Chapitre 3

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- C'est bon, je crois qu'on peut sortir. Je vais enlever ma main et te relâcher mais pas de bêtises hein? Tu ne cries pas, tu ne t'échappe pas, on est d'accord ?

Je hochai la tête, les yeux grand ouverts, presque larmoyants, à la manière d'un chaton.
Il me regarda fixement de ses yeux noirs comme de l'encre de Chine.

Je le vis hésiter. Il fronça les sourcils, crispa sa mâchoire et commença à enlever sa main de ma bouche tout en s'écartant de moi.

Je n'osai pas bouger, je respirai à peine le fixant de mes yeux bleus grands comme des soucoupes.
Je les fermai un instant, puis pris une grande respiration.

- Ça va? Dit-il d'une voix hésitante. Écoute... heu je ne voulais pas te bousculer comme ça... commença-t-il, puis il se redressa en me toisant de toute sa hauteur et reprit d'une voix assurée.

- Si tu n'étais pas si empotée, je n'aurai pas eu besoin de te tirer comme un sac derrière moi...
Pourquoi tu me regardes comme ça ? Je t'ai sauvé la vie figure-toi ! Sans moi... Ehh doucement ! ARRGH ! Mais t'es dingue ! Dit-il se tenant le tibia et sautillant sur sa jambe droite.

Je n'avais pas pu me retenir. J'avais retrouvé mon sang froid, et en écoutant son baratin, mon sang n'avait fait qu'un tour.
Je l'avais repoussé et balancé mon plus magistral coup de pied dans sa jambe.

Et maintenant ? Maintenant je cherchai partout autours de moi de quoi me faire une arme. Un caillou ? Trop petit. Une hache ? Oui, bien ça, mais pas une seule en vue.

Je relevai les yeux et m'aperçu que le mur derrière lequel nous nous étions caché appartenait à une vieille maison en ruine, ou plutôt... lorsque je tournai sur moi même, tout un village en ruine.

Des murs effondrés, des toits calcinés, des structures détruites. Des briques et des poutres jonchaient la rue face à moi. Cela ne semblait pas être récent, certaines pierres de construction commençaient à se désagréger, comme de la poussière.

C'était une vision effrayante, mais le plus terrifiant c'était... le silence.
Rien. Pas un bruit. La forêt n'était qu'à quelques mètres, mais pas un chant d'oiseau ne parvenait jusque là. Même pas un souffle de vent.
Tout était mort ! Même la végétation n'avait pas repoussé sur le village.

Je tournai de nouveau sur moi-même et fis de nouveau face à mon kidnappeur.
Il avait retrouvé sa contenance, mais semblait à la fois contrarié et triste.

Pourquoi triste? Ne puis-je m'empêcher de penser. À peine songeai-je à ça, qu'il reprit un visage fermé, les lèvres serrées et le regard courroucé.

Je le vis s'approcher de moi à grandes enjambées. Mon cerveau me disait "Cours, bon sang!", mais mes jambes répondaient "Tu rigoles? On vient de courir plus que ces 17 années passées réunies, pas question de remettre ça !".

Je me retrouvai donc, figée, les jambes tremblantes, regardant ce garçon un tantinet contrarié, voire furieux foncer sur moi.

Je fermai les yeux, crispant mes poings prête à encaisser le choc... mais je ne sentis qu'une caresse sur ma joue.

J'ouvris mes yeux surprise et le vis me regarder plein de souffrance de nouveau.

- Ne pleure pas, me dit-il d'une voix enrouée tout en retirant doucement ses doigts de mon visage.

- Mais je ne pleure pas, lui dis-je en touchant mes joues.

Je me rendis compte qu'elles étaient humides.
J'avais pleuré sans m'en rendre compte et je ne savais pour qu'elle raison.

(À suivre...)

Rêve, RaphaëlleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant