Chapitre 10 : Vacances scolaires

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Les semaines se sont enchaînées. Avec Lyla, nous sommes plus proches que jamais. Je crois que l'un comme l'autre, nous avons envie d'écouter nos sentiments, mais nous préférons nous contenir. Pour ma part, je souhaite d'abord lui dire toute la vérité, même si je suis mort de trouille à cette idée.
Aujourd'hui est le dernier jour de cours, les vacances de la Toussaint sont déjà là. Même si un peu de repos me fera le plus grand bien, l'idée de ne plus voir Lyla chaque jour me fend le cœur. Heureusement, j'ai l'excuse de l'exposé pour la voir en dehors des cours...
- Bonnes vacances mon pote ! Clement me tire de mes pensées.
- Merci Clement, à toi aussi ! Bonnes vacances Jasmine !
- Merci, et pas de bêtises avec Lyla ! Me lance-t-elle, le regard lourd de sous-entendus. On dirait papa ! Ils s'éloignent bras dessus, bras dessous en riant.
Lyla s'approche de moi.
- Henri ! Est-ce que... On pourra se voir pendant les vacances ? Pour l'exposé...
Je souris.
- Serais-tu devenue tout à coup studieuse ?
- Non enfin si... Enfin...
- Ou tu cherches un prétexte pour me voir?
Elle vire immédiatement au rouge cramoisi. Je laisse échapper un rire et la prends furtivement dans mes bras.
- Parce que moi, je vais en trouver des prétextes pour te voir...
Je plonge mes yeux dans les siens. Ses grands yeux qui me supplient encore et toujours de l'embrasser. Je soupire en repensant au baiser que nous avons échangé chez moi il y a plusieurs semaines. Lyla remarque immédiatement mon changement d'humeur soudain. Elle soupire à son tour.
- Je dois y aller, sinon mon frère va partir sans moi... À bientôt Henri, passes un bon week-end !
- Merci Lyla, toi aussi !
Elle se hisse sur la pointe des pieds pour me déposer un bisou sur la joue, me sourit et s'éloigne, me laissant seul dans le hall du lycée, les bras ballants et la joue en feu.

- Tout est ok Jay?
Je me regarde une dernière fois dans le miroir de ma loge et ajuste mes vêtements.
- Oui c'est bon Antoine, on peut y aller.
Je m'empare de ma guitare et rejoins mon père qui m'attendait devant la porte.
- Bon, on a quatre minutes avant ton tour. Je te fais un topo rapidement.
J'écoute attentivement ses informations. Ce soir, je joue pour un petit concert privé en Suisse. Je ne suis pas monté sur scène depuis un moment, mais je suis content de pouvoir chanter à nouveau devant un public. Nous slalomons entre les techniciens qui s'affairent dans les coulisses tout en terminant le briefing.
- Quarante-cinq secondes Jay. M'annonce papa lorsque nous nous arrêtons près de l'entrée de la scène. Il pose sa main sur mon épaules et s'éclipse, me laissant seul pour me concentrer. Mais mes pensées se dirigent immédiatement vers Lyla. Je l'ai vue hier et elle me manque déjà...
Mon père se rapproche de moi, son casque d'intercom vissé sur les oreilles.
- Cinq, quatre, trois, deux, un... À toi.

Je me laisse tomber sur le canapé de la loge, encore essoufflé par ma prestation, j'ai tout donné. Je suis rincé mais heureux, c'était un super concert. J'entends frapper à ma porte.
- Oui?
- C'est moi. S'annonce mon père en entrant. Il referme la porte derrière lui.
- Tu as quinze minutes avant la séance de dédicaces.
- Ok ! Dis-je en approchant ma bouteille d'eau de mes lèvres.
- C'était très bien pour un retour. Il y avait une belle ambiance dans la salle.
- Oui, je les ai trouvé très réceptifs.
- Il faut dire que se sont tes plus grands fans suisses.
- Sûrement.
Je suis encore mal à l'aise avec le fait qu'on m'idolâtre à ce point.
- Au fait, j'ai eu la confirmation de Firgin Radio, ton interview en direct aura bien lieu lundi soir. Tu pourras te reposer demain.
- Parfait.
- Mais j'imagine que tu as déjà d'autres plans en tête... Il chuchote en m'adressant un petit sourire que je ne connais que trop bien.
- On ne veut pas aller trop vite.
- Tu lui as parlé de tout ça? Me demande-t-il en désignant la pièce autour de nous.
- Pas encore. Elle sait qu'il y a quelque chose. Mais j'attends le bon moment.
- Tu es amoureux?
- Papa !
Il me fait de gros yeux. Nous n'entretenons pas de relation personnelle lorsque je suis Jay.
- Tu n'as qu'à pas parler de choses... Perso.
- Bon allez, on y va, on va faire attendre tes fans sinon.

