2. Le profanateur - Première partie

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Note :

Ce chapitre sera divisé en deux parties.
Merci à ceux qui s'arrêteront sur cette page pour me lire et/ou me laisser des commentaires. :)

Bonne lecture !



Luru.


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Ce n'était pas un simple paladin, mais un exarque. Un livre ouvert sculpté dans de l'or maintenu par un trident doré ornait chacune de ses épaulières en plaque.

— Silence... j'ai dit silence ! cria-t-il en se bouchant les oreilles.

Un mauvais pressentiment envahit Démétria. L'homme n'était pas dans son état normal. Il délirait. La folie s'emparait de lui malgré sa ténacité à résister aux sombres murmures tentant de contrôler son esprit. Elle devait l'aider.

Elle prit l'encensoir en argent accroché à sa ceinture. Trop tard. En hurlant, le paladin chargea le fléau levé. Impressionnée par la rapidité de l'homme en armure lourde, elle esquiva sur le côté au dernier moment. L'arme frôla sa tête et vint cogner la relique, l'envoyant voltiger loin derrière elle.

Le guerrier se repositionna faisant tournoyer son arme, prêt pour un nouvel assaut. Sa respiration était forte, irrégulière et il grognait.

— Faites taire les murmures...

Les ténèbres prenaient le contrôle de son corps, seul son esprit résistait encore. La Lumière ne l'avait pas abandonné.

Le combat était inévitable. Démétria se méfiait de lui, on ne devenait pas exarque du jour au lendemain. C'était un vétéran de guerre. Un puissant combattant aux épaules de gladiateurs recouvert de la tête aux pieds de plaques de métal. Elle ne pouvait pas lui opposer beaucoup de résistance. Masse en mains, elle l'attendait.

Il fonça sur elle bouclier levé. Le marteau frappa violemment sa défense l'arrêtant net dans sa course. Les coups peu précis mais puissants martelèrent son égide empêchant toute riposte. Il ne pouvait qu'encaisser. Le paladin ne reculait pas pour autant. Sans tergiverser, il lâcha son bouclier et se lança à corps perdu sur son adversaire. La masse s'écrasa sur son épaule gauche, mais il réussit à atteindre les côtes de la femme avec sa boule recouverte de piques.

Démétria grimaça : les pointes percèrent sa cote de maille. Puis un choc froid comme du fer vint la cogner si fort au visage que des dents volèrent en éclats. Elle tomba à terre lourdement. Elle roula sur le côté et donna un coup de marteau dans le creux du genou de l'homme, qui à son tour s'écroula.

Le paladin se tenait la jambe criant de douleur. Elle était brisée et le poids de son armure l'empêchait de se relever. Alors il rampa vers elle aussi vite qu'il le pouvait en chuchotant.

— Les murmures... ils sont trop forts...

Le monde de Démétria tournait. Hébétée, elle se releva lentement s'appuyant sur son arme. Ses jambes tremblaient et elle dû faire beaucoup d'effort pour se remettre debout. Sa vue était trouble. Elle passa ses doigts sur ses dents qui lui faisaient horriblement mal, cherchant du regard son encensoir.

Là !

A quelques mètres d'elle, la relique suspendue à des chaînes se trouvait à côté d'un cadavre dévoré par les vers. Elle se dépêcha de l'atteindre pendant que l'homme combattait son démon intérieur. En trois enjambées, vacillant à chaque pas, elle l'attrapa et récita un sort de purification. Une lumière diffuse ainsi qu'une fumée blanche en émanèrent, propageant dans la clairière une odeur agréable.

Progressivement, le paladin se calma. Son regard devint lucide mais la couleur des ses yeux ne changea pas. Le sort ne fonctionnait pas comme elle l'aurait espéré.

— Quel est votre nom exarque ? Et à quel ordre appartenez-vous ? lui demanda-t-elle d'un ton mordant.

Les lèvres de l'homme bougèrent frénétiquement sans qu'aucun mot ne sorte de sa bouche. Puis il réussit à articuler quelques parties de phrases.

— Je... Mizar... exarque... l'Ordre du Jugement...

L'Ordre du Jugement ? Parfait, elle les recherchait.

— Je m'appelle Démétria, la Matriarche m'envoie vous assister dans votre mission. Que vous est-il arrivé ? Et où sont vos hommes ?

La voix de l'homme était à peine perceptible.

— Les cultistes... éthérés... mes hommes... morts, je suis ... plusieurs jours ... traque le dernier...

Elle ne comprenait pas tout, mais devinait ce qui s'était passé. Les paladins avaient péri contre le culte. D'après ce que l'homme lui expliquait, il poursuivait le dernier survivant de cette secte.

La Matriarche redoutait que le culte ayant semé la terreur plusieurs années auparavant soit toujours en activité après qu'elle eut plusieurs rapports inquiétants. S'il n'avait pas été éliminé, cela signifiait qu'il cherchait à nouveau à ouvrir la Porte Noire. L'Ordre du Jugement avait reçu la mission de les retrouver et les éliminer. Habituellement, il restait en contact avec la capitale pendant ses investigations. Cependant, depuis des jours toutes communications étaient rompues. C'était pour cette raison que la Matriarche avait choisi Démétria, l'une de ses meilleures guerrières, pour le retrouver et le soutenir.

L'homme émit des bruits aigus. Il était pris de spasmes et son corps se tortillait dans tous les sens. Doucement, son œil argenté virait à l'orange. Les ténèbres le dévoraient.

Démétria maudit ses pouvoirs insuffisamment puissants pour l'exorciser, et le temps lui manquait pour l'amener à un monastère. Il ne lui restait qu'une seule solution. Avant qu'il ne soit atteint par la folie, elle abrégea les souffrances du paladin d'un coup net et brutal à la nuque avec son marteau.

Sa vue redevint claire et elle se souvint qu'elle n'était pas seule. Jendrick. Où était-il ? Elle balaya du regard la clairière.

— Jendrick ? Jendrick !

Il n'était nulle part. Il avait pris la fuite.

Elle éprouva un vif sentiment de colère qu'elle chassa aussitôt. La mission. Elle devait retrouver le dernier membre du culte toujours en vie. Tant pis pour le marchand, elle avait des préoccupations plus urgentes.

Auparavant, les membres du culte avaient eu recours à de sombres rituels invoquant des mauvais esprits. Des vétalas. Dans leur forme spectrale ils étaient inoffensifs. Mais s'ils prenaient possession d'un cadavre, ils devenaient violents et répandaient la mort autour d'eux.

Cependant quelque chose ne tournait pas rond. Impossible qu'un seul cultiste puisse réaliser un rite d'une telle ampleur pour activer le portail. A moins que...

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