Chapitre 15

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  Ilan resta un instant dehors, à contempler la ferme de son enfance. Cet endroit ne lui manquait pas, loin de là. Sa décision de rejoindre l'armée et de quitter le Texas était, à ses yeux, la meilleure décision qu'il avait prit. Certes, il avait abandonné sa petite sœur, mais vivre ici était impossible pour lui, pas après la mort de ses parents. Il se rendait bien compte que la plus à plaindre dans l'histoire, c'était Alice. En l'espace de deux semaines elle avait tout perdu. Les parents étaient morts et lui, il était parti. La vie ne devait pas être facile pour elle. Elle vivait seule dans une maison qui avait été le cocon d'une merveilleuse famille. Elle avait arrêté ses études, travaillait dans une station service pourrie. Après réflexion, il se dit qu'il aurait sûrement dû l'emmener avec lui, à Washington. Alice détestait cette ville, mais au moins, elle n'aurait pas été seule et elle aurait pu retourner à l'université là-bas. Elle n'aurait peut-être pas abandonné ses études de psychologie. Peut-être qu'il n'était pas trop tard ? Peut-être qu'une fois cette histoire réglée, elle pourrait venir vivre avec lui et recommencer une nouvelle vie ? Pourquoi pas ?

Le jeune homme récupéra son sac de sport à l'arrière de sa voiture puis entra dans la maison. Une vague de souvenirs plus heureux les uns que les autres lui revint en mémoire. Il se sentait faible ici, pourtant ce n'était pas le moment. Scott allait arriver, il en était sûr. Et il devait être prêt à l'accueillir comme il se doit ! Ilan posa ses affaires sur le canapé du salon puis sortit son arme à feu. Il vérifia que cette dernière était chargée et que la sécurité était bien enclenchée. Puis il attrapa une chaise et s'installa devant la fenêtre qui donnait sur l'allée menant à la maison. Il n'avait plus qu'à attendre son cher beau frère. Ilan se doutait que arrêter ce dernier serait compliqué. Scott avait été flic, il devait être fort et savoir se battre. Mais Ilan était armé et il avait l'avantage de la surprise. De plus, il pourrait peut-être tout simplement le convaincre de le suivre afin de sauver la vie de Alice. Si cet alcoolique était aussi amoureux de sa sœur que cette dernière l'était de lui, il se sacrifierait pour elle et tout se passerait pour le mieux. Alice ne pourrait pas lui en vouloir, elle n'aurait cas respecter un choix qu'aurait fait Scott. Ce scénario était parfait. Restait à voir s'il allait se réaliser ou non.

* * * * *

Alice tournait en rond dans sa cellule. Elle ne voyait plus qu'une seule personne, le garde qui la surveillait et qui lui amenait un repas par jour. Le reste du temps, elle était seule, et de toute façon, ce foutu garde refusait de lui dire un seul mot. Alice n'en pouvait plus de ne pas avoir de nouvelles. Elle ne voyait plus son frère et personne ne voulait lui parler de Scott et lui dire s'il était là ou s'il était toujours introuvable. Même le ministre ne venait plus lui rendre une petite visite afin de la questionner. Ces gens avaient dû comprendre qu'elle ne dirait rien et ils devaient croire au plan de Ilan. Ils avaient tord d'y croire mais après tout, ils ne savaient pas à quel point Scott était casanier.

Elle devait trouver un moyen de sortir d'ici. Elle devait réussir à surprendre le garde, à l'attaquer, à l'assommer, à lui voler son arme et a quitté cette pièce. Elle devenait folle à force de ne plus sortir d'ici. Elle devait s'enfuir avant qu'ils ne décident que le contrat n'était pas suffisant pour la faire taire. Mais elle ne devait pas se louper. Pour le moment, ils pensaient tous qu'elle n'était rien d'autre qu'une gamine. Lorsqu'elle commencerait à se défendre, ils se rendraient compte qu'il était nécessaire de renforcer un peu sa surveillance. Si elle se ratait, elle n'aurait aucune chance de quitter cet endroit. Elle devait réussir du premier coup, elle n'avait qu'une seule chance !

* * * * *

Scott était épuisé. Cela faisait bien longtemps que le café qu'il avait bu à la station service ne faisait,
plus effet. Mais il refusait de s'arrêter. Il n'était plus qu'à une heure du Texas et après cela, il devrait encore trouver la ferme de Alice et s'y rendre. Pour se rassurer, il tentait de se convaincre que la jeune femme se trouverait là-bas, tranquillement. Peut-être avait-elle seulement changé d'avis et n'avait plus voulu retrouver son frère. Cela l'étonnerait beaucoup mais il avait besoin d'y croire. Il était loin de se douter que quelqu'un l'attendait effectivement à la ferme, mais que ce n'était pas du tout la personne à laquelle il s'attendait ...