Je me réveille la bouche pâteuse. J'ouvre un œil et attrape mon téléphone. Il est dix heure trente-cinq. Il vibre à ce moment. Lyla.
-Coucou Henri ! J'espère que ton week-end commence bien. Je n'ai rien compris au devoir d'anglais... Tu pourras m'aider si tu as le temps? :D Bisoouuuuus
Je lui réponds immédiatement.
- Salut Lyla. Je te manque déjà? :P Ça va, ton excuse tient la route... Je passe te chercher vers 11h30, tu mangeras à la maison et on pourra travailler cet après-midi midi. :)
La réponse est instantanée.
- Super, merci Henri ! A tout' !
Je souris. Nous aurons tenu une journée sans nous voir, c'est déjà ça.
Je descends à la cuisine me servir un verre de jus de fruits.
- Salut Papa.
- Salut fiston bien dormi?
- Oui. On va bosser sur nos devoirs avec Lyla aujourd'hui.
- Oh, tu n'as pas tenu très longtemps. Il rit.
- Eh c'est elle qui m'a écrit. Mais je l'aurais sans doute fait aujourd'hui dans tous les cas.
- Elle semble beaucoup t'apprécier. Quoi qu'il en soit, je vais manger chez ta tante ce midi, je pensais que tu dormirais plus longtemps que ça...
- T'inquiètes, tu lui passeras le bonjour.
- Ça marche.
Je monte prendre une douche et me préparer. Il me reste encore plus d'une demi heure devant moi et papa vient de partir. Je décide de préparer le repas de midi. Je sais que ce n'est pas avec mes talents de cuisinier que je vais séduire Lyla, mais au moins on ne mourra pas de faim. Mes pâtes à la carbonnara sont finalement prêtes et mangeables. Je décide d'aller chercher Lyla.

Je sonne à la porte. Des bruits de pas se font entendre et Lyla m'ouvre la porte, rayonnante.
- Salut Henri !
- Bonjour Lyla. Prête?
- Oui ! J'y vais Maman à plus tard !
Sa pauvre mère n'a pas le temps de répondre que Lyla a déjà claqué la porte derrière elle.
- Tu m'as l'air bien heureuse de faire un devoir d'anglais ! Dis-je en essayant de prendre un air innocent.
Elle pouffe de rire et me met une tape sur l'épaule.
- Et toi tu n'attendais que ça !
- Je suis démasqué.
Le trajet se fait dans la bonne humeur. Lorsque nous arrivons à la maison, nous discutons de choses et d'autres en mettant la table. Je fais réchauffer mon festin en prévenant Lyla que mes compétences culinaires sont limitées aux pâtes et aux steaks, ce qui la fait rire.
- Ah enfin !
- Enfin?
- Oui, reprend elle. Enfin un domaine où je pourrai t'enseigner quelque chose ! J'adore cuisiner !
- Ah je ne le savais pas ! En effet, j'ai tout à apprendre. Sauf la cuisson des pâtes, je suis devenu incollable !
- Tu es sur de toi? J'ai l'impression que ça crame la ! S'exclame-t-elle en pointant la casserole fumante.
- Oh non !
Je m'empresse de la retirer de la plaque de cuisson, mais une odeur de brûlé s'en échappe. Elle rit devant ma mine dégoûtée.
- Je m'occuperai du goûter, sinon tu vas mettre le feu à la maison ! Me dit-elle en riant.
- Pas de soucis !

Nous montons dans ma chambre pour commencer à travailler. Le repas n'était pas fameux, mais heureusement Lyla souhaite m'apprendre la recette secrète de son gâteau au chocolat pour le goûter. Je la regarde entrer dans ma chambre, avec, comme à chaque fois, cette tension qui m'elecrtise le cœur et le corps. J'aime voir Lyla ici, dans mon univers. Elle s'asseoir sur mon lit, songeuse.
- Dis Henri ?
- Oui ?
Je m'approche et m'asseoir près d'elle. Je sais qu'elle compte aborder un sujet qui la tracasse.
- J'ai une question à te poser.
Mon cœur se met à accélérer immédiatement sans que je sache trop pourquoi. J'ai peut-être peur de ce qu'elle va me demander...
- Tes lunettes... Quand tu es au lycée tu les as toujours sur le nez. Mais chez toi, non. Et... L'autre coup tu as lu sans les mettre... Tu n'en as pas vraiment besoin n'est-ce pas?
Je répondre à ça... Je me sens terriblement mal de lui mentir. Et puis ça peut être un premier pas vers cette vérité si difficile à avouer... Je prends une grande inspiration.
- En effet, je n'en ai pas vraiment besoin... Pas du tout en fait...
- Donc c'est pour ne pas qu'on te reconnaisse?
A ces mots, je sursaute et mon cœur s'emballe. Aurait-elle découvert la vérité avant que je n'aie eu le courage de lui avouer?

Le Secret d'Henri - L'inconnue du Café ObscurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant