- Debout, il est temps de se lever...
"Qui me parle ? Me lever ? Pourquoi faire ?". Voilà tout ce que mon esprit embrumé réussit à me transmettre, ce qui n'eût aucun effet sur mon corps. Je restai vautrée sur mon lit douillet et répondis :
- Mmhouiii sommeil... Pas maintenant, papa...
- Tu me prends encore pour ton père ? Suis-je devenu si vieux ? me dit une voix sarcastique que j'eus du mal à reconnaître.Mais qui pouvait bien être venu dans ma chambre ?
Je fis un signe de la main vers la voix inconnue pour qu'elle me laissa continuer à dormir, et tournai la tête sur mon oreiller."Wow... Faudra que je dise à papa de racheter des oreillers, celui-ci est devenu rêche et dur... Et piquant... Et mais il sent le pin et une odeur d'humus !". Mon cerveau tenta de tout remettre en ordre lorsque la voix interrompit mes pensées.
- Il va falloir bouger, le soleil est déjà haut... Et je n'ai pas l'intention de te porter encore une fois, tu n'es pas aussi légère qu'une plume. Allez debout ! conclut la voix, et je reçus au même moment une claque derrière le crâne.
- Aïe, doucement ça fait mal, répondis-je en m'asseyant sur mes genoux.
La petite tape avait eu pour effet de me réveiller complètement mais pas de remettre les idées en place.Je regardai mon lit... Ou plutôt ma couche faîte de branches et de feuilles ainsi que la couverture rapiécée, qui m'avait servi de coussin.
"Ah oui... Ce n'est visiblement pas mon lit, ni ma couette moltonnée, ni mon oreiller douillet... Et ni ma chambre, ni ma maison... Je suis encore LÀ.".Je regardai la forêt, qui maintenant était plus avenante grâce à quelques rayons de soleil qui filtraient à travers les branches . Mais je ne pus distinguer le ciel, caché par la canopée.
Je poussai un soupir.
Je n'étais pas rentrée chez moi.
Mon regard se tourna et se posa sur le feu mourant et sur l'homme affairé à ranger son barda dans un vieux sac à dos en toile.
Il dut sentir que je l'observais car il s'arrêta un instant pour me fixer.
Puis aussitôt il se releva et alla jeter de la terre sur les cendres.- Tu es prête ? me dit-il alors qu'il mit son sac sur le dos.
- Prête ? Heu attend... répondis-je paniquée.
Je me levai, cherchai mes chaussures et les enfilai à cloche pieds, manquant pour se faire de m'étaler devant.... "Ah mais oui il m'avait dit son nom !"
- Kethann !
- Oui?
- Heu non rien, je suis presque prête, dis-je en rougissant et en attachant mes cheveux avec un élastique trouvé au fond de ma poche.
- Tiens, me dit-il, bois un peu avant de partir, tu vas en avoir besoin. Et mange ça aussi.
Je pris la gourde en peau et le morceau de pain qu'il me tendit et le remerciai d'un hochement de tête. Je bu quelques gorgées d'eau et croquai dans le pain... dur comme du bois.
Kethann me regarda fixement attendant visiblement que j'engloutisse mon "copieux" petit déjeuner. Face à ces yeux noirs, je ne pus qu'esquisser un petit sourire et m'attaquai au quignon récalcitrant.
Après quelques bouchées, que j'avalai difficilement, je repris de l'eau pour faire passer le tout. Mais je ne réussis à boire qu'une gorgée car Kethann m'arracha la gourde des mains.- Mais j'ai à peine bu, dis-je presque suppliante. Je sentais encore les éraflures dans ma gorge causées par le pain, et déglutis difficilement.
- On doit rationner l'eau. Si on a de la chance et que tu ne traînes pas, on pourra dormir au chaud ce soir, dit Kethann en rangeant l'outre que je regardai avec envie et déception.
- Allez, on y va, et reste près de moi, je ne veux pas te perdre de vue, dit-il en commençant à marcher sans un regard dans ma direction.
- Attends-moi ! dis-je en courant derrière lui pour le rattraper.Une fois à sa hauteur je toussotai un peu gênée tout en suivant ses pas.
- C'est gentil...
- Quoi donc ? demanda-t-il d'un ton froid.
- Hé bien... De t'inquiéter pour moi... avançai-je en le regardant de profil. Mais il ne tourna même pas la tête vers moi.
- Je veux juste arriver avant la nuit. Et je n'ai pas le temps de te courir après comme hier soir, conclut-il en marchant plus vite comme pour s'éloigner de moi.
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Rêve, Raphaëlle
Teen Fiction- VAS T'EN... OUVRE TES YEUX, hurla-t-il en me secouant si fort que ma tête tournait. - AHHHH..., ARR... ÊTE..., le suppliai-je. - REVEILLE-TOI ! Cria-t-il. REVEILLE-TOