1. Entre lumière et ténèbres - Deuxième partie

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— ... Ensuite j'ai couru droit devant moi sans savoir où j'allais, j'ai vu ce village et je m'y suis réfugié. Quand je vous ai vue sur la place, je vous ai prise pour l'un des hommes que j'avais engagé, pensant qu'il était venu me tuer. S'il vous plaît... épargnez-moi... Je suis vraiment désolé, je n'aurais pas dû... je...

L'homme hoquetait et sanglotait.

— Montre-moi cette pierre, lui ordonna-t-elle.

Il s'empressa d'ouvrir sa sacoche et en sortit un gros joyau blanc ovale. La pierre était magnifique. Elle avait été taillée avec une grande précision et de fins faisceaux lumineux en émanaient.

Elle la lui arracha des mains et l'inspecta pendant un long moment sans un mot avant de briser le silence.

— As-tu la moindre idée de ce que tu as fait ?

L'homme à moitié recroquevillé secoua la tête.

— En volant cette pierre tu as commis un sacrilège. Tu sais quel sort réserve la Matriarche aux profanateurs n'est-ce pas ?

La voix calme de la femme l'effraya. Il sentit de la sueur froide dégouliner le long du dos. La Matriarche se montrait inflexible avec les profanateurs, et il devrait prier pour une mort clémente.

— De plus, continua-t-elle en haussant le ton, ce joyau servait de sceau gardant prisonnier des âmes en peine maintenant en liberté. Par ta faute, des gens sont morts et d'autres mourront.

Elle tentait de garder une expression impassible, mais ses yeux étaient remplis de colère.

— Alors donne-moi une bonne raison de t'épargner, avant que je ne mette fin à ta misérable existence.

Jendrick s'agenouilla et l'implora d'une voix atone.

— Pitié... Je me repens. Je ne suis pas une mauvaise personne. J'ai fait une erreur, c'est vrai... S'il vous plaît, donnez-moi une chance de me racheter. Je ferais n'importe quoi... pitié...

Le silence du paladin semblait durer une éternité. Son cœur battait si vite qu'il pouvait l'entendre.

— La Matriarche m'a confiée une mission dans cette contrée, tu détiens une carte de la région et tu l'as déjà visitée. En me guidant, peut-être que je me montrerai miséricordieuse en t'accordant une absolution.

Le destin ne l'avait pas abandonné. Il se prosterna, enlaçant de ses mains tremblantes l'une des bottes noires de la femme.

— Merci... merci..

La guerrière retira son pied brusquement.

— Maintenant guide-moi jusqu'à l'église. Cet endroit doit être purgé.

Ils quittèrent le village et traversèrent l'immense plaine désertique. Jendrick avait l'estomac noué. Une envie de s'échapper lui effleura l'esprit. Retourner dans cet endroit maudit était suicidaire. Même si la magie de la lumière terrassait les morts-vivants, il n'était pas possible qu'une seule personne puisse combattre autant d'ennemis. Elle l'avait épargné, mais il n'avait pas promis de l'aider. Dès que la situation dégénèrerait, il prendrait la fuite. Tout le monde savait que la vie était courte. Rare étaient ceux qui vivaient vieux et lui, il tenait à la vie. En quoi pouvait-il être utile désormais ? Elle avait la carte en sa possession maintenant.

Lorsqu'ils arrivèrent à l'orée de la Forêt Rouge, de grands arbres massifs cramoisis dépourvus de feuilles et aux branches menaçantes les accueillirent.

Il s'appuya contre un arbre.

— J'ai besoin d'un peu de temps...

Il avait traversé la moitié du pays et failli se faire tuer par les morts-vivants. Grâce à ses dernières forces, il avait pu rejoindre le village abandonné. Il avait été incapable de fermer l'œil de la nuit et tenait à peine debout.

— Tu n'en as pas.

Elle le bouscula.

— Avance !

Il détestait la manière dont elle lui parlait. Il avait besoin de repos, mais elle ne lui laissait aucun moment de répit.

Il entendit des râles. L'angoisse l'envahissait au fur et à mesure qu'il s'enfonçait dans la futaie. Peut-être qu'en discutant, ses craintes disparaîtraient. Du moins temporairement se disait-il. Alors il posa la première question qui lui traversa l'esprit.

— Puis-je vous demander votre nom ?

— Démétria.

— Vous voyagez souvent seule ?

— Oui.

Ses réponses étaient brèves et concises, mais ça le rassura de voir qu'elle n'était pas fermée au dialogue. Les paladins ne voyageaient jamais seuls. Peut-être avait-elle perdu ses compagnons et qu'elle continuait leur mission ? Sa curiosité le poussait à le lui demander, mais avant qu'il ne pût le faire, une main ensanglantée lui agrippa le bras quand il passa près d'un énorme arbre mort.

Il reconnut les yeux orange de l'ombre à travers le brouillard. Un mort-vivant !Jendrick poussa un cri de terreur et une force invisible le tira en arrière. Il tomba sur le dos et crut voir au même moment un marteau fendre l'air.

En un coup, Démétria vainquit son ennemi. La tête du mort-vivant avait été écrasée contre un rocher désormais coloré d'une énorme giclée de sang.

Il était trop loin pour comprendre ce que murmurait la femme, mais il vit clairement une fumée blanchâtre s'échapper du cadavre. Il se releva et eut la nausée en voyant la dépouille gisant à quelques pas.

— Le bruit les attire, ne restons pas ici. Le temple est-il encore loin ?

D'un air peu rassuré, Jendrick fit un signe négatif de la tête.

— Alors continuons d'avancer en silence.

Après plusieurs heures de marche, ils arrivèrent dans une grande clairière où des cadavres jonchaient le sol, dont l'herbe était teintée de sang. Au centre se trouvait une ancienne église en ruine construite en pierre taillée. Les énormes blocs s'emboitaient avec une précision remarquable, comme les pièces d'un puzzle. En son sommet, un étendard blanc avec l'emblème du royaume était bercé par la brise.

L'énorme porte en bois de l'entrée était entrouverte, et des bruits venaient de l'intérieur. Puis, soudainement, un silence inquiétant s'installa.

Jendrick adressa un regard alarmé à Démétria. Qu'allait-il se passer maintenant ?

Elle fixa l'entrée sans rien dire et prit son marteau en main, prête à éliminer toute menace.

Une silhouette courbée apparut dans l'ouverture des portes. Elle s'avança lentement. Petit à petit se dessina un homme vêtu d'une armure noire aux complexes motifs dorés. Il tenait dans ses mains un fléau et un bouclier tâché de rouge. L'un de ses yeux était orange et l'autre argenté.

— Les ténèbres... Elles m'appellent.

Démétria et Jendrick écarquillèrent les yeux. C'était un paladin.


* * * * * * * * * *


C'est ainsi que le premier chapitre s'achève.

Qu'en avez-vous pensé ? 

Pourquoi les ténèbres appellent un saint guerrier de la Lumière ? Le paladin sera-t-il leur ennemi ?

Vos avis et critiques m'intéressent !


Rendez-vous mardi prochain pour la suite !


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