Jendrick marchait paisiblement dans les rues du village. C'était un bourg caché dans les forêts du sud. Les gens riches et les marchands s'y rendaient pour participer à des enchères où des objets rares étaient mis en vente.
Seule, une milice était présente pour empêcher les troubles. Il n'y avait qu'une seule règle à respecter : se conduire comme des gens civilisés. Pour le reste, tout était permis tant qu'on ne se faisait pas surprendre.
Sous la pluie, les lumières brillaient dans la pénombre du soir. L'activité du village ne cessait jamais. Les rues étaient toujours remplies de monde, que ce soit de jour ou de nuit.
Quelques mois auparavant, Jendrick avait réussi à mettre la main sur un joyau. Mais pas n'importe lequel. C'était une pierre sacrée, rare, rayonnante de magie,convoitée par la noblesse pour ses pouvoirs.
Après avoir fui la nécropole, il avait vécu plusieurs mois dans une ferme où il avait trouvé refuge. En échange d'un toit temporaire, il avait promis à ses hôtes de se rendre utile dans les tâches quotidiennes, pour les aider dans leur dur labeur.
Par précaution, il avait fait profil bas durant tout ce temps. Le temple s'était écroulé, quand il était sorti de cet enfer. Les deux paladins devaient être mort, mais d'autres seraient venus mener des investigations. Et il valait mieux pour lui être loin de tout ça.
Il s'était laissé pousser la barbe et portait des vêtements modestes. Il avait même changé de nom pour ne pas être reconnu. Azun était sa nouvelle identité. Il n'avait plus rien à voir avec un marchand. Du moins en apparence.
Il tourna au coin de rue et arriva à sa destination : une grande maison. Bien qu'elle soit simple en apparence, à l'intérieur se trouvait l'hôtel de vente. Mais il n'y allait pas pour participer à une vente.
Deux jours plus tôt, Azun avait présenté le joyau au commissaire-priseur pour estimer sa valeur. L'homme connaissait une personne de la haute noblesse qui serait désireuse de l'acquérir. Une certaine Madame Ethary, une collectionneuse de pierres précieuses qui dépenserait une fortune pour un bijou pareil. Pour l'obtenir, elle le couvrirait d'or. Assez pour vivre dans le luxe jusqu'à la fin de ses jours.
Oh, comme il avait hâte de commencer sa nouvelle vie.
Il arriva à l'entrée et leva la main vers le heurtoir. Il empoigna le métal froid et le laissa retomber contre la porte.
Une petite trappe s'ouvrit.
— Oui ? demanda l'homme de l'autre côté.
— Je suis Monsieur Azun, j'ai un entretien avec Madame Ethary.
Il montra la lettre de confirmation reçue plus tôt.
— Un instant s'il vous plaît.
L'homme referma la trappe et ouvrit la porte, l'invitant à entrer.
L'intérieur de la maison était luxueux. Tout était en marbre blanc, les murs comme les meubles. Un lustre de cristal éclairait le hall d'entrée, tandis que les lampadaires formant un arc illuminaient les couloirs.
Il suivit le domestique qui le guida jusqu'à l'étage. Au fond du corridor, deux gardes étaient habillés en rouge. On aurait dit des soldats. Leur corps était protégé par une impressionnante armure en argent, recouvrant leurs points vitaux. Leurs lances forgées en acier se croisèrent, empêchant quiconque de passer la porte qu'ils avaient la tâche de protéger.
Le commissaire-priseur ne lui avait pas menti. Seul un noble de la haute société pouvait se permettre d'avoir des gardes aussi bien équipés.
— Madame Ethary vous attend derrière cette porte.
Et sur ces mots, il le quitta.
On le laissa entrer. Deux lampadaires illuminaient à peine l'entrée de la pièce. A travers l'obscurité, il distingua une silhouette féminine assise dans un siège à l'autre bout d'une grande table en marbre. Aux côtés de la femme se tenaient deux autres soldats. Elle l'attendait.
— Dame Ethary ? Bonsoir, je suis Azun. Comme convenu je vous apporte la pierre sacrée.
— Montrez-la-moi, répondit-elle fermement.
Un des hommes lui prit le petit coffret en bois, qu'il gardait sous le bras, et le déposa devant sa maîtresse.
La femme l'entrouvrit. Une lueur blanche vint refléter sur ses habits luxueux en cuir.
— Parfait. C'est bien ce que je recherchais, dit-elle en refermant le couvercle.
Au terme d'un cours silence, Azun s'impatienta. Il était venu ici pour un échange. Alors il réclama son dû.
— Vous m'en voyez navré de vous le demander, mais où est ma récompense ?
D'un geste lent, la noble leva la main montrant dans le coin de la pièce un gros coffre en bois, déposé contre le mur.
Il se précipita vers son trésor, les yeux remplis d'étoiles. Tous ses fantasmes allaient devenir réalité ! Ses mains tremblaient d'excitation. Il l'ouvrit et à sa grande surprise, le fond était vide. Azun resta figé un moment, s'assurant de ne pas rêver. Était-ce une blague ?
Il se retourna furieux.
— Qu'est-ce que ça veut dire ? Vous essayez de m'arnaquer ? Rendez-moi la pierre ou j'irai vous dénoncer !
Un silence pesant s'installa. La femme ne broncha pas.
Azun se redressa et s'efforça de garder son calme.
— Bien, dit-il aussi doucement que possible. Si vous pensez vous en sortir aussi facilement parce que vous êtes une n...
Impossible d'ouvrir la porte. Elle était verrouillée. Un mauvais pressentiment et de la confusion l'envahissaient.
— Saviez-vous que le village était géré par la Matriarche, demanda-t-elle d'un ton léger. Bien sûr que non. Comment pourriez-vous le savoir ? Dans le cas contraire vous ne seriez pas venu ce soir.
Elle se leva de son fauteuil et contourna la table. Quelque chose de lourd grinçait derrière ses pas.
— Sa Sainteté sera soulagée de retrouver son joyau, ainsi l'ordre pourra être restauré dans le nord. Quant à moi, une dernière tâche m'incombe...
La moitié du visage de la femme passa dans un rayon de lumière. Il reconnut ces yeux argentés. Son cœur fit un bond dans sa poitrine.
— ... vous rappeler que personne n'échappe au courroux divin.
Les lumières s'éteignirent.
* * * * * * * * * *
Paladin est la première histoire que j'ai écrit jusqu'au bout, et la partager avec vous était un peu intimidant pour un novice comme moi.
Vos retours sur l'histoire et les personnages m'intéressent. J'ai voulu débuter par quelque chose de petit, avec peu de protagonistes, et une nouvelle me semblait parfait pour me lancer.
Je vous remercie de m'avoir lu jusqu'au bout, ainsi que ceux qui m'ont donné ( me donneront ) des conseils et critiques constructives. J'espère que vous avez apprécié la lecture !
Luru.
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Paladin
Short StoryLes saints guerriers de la Lumière ont juré allégeance à la Matriarche, ces parangons accomplissent sa volonté et chassent le mal jusque dans les recoins les plus sombres de leur glorieuse nation. Des râles retentissent et déchirent le ciel, des for...