Lorsque le jeune homme arriva à Dallas, il décida de se rendre à la station service où l'attaque avait eu lieu. Peut-être que le restaurent était de nouveau ouvert ? Peut-être que Alice était retournée travaillé là-bas ? Mais lorsqu'il arriva devant la station, il se rendit vite compte que cette dernière était toujours fermée et que la jeune femme ne pouvait pas se trouver ici. Il n'y avait plus aucun alien mort sur le parking, mais un grand nombre de bouquets de fleurs posés aux pieds des pompes à essence. Visiblement, les gens savaient que de trop nombreuses personnes avaient perdu la vie ici mais au vu du calme qui régnait dans la ville, personne ne devait connaître les vrais circonstances de ce drame ...

Scott s'aventura alors dans le centre de la ville. Il craignait que quelqu'un le reconnaisse et fasse le lien avec Alice. Les gens ici étaient souvent armés et ils n'aurait pas de mal à l'arrêter et a appeler les flics s'ils le voulaient. Il fallait donc qu'il soit le plus discret possible, et en même temps, il avait besoin de connaître l'adresse de Alice, afin de se rendre à sa ferme et de peut-être enfin la revoir. Il fallait qu'il tente de se faire passer pour un ami, comme il l'avait fait auprès de la jeune serveuse quelques heures plus tôt. Scott scruta les alentours et décida de questionner une vieille dame, assise devant sa maison, dans son rocking-chair. Peut-être qu'à son âge, elle ne regardait pas la télévision et qu'elle ne pourrait pas le reconnaître. Ou bien, peut-être qu'elle ne voyait plus très clair avec un peu de chance ! Le jeune homme l'aborda avec le sourire, calmement, doucement, afin de ne pas l'effrayer. Mais il se rendit vite compte qu'il ne devait pas y avoir grand chose qui pouvait effrayer cette grand-mère là.

- Pourquoi voulez-vous connaître l'adresse de cette pauvre fille ?! Hein ?! Laissez-moi deviner, vous êtes encore un de ces foutus journalistes ?! Comme je l'ai déjà dis à vos collègues, allez vous faire foutre bande de charognards ! » Lui cracha-t-elle au visage sans cesse de sa balancer.
Scott ne put s'empêcher de rire gentiment. Il aimait bien cette vieille dame, même si elle allait lui donner du fils à retordre !
- Non, je ne suis pas un journaliste madame et je suis d'accord avec vous, leur comportement est vraiment déplacé ! » Tenta-t-il, toujours extrêmement aimable.
- Tout comme vous, je vous signale ! » Répliqua-t-elle immédiatement, mais Scott la vit sourire très légèrement.
- Je me rend bien compte que ma demande vous semble étrange, je m'en excuse. Je suis seulement un ami de Alice. Je la cherche depuis qu'elle a disparu. Pour être franc, je désespère. Je me dis que je trouverai peut-être de nouveaux indices chez elle. Je comprendrais si vous ne voulez pas me donner son adresse.
- Si vous êtes son ami comme vous dîtes, pourquoi ne connaissez-vous pas son adresse ? » Fit-elle remarquer avec justesse.
- Nous ne nous connaissons pas depuis longtemps et Alice est une fille assez méfiante, elle a beaucoup de mal à faire confiance. » Répondit tranquillement Scott, de plus en plus sûr de lui.
- Effectivement ! Vous m'avez dis que vous la cherchiez de partout ...
- C'est le cas.
- Alors que vous ne la connaissez pas depuis longtemps ? » S'étonna la vieille dame, toujours un peu méfiante envers ce beau jeune homme.
- Je ne la connais pas depuis longtemps, c'est vrai. Mais elle a prit une place vraiment importante dans mon cœur en très peu de temps et ... Je ne peux pas vivre sans elle ... Il faut que je la retrouve ... Que je m'assure qu'elle va bien ... Que je lui demande pardon ... La dernière fois que je l'ai vu, on s'est disputé ... » Avoua Scott d'une voix tremblante.
Il ne jouait pas la comédie. Il pensait tout ce qu'il venait de dire. Et la vieille femme s'en rendit compte.
- Je vois. Je vais vous donner son adresse mais vous avez intérêt à la garder pour vous ! » Termina-t-elle, attendrie.  

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