3. Convergence - Deuxième partie

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Profitant de la confusion, Démétria se lança dans la mêlée. Elle envoya à terre d'un violent coup de marteau le revenant le plus proche, puis elle pivota écrasant un autre contre l'arbre et acheva celui au sol d'un coup de talon dans le crâne.

Leur nombre diminuait à vue d'œil et quand le combat fut terminé, elle rechercha du regard son allié inconnu. C'était un homme de grande taille vêtu d'une armure noire familière. Ses cheveux châtains étaient courts, dominant un visage aux traits durs couvert de cicatrices et d'égratignures.

— A sa place, j'aurais encore attendu avant de me montrer. Une victoire inepte sur un bouffon inapte ! Je me présente, je m'appelle Remak ! Remak le Sanctifié, je suis un paladin.

Démétria reconnut l'emblème de l'Ordre du Jugement sur son armure. Était-ce un survivant du groupe qu'elle recherchait ?

— Je vous remercie pour votre aide Remak, mais j'avais la situation en main.

Il haussa les épaules.

— Si vous le dites.

— Je suis Démétria, la Matriarche m'envoie à la recherche d'un groupe de paladins en mission en ces lieux. En faites-vous partie ?

— Oui, j'en ai été séparé lors d'une investigation qui a mal tourné. Je traque actuellement un dangereux sorcier des ombres. Cet être abject a sacrifié ses compagnons pour s'échapper et en a profité pour faire sauter la caverne. Je me suis retrouvé bloqué plusieurs jours dans les galeries souterraines. J'ai eu plus de chance que mes frères tombés au combat.

— Vous n'étiez pas le seul survivant Remak. J'ai rencontré votre exarque, et avec le plus grand des regrets, j'ai dû mettre fin à ses jours avant que les ténèbres s'emparent de son âme.

Il secoua la tête.

— C'était un homme courageux et exemplaire sachant prendre les bonnes décisions, même dans les circonstances les plus difficiles. Quelle tristesse qu'il nous ait quitté. C'est une chance que vous soyez arrivée à temps en lui offrant une mort digne.

— Nous pleurerons nos morts plus tard. La mission n'est pas terminée. Un dangereux ennemi court dans la nature. Je vais me joindre à vous Remak. Je sais où se dirige le sorcier et le temps presse. Il a en sa possession une pierre sacrée. Vous savez certainement qu'un caveau se trouve à l'ouest et que la Porte Noire se situe au nord de celui-ci.  À votre avis, que fera-t-il une fois qu'il sera à l'intérieur ?

Remak restait muet. Il connaissait la réponse. Une armée de morts-vivants accompagnés de créatures des enfers parcourrait le pays. Le plus simple serait de détruire la porte, ainsi plus personne ne pourrait l'utiliser. Néanmoins, pour une raison qui lui échappait, la Matriarche refusait obstinément sa destruction car cela aurait de terribles répercussions sur la région et les provinces voisines.

Il grogna.

— La Matriarche ne nous pardonnera pas si nous échouons. J'empêcherai ce misérable d'atteindre son objectif. Ne perdons pas plus de temps, que la Lumière guide nos pas !

Les paladins se mirent en route vers l'ouest. Ils étaient concentrés et restaient aux aguets. D'autres revenants pouvaient apparaître n'importe quand.

Soudain, Démétria sentit le joyau se déplacer à grande vitesse. Un mauvais pressentiment l'envahit. Elle s'arrêta et chercha quelque chose dans l'une de ses poches intérieures. Elle sortit un cachet blanc qu'elle cassa en deux dans sa main avant de l'avaler.

Remak reconnut le fénétyllium, une drogue donnée aux soldats les rendant insensibles à la douleur, à la fatigue et à la peur afin d'être invincible sur le champ de bataille. L'absorption d'une trop grande dose rendait fou, et conduisait à des convulsions tuant la personne dans d'atroces souffrances. Il méprisait son utilisation. Seuls ceux manquant de foi envers la Lumière en consommaient.

Son ton fut glacial.

— Avez-vous peur ?

Vexée, Démétria le fusilla du regard.

— Peur ? Moi ? Faites attention à vos paroles Remak, je n'hésiterais pas à vous en mettre une si vous me manquez encore de respect ! Je sens la pierre se diriger vers l'ouest rapidement. J'ai besoin d'énergie, les forces me manquent et nous devons arriver avant lui sur les lieux. Et si ça peut vous rassurer, c'est le premier que je prends depuis très longtemps.

— Ne vous énervez pas. Je ne voulais pas vous offenser. Néanmoins, j'aimerais comprendre comment vous pouvez savoir qu'il se déplace ?

— Mon don me permet de ressentir la magie à distance. Mais trêve de bavardages, remettons nous en route, dit-elle fermement.

Seuls les cliquetis de leurs armures résonnèrent durant leur course. Démétria maudissait la tourbière qui les ralentissait. Peut-être qu'il aurait été plus judicieux de contourner les marais.

Après plusieurs minutes de course, ils arrivèrent en face d'un lac. En son centre, une immense structure construite en bloc de pierres était reliée par un grand pont en bois jusqu'à l'autre côté de la rive. D'énormes colonnes s'élevant jusqu'au ciel sortaient de l'eau, autour desquelles des amas de corbeaux croassaient.

— Vous êtes sûre que c'est un caveau ? Ça m'a l'air un peu grand, non ?

— C'est ce que la carte disait, répondit-elle essoufflée.

Tout à coup, les corbeaux se dispersèrent, abandonnant les lieux. Loin derrière, un puissant cri ressemblant à un grincement résonna. Quand ils levèrent les yeux, une gigantesque chauve-souris les survola, laissant une longue traînée de fumée noire derrière elle. Deux individus la chevauchaient. Démétria reconnu Jendrick aux côtés d'un inconnu se tenant aux poils de la créature magique, qui descendait en contournant l'édifice.

Sans attendre, Démétria se précipita vers le pont en bousculant Remak qui manqua de peu de tomber.

— Vite ! Au caveau ! cria-t-elle.


* * * * * * * * * *


Le cultiste les a finalement rattrapé et il s'apprête à pénétrer dans le caveau. Les paladins réussiront-ils à l'arrêter ?

La suite mardi prochain dans la troisième et dernière partie de ce chapitre !

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