Démétria déplia la carte qu'elle avait confisquée plus tôt à Jendrick. Elle était au milieu de la Forêt Rouge, dans les ruines d'un ancien temple. La Porte Noire se situait loin au nord-est. Au sud, un pont enjambait la grande rivière qui traversait la forêt menant à la plaine désolée.Quant à l'ouest, à un jour de marche, au fin fond de la forêt se trouvait un caveau. Sans pierre sacrée, son accès était refusé à quiconque voudrait y pénétrer.
Elle rangea le parchemin dans une poche intérieure de son long manteau noir. Elle avait quelque chose à faire ici. Ses pouvoirs conférés par la Matriarche lui permettaient d'activer ou de briser les sceaux de lumière. La protection devait être remise en place. Cela n'emprisonnerait pas toutes les âmes égarées, néanmoins celles assez proches du sanctuaire seraient hors d'état de nuire.
D'un pas décidé, elle monta une à une les marches menant à l'entrée du temple et pénétra à l'intérieur. L'air était sec et une odeur d'acide empestait l'endroit. De grandes éclaboussures rouges parsemaient les murs et le sol aux côtés de divers objets religieux. Les bancs en bois n'étaient plus à leur place, certains étaient retournés, d'autres détruits, sans compter le nombre impressionnant de corps qui jonchaient le plancher.
C'était un véritable carnage.
Afin d'accéder au passage menant à la crypte, Démétria enjamba le corps sans vie d'une femme dont le visage avait été lacéré. Elle devait passer par un couloir étroit suivi d'un escalier en colimaçon à peine éclairé par une torche accrochée au mur. Elle regarda le bout de son arme qui ne brillait pas. L'exarque avait dû purger l'endroit.
Elle fit apparaître dans le creux de sa main une petite boule de lumière, puis elle descendit dans la crypte.
Un long couloir s'étendait devant elle. Avec prudence, elle le traversa examinant avec attention ce qui l'entourait. Le sépulcre semblait banal. Les tombes encastrées dans les murs en pierre avaient été souillées. Elles étaient vides. D'autres escaliers en colimaçon menaient plus profondément. Elle les emprunta pour aboutir dans une pièce rectangulaire illuminée par des braseros. Le passage secret découvert par Jendrick se trouvait en face. Un goulet débouchait sur une salle cachée derrière les murs.
Le plafond se perdait dans l'obscurité. Autour d'elle s'étalaient des restes de morts-vivants ainsi que des bouts de corps déchiquetés. Certains d'entre-eux portaient des armures en cuirs et de la maille. Elle devina qu'il s'agissait des mercenaires engagés par le marchand. Aucun n'avait survécu.
Au centre de la chambre secrète, un énorme disque doré lévitait au-dessus d'un cristal blanc taillé en forme de losange. C'était l'autel sur lequel le joyau devait être posé pour reformer le sceau.
Démétria déposa la pierre délicatement, joignit ses mains et récita une prière. Quand elle eut fini, rien ne se passa.
Elle cligna des yeux. Se serait-elle trompée quelque part ? Elle recommença et le résultat restait le même.
Ce n'était pas normal.
Son regard se posa par hasard sur le mur d'en face. Àtravers la pénombre, elle discerna un trou hexagonal bien dissimulé. Elle s'en approcha et l'examina.Elle ouvrit grand les yeux quand elle comprit la raison de ses échecs. Deux pierres sacrées étaient nécessaires. Une pour protéger l'église, une pour garder les esprits emprisonnés. Le temple lui-même était une prison.
Jendrick avait omis de lui dire qu'il y en avait une autre.
Elle hurla des injures, le maudissant, furieuse de s'être fait avoir par une ordure de son espèce.
Quittant la salle comme une bête enragée, elle traversa en un éclair les couloirs et monta les escaliers. L'écho de ses jurons parcourut toute la crypte, elle s'étonna presque d'en connaître autant.
Lorsqu'elle sortit de l'église, elle se concentra. Les joyaux de lumière émettaient de la magie, son don lui permettait de la sentir.
Il se déplaçait vers le sud.Elle se lança à sa poursuite marmonnant entre ses dents.
— J'arrive Jendrick. Cette fois-ci tu n'échapperas pas au jugement divin.
* * * * * *
Il devait atteindre le pont au plus vite. Une fois qu'il l'aurait traversé, il se sentirait plus en sécurité. Mieux vaut les brigands que les morts-vivants. Sa main tenait fermement la sacoche dans laquelle se trouvait son trésor. Ce joyau durement acquis qui lui permettrait bientôt de devenir un homme riche. Un sourire éphémère se forma sur ses lèvres jusqu'à ce qu'un cri perçant le sorte de ses pensées.
Sans s'arrêter de courir, il tourna la tête et vit six paires de yeux orange à travers le brouillard tournés dans sa direction.
— Malédiction ! s'écria-t-il effrayé.
Il était repéré. Les morts le poursuivaient en émettant des râles. Ils étaient plus rapides que lui. Pour les semer, il zigzagua entre les arbres et emprunta des passages encombrés par de gros rochers éparpillés se dressant sur le chemin. Ça fonctionnait ! Petit à petit il prenait de l'avance. Puis, soudain, alors qu'il jeta un dernier regard en arrière, le sol disparut subitement sous ses pieds.
Dégringolant une longue pente, il se cogna à plusieurs reprises la tête sur des pierres et des grosses branches. Quand sa chute s'acheva, son crâne lui faisaient horriblement mal et il lui fallut quelques secondes pour reprendre ses esprits. Sa sacoche se trouvait non loin de lui. Avec difficulté, il se mit à quatre pattes et continua jusqu'à l'atteindre. Il l'ouvrit et vérifia son contenu. Du bout de ses gros doigts sales, il sortit la pierre et laissa échapper un soupir de soulagement.
Les râles s'approchaient. Il ne pouvait pas rester ici. Quand il leva le regard, il vit le bout d'un vêtement bordeaux traîner sur le sol. Un homme vêtu d'une toge trouée sur laquelle de longues chaînes rouillées pendaient, se tenait debout devant lui. Le visage de l'inconnu était recouvert d'ulcères. Il avait de longs cheveux gras et des yeux globuleux d'un noir profond.
L'homme sourit à pleine dents, dévoilant une dentition horrifique baignée par un vert nauséabond et foncé.
— Il semblerait que ce soit mon jour de chance !
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Que va-t-il se passer maintenant d'après vous ? Jendrick mérite-t-il de se retrouver dans cette situation ?
La suite et les réponses dans les prochaines parties ! :D
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Paladin
NouvellesLes saints guerriers de la Lumière ont juré allégeance à la Matriarche, ces parangons accomplissent sa volonté et chassent le mal jusque dans les recoins les plus sombres de leur glorieuse nation. Des râles retentissent et déchirent le ciel, des for...