Chapitre 8 : Emotions

456 15 1
                                    

Je jette un coup d'œil furtif en direction de Lyla qui fixe le petit écran. Merde. Je n'ose piper mot et termine mon plat de sushis. Mon cerveau tourne à mille à l'heure. C'est peut-être le moment idéal pour savoir ce qu'elle pense de Jay - Et accessoirement de savoir si il risque de me voler la vedette. Je me lance en prenant un air innocent.
- Ah elle l'aime bien ?
- Tu rigoles? Elle est complètement raide dingue de lui ! Me lance-t-elle du tac au tac.
Je manque de m'étouffer avec mon soda. Elle me regarde d'un air suspicieux.
- Ca va?
- Oui oui... Je... Un grain de riz. Dis-je en me raclant la gorge.
Je me risque à lui poser une nouvelle question.
- Et toi? Tu l'aimes bien?
Elle reste muette une seconde - une éternité à mes yeux.
- Oui ça va. Enfin, musicalement. Il chante bien...
- Mais?
- Mais je n'irais pas jusqu'à me jeter à ses pieds en pleurs comme toutes ces pauvres minettes en chaleurs.
Je souris intérieurement. Tu exagères Lyla, on n'est s'est jamais jeté à mes pieds... Enfin à ceux de Jay. Je tente un dernier coup de poker.
- Ne me fais pas croire qu'il ne te plaît pas...
- Ben... Non, il ne me plaît pas, désolée de te décevoir.
Je ne sais pas comment prendre ses derniers mots. Je scrute son regard rivé dans le mien pour y trouver la réponse. Elle rougit et détourne le regard,
- Il est trop... Sophistiqué pour moi. Je préfère largement l'authenticité...
Je souris et me détends. La musique est terminée depuis un moment. Je l'ai échappée belle. Mais derrière Lyla ne se cache pas une groupie, c'est déjà ça. Et puis, elle n'a pas fait le rapprochement entre Jay et moi. Ouf. Je termine mon verre et me lève pour aller payer nos repas.
- Attends Henri ! Me crie Lyla en fouillant dans son sac.
Je lui mime l'ordre de rester assise et me dirige vers la caisse.

- Il ne fallait pas Henri, merci ! Me remercie Lyla, son habituel sourire illuminant son visage. Elle se hisse sur la pointe des pieds et m'embrasse sur la joue. Mon cœur loupe un battement. Je reste comme un con, la bouche ouverte à la regarder rougir. Mon corps est là, intérêt, mais mon esprit est retourné fêter Noël dans ce café obscur.
Elle me sourit et s'accroche à mon bras. Décidément, j'adore cette manie qu'elle a de s'accrocher à moi. C'est sans doute uniquement un geste amical pour elle, mais à chaque fois qu'elle faufile sa main entre mes côtes et mon bras, mon cœur explose à son contact. Je me demande ce qu'elle ressent pour moi... De l'amitié, de la tendresse? Ou un peu plus? Je pense lui plaire un peu, j'ai remarqué qu'elle était souvent troublée. Je prends une grande inspiration pour remettre mes idées en place.
- Où veux-tu aller maintenant?
Elle réfléchit un instant.
- J'ai une petite idée...
Elle nous dirige devant un énorme H&L. Je souris intérieurement en lisant les les grosses initiales rouges au dessus de la porte. Je décide de la taquiner un peu.
- C'est un signe que tu m'envoie là ? Dis-je en pointant nos initiales rouges.
Elle réfléchit un instant avant de rougir.
- Oh Henri ! Non... N'importe quoi je...
Je ris devant son embarras. Et sans trop savoir pourquoi, je me penche vers elle et lui dépose un baiser sur le sommet du crâne, ce qui la fait se taire d'un coup. Une drôle de tension, chargée d'électricité se crée entre nous. La même que tout à l'heure en sortant du restaurant. Ma joue me piquette à ce souvenir.
Nous entrons dans le magasin sans dire un mot. Elle commence à fouiner dans les rayons et je m'éloigne un peu pour me promener dans les allées du magasin, sans trop la quitter des yeux. Je vois petit à petit les vêtements s'entasser sur ses bras et, le sourire aux lèvres, je m'approche de Lyla pour lui proposer mon aide.
- Euh... Oui, merci. Ça commence à être lourd ! Me dit-elle, le regard emplit de gratitude.
Je la soulage de son fardeau et la suis à travers le magasin, les bras chargés de vêtements. Finalement, un cinéma aurait pu être pas mal...

Alors là, je retire ce que j'ai pensé tout à l'heure, à propos du cinéma... Parce que là, j'ai droit à un défilé de Lyla pendant qu'elle essaye ses vêtements. Mes mains commencent à être moites, aussi je les frotte sur mon jeans.
- Bon, je sors ! Me crie Lyla depuis sa cabine.
Elle porte un pantalon noir en jeans, un chemiser blanc léger et un blazer bleu marine. C'est simple, classe. Efficace. J'approuve, le pouces en l'air. Elle me sourit et sautille jusqu'à sa cabine. Elle est longue à se changer cette fois, et je n'entends plus aucun bruit.
- Tout va bien Lyla?
- Euh oui oui... C'est juste que... Je sais pas si...
Elle ouvre timidement le rideau de velours et sort doucement. Et là je crois que ma mâchoire heurte le sol. Merde. Elle est... Magnifique. Je me gifle intérieurement de penser ça, mais merde, elle est sacrément bandante ! Je la détaille des pieds à la tête, le souffle coupé et le cœur battant comme un cheval lancé au triple galop. Elle porte une petite robe bleue parsemée de perles qui brillent sous la lumière du néon. Elle est un peu courte, mais pas vulgaire non plus. Les formes de Lyla sont délicieuses, sublimées par cette robe qui semble avoir été taillée pour elle. Je tente comme je peux de dissimuler mon trouble ainsi que la bosse qui commence à naître sous mon pantalon. Je me racle la gorge et tente de prendre la parole.
- Tu... C'est très... Très beau...
Je suis maintenant hypnotisé par son regard timide alors qu'elle se mord la lèvres, gênée. Oh putain ! Ne fais pas ça Lyla sinon je vais... Mon cerveau se coupe à ce moment je crois et je me lève. Je m'approche de Lyla sans pouvoir la quitter des yeux. J'entends son souffle qui s'accélère. Je me retrouve face à elle. Nos visages sont si proches maintenant. Je remarque que ma respiration est aussi chaotique que la sienne et je sens mon pouls battre douloureusement dans mon boxer. Elle me fait un effet terrible... Je me penche vers elle. Mon front touche le sien désormais. Nous sommes toujours perdus dans le regard l'un de l'autre. Je lève doucement la main vers son visage et... Nous sursautons en entendant deux filles s'approcher bruyamment. Je recule d'un bond et me tourne. Respire Henri... Je ferme les yeux et entends Lyla retourner dans la cabine pour se changer. Je reste là, pantelant, les mains encore plus moites que tout à l'heure. Qu'est ce qui m'a pris...

Le Secret d'Henri - L'inconnue du Café ObscurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant