Chapitre 4 : Trouble

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Arrivé sur le parking du lycée, je constate que les élèves sont entrain de sortir. Je jette un coup d'œil à mon reflet dans le rétroviseur. Je suis trop reconnaissable avec les restes de mon maquillage que je n'ai pas pu enlever. J'ouvre la boîte à gants côté passager et y trouve une paire de lunettes de soleil que je pose sur mon nez. Ça devrait faire l'affaire. Je vais quand même essayer d'intercepter Lyla dans un coin discret pour éviter de croiser trop de monde. Après quelques minutes d'attente, je la vois se diriger vers l'abris de bus, seule. C'est parfait, je m'extirpe de l'habitacle de ma voiture et m'approche de l'abris rapidement. Lyla ne m'a pas vu arriver.
- Lyla ?
Elle se retourne d'un bond pour le faire face.
- Henri ?
Elle me dévisage, visiblement troublée.
- Je n'ai pas pu récupérer ton numéro pour te donner mon adresse tout à l'heure. J'espère que tu ne t'es pas fait mal d'ailleurs.
Elle continue de me dévisager de ses prunelles couleur émeraude. Merde, j'espère qu'elle n'est pas entrain de me reconnaître...
- Non, heureusement que tu étais là, merci de m'avoir encore une fois rattrapée. Elle rougit en prononçant ces mots. Est-elle gênée ou est-ce le souvenir de cette proximité qui la fait rougir ?
- Je ne pouvais pas te laisser t'écraser à mes pieds sans rien faire... Cette phrase, accompagnée d'un petit sourire en coin, semble l'achever. Papa a peut-être eu raison finalement...
Après quelques secondes, elle secoue la tête et fouille dans son sac pour en sortir un morceau de papier qu'elle me tend.
- Tiens. 14 heures ça te conviendrait ?
Je saisis le petit papier plié en deux. Nos doigts se frôlent, ce qui m'électrise totalement. Heureusement que mes lunettes de soleil dissimulent mon trouble.
- C'est parfait. A dimanche !
Elle reste muette et continue de me regarder quand je m'éloigne. Je sens son regard peser dans mon dos. J'adore sentir son regard sur moi.

J'ai bien pris soin de ranger tout ce qui peut se rapprocher de Jay, de près ou de loin. Il est 13:45. Les quelques documents qui me semblent intéressants sont posés sur mon lit, mon ordinateur est allumé. Tout est prêt. Je vois mon reflet dans le miroir. J'ai retiré mon tee-shirt gris. Je ne porte d'un tee-shirt à manches longues blanc qui laisse deviner mes muscles en dessous. J'ai également retiré mes lunettes que je mettrai pour travailler. Ça me fait du bien de me voir ainsi, normal. Je secoue la tête pour me décoiffer un peu. Ça devrait lui plaire, enfin je l'espère. Je regarde l'heure. 13:47... Je soupire et relis les messages que l'on s'est envoyés.
- Salut Lyla, comme convenu voici mon adresse : 44, Boulevard Jules Ferry. A demain, Henri.
- Coucou Henri, merci ! A demain, Lyla.
Même à travers ses SMS, on peut deviner ses yeux qui pétillent.
La sonnette retentit à travers la maison silencieuse et mon cœur loupe un battement. Je descend les escaliers en trombe et ouvre la porte. Elle est là, devant moi. Ses yeux passent de mon visage, à mon torse, puis à mes bras avant de revenir à mon visage.
- Salut Lyla. Entres, je t'en prie. Dis-je avec un petit sourire, triomphant de l'effet que j'ai sur elle.
- Merci Henri... Euh salut !
Elle est si mignonne, toute rouge, un peu perdue. Alors qu'elle entre dans le salon en retirant son manteau, je détaille sa tenue. Elle porte un tee shirt marron qu'elle a noué au niveau de son nombril, ce qui laisse apparaître sa peau que je devine douce et chaude. J'ai envie de la caresser du bout des doigts... Son jeans moule parfaitement ses formes, si bien que le dessin de ses fesses rebondies fait immédiatement effet sur moi et je me sens tout à coup un peu à l'étroit dans mon pantalon. J'avale difficilement ma salive. Elle se retourne tout à coup, les yeux émerveillés.
- C'est magnifique chez t... Ça va Henri?
Elle a sans doute remarqué mon trouble. Je détourne le regard et lui explique.
- C'est mon père qui a fait toute la décoration. Il adore ça, c'est un peu sa passion.
- C'est très beau, dit-elle doucement en battant des cils.
Je rêve où elle essaye de me charmer avec ses grands yeux faussement innocents? Enfin bon, je suis mal placé pour parler... J'espère si elle ne m'a pas vu entrain d'admirer ses courbes. Je chasse ces images de ma tête et prends son manteau pour le suspendre dans le placard.
- Suis-moi, nous allons travailler dans ma chambre, j'y ai rassemblé tout ce qui pourra nous être utile.
Pour toute réponse, elle m'adresse un sourire et m'emboîte le pas. Lyla est la première fille qui entre dans ma chambre depuis Mélanie. Et pourtant, beaucoup rêveraient d'y entrer avec Jay...
- Oh ! Je ne m'imaginais pas ta chambre comme ça ! S'exclame-t-elle en pénétrant dans la pièce lumineuse.
Alors comme ça, on pense à ma chambre...
- Et tu t'attendais à quoi?
Tiens, j'aimerais bien le savoir...
- Une chambre sombre, pleine de livres, de jeux vidéo et de posters. Un peu comme celle de mon frère. Sans les livres.
Je souris. Elle remarque les documents sur mon lit et se tourne vers moi.
- Tu as déjà fait des recherches ?
- Oui, j'aime prendre de l'avance, comme ça on aura un support pour commencer à travailler.
Elle m'écoute, comme suspendue à mes lèvres. J'aime cette façon qu'elle a de me regarder, comme si elle était absorbée par mes mots. Comme si plus rien d'autre n'existait... Tu dois vraiment arrêter de te faire des films mon vieux...
- Tu as perdu tes lunettes? Me demande Lyla du tac au tac.
Elle l'a donc remarqué...
- Non, elles sont juste là, dis-je en les désignant posées sur mon lit. J'en ai besoin uniquement pour lire et utiliser un ordinateur.
Et accessoirement pour me camoufler derrière.
- D'accord... ...
J'ai l'impression qu'elle voudrait ajouter quelque chose, je soutiens donc son regard.
- Tu es... C'est juste que... Ça me fait drôle de te voir sans. C'est la première fois.
Je lui offre un sourire en guise de réponse. Sa bouche s'entrouvre à peine et elle continue de me regarder droit dans les yeux, les joues roses. Je la vois déglutir difficilement. Peut-être lui plais-je un peu finalement?
Nous nous mettons enfin à travailler. Je suis assis au bord de mon lit, mon ordinateur sur les genoux, pendant que Lyla est installée à mon bureau. Nous nous sommes réparti les différentes tâches de la journée que j'avais listées. Lyla était restée bouche bée devant mon organisation quasi militaire, m'avouant qu'elle était plutôt du genre étourdie.

Le Secret d'Henri - L'inconnue du Café ObscurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant