l'addition NG

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Le lendemain.

Je repense à hier.

Il a dit qu'il viendrait un soir avant la fermeture.

Et il a touché l'une de mes fossettes.

Ma journée a été excellente. Alors que je regarde les clients passer et passer, que je les installe à leur table, je ne cesse de me répéter ça. Ma journée a été excellente. Parce qu'il va venir. Seul. Un soir avant la fermeture. Il va venir pour me voir, moi. Et cette pensée, qui n'a pas quitté mon esprit depuis, me rend plus heureux que jamais.

Avec le temps, les grandes études qui ont commencé il y a presque trois ans, je ne parle quasiment plus avec mes anciens amis, je n'ai pratiquement plus de contact avec quiconque. Sauf avec Taehyung bien sûr.

Je pense que c'est un facteur de ce qui se passe dans ma tête, et dans mon cœur. Sa venue était inattendue. Il n'est en surface qu'un client. Et pourtant, il s'est intéressé à moi, à mes ressentis, à mes pensées. Pas entièrement certes, mais lui a pris le temps de s'arrêter.

« Ça va ? »

Je lève la tête. J'ai l'impression d'avoir toujours la tête baissée quand il arrive, or qu'il me semble que je scrute l'entrée plus que n'importe quoi.

Il est venu.

« Très bien et toi ? »

Il écarquille les yeux.

« Très bien ? Et bien je vois que tu apprécies le fait que je vienne. »

Son sourire se plisse légèrement sur le côté, et j'ai cette sensation qu'il me détails pour en penchant sa tête doucement.

« Tu es classe ce soir. »

Il redresse son visage.

« Arrête je vais rougir. »

Je vois effectivement ses molettes devenir un peu plus rouges. Comme si son sourire ne suffisait pas pour me faire craquer.

« Je savais pas à quelle heure ça fermait, alors je suis venu maintenant. »

Il semble me questionner du regard.

Je bégaie un peu.

« C'est.. C'est parfait. On ferme dans moins d'une heure. En général plus personne ne vient, il n'y a que les serveurs qui travaillent. »

Il met ses mains dans ses poches, et regarde derrière lui. Il se tourne de nouveau vers moi et me fais un grand sourire.

« Je t'invite ? »

« Tu plaisantes ? »

Je secoue la tête.

« Non, non. Il faisait ça tout le temps. »

Il rit encore plus fort.

« Mais comment t'arrivais à dormir ?

_ En général, quand je commence à dormir, rien ne peux me réveiller.

_ Donc t'étais en contact avec un pervers sexuel pendant toutes ces années.. t'en a profité un peu ?

_ Il n'est pas un pervers. C'est mon meilleur ami. Il aimait juste passer du bon temps.

_ Passer du bon temps ? Pas réussir à être un minimum satisfait pendant toutes ces années c'est très limite pour moi.

_ Oh mais il a finit par se caser !

_ Ah bon ?

_ Oui ! Comme quoi tu vois, c'était qu'une question de sentiment, pas de soif de plaisir.

_ Et toi ?

_ Moi ?

_ T'en.. t'en prends parfois du plaisir ? »

Je remarque que c'est la deuxième fois qu'il me pose la question. Une question en rapport avec ma vie sexuelle.

« Disons que j'ai jamais eu l'occasion d'en profiter comme il fallait.

_ Pas de filles assez bien ? »

Fille.

« Je suis homosexuel. »

Il écarquille les yeux.

« J'aurais pas dit.

_ Ah bon ? »

Je réfléchis maintenant à la question d'objectivité qu'il avait soulevé il y a quelques jours, que je ne comprends plus. Et je me perds soudain dans mes pensées. Je regarde alors autour de moi, ou plutôt devant moi. Une, deux, trois, quatre. Ça va. Quatre bières. Et lui ?

Il me voit regarder devant moi et semble comprendre ma question non posée.

« Environ 7. Chacun. Le serveur les a débarrassées. »

Je fais de gros yeux.

« Tu veux qu'on se mette dans un coin plus tranquille ? »

Lequel de nous deux a posé la question ?

Je ne sais pas. Mais nous bougeons. Nous bougeons vers les canapés des monsieur et leur jolies filles.

Je m'installe.

Je le regarde.

Ma tête ne tourne pas assez pour que je ne sois pas conscient de ce qu'il se passe mais je prends l'excuse du breuvage exquis pour pencher ma tête vers lui. Lui chuchoter quelque chose que j'oublie de suite à l'oreille. Et poser mes lèvres sur les siennes.

Il y a d'abord un rejet, très doux. Des yeux qui me regardent avec tristesse, la tristesse qu'on ressent quand on veut mais qu'on ne peux pas. C'est comme ça que je souhaite l'interpréter sur l'instant.

Puis toujours un regard, mais sur mes lèvres. Je me sens mis à nu. Et je souhaite au plus profond de mon cœur qu'il ait envie d'y poser les siennes.

Puis un mouvement. De lui cette fois. Il se redresse, s'approche et se penche très légèrement sur le côté. Ce n'est pas qu'un mouvement, il y en a en fait plusieurs. Il prend maintenant mon visage d'une main, regarde une dernière fois mes lèvres, puis glissent ses yeux dans les miens, et sans briser le contact, pose sa bouche sur la mienne.

Les choses dérapent ensuite, dirait-on. Mais pour moi, elles n'ont jamais été meilleures. Nos lèvres ne se quittent plus, nous avons fermé les yeux, et nos mains ne restent pas sans mouvement.

J'avais l'impression que mon guichet faisait office de barrière. Comme s'il était intouchable, comme si je ne pouvais que regarder.

Alors que nos corps semblent danser l'un avec l'autre, j'entends un bruit soudain près de mon oreille.

« Mais t'es malade ? Eh ! On ferme là »

On s'écarte brusquement.

On ne se regarde pas.

Il prend ses affaires et part.

Juan retourne en cuisine, et me laisse seul sur la banquette.

Il fait soudain froid.

Au plaisir de te revoir Yoongi.

Une larme coule le long de ma joue.