtant je la sens encore dans tout mon corps.

Je murmure pour moi même, comme un fou.

Au plaisir de te revoir.

Au plaisir de te revoir.

Au plaisir de te...

l'addition NGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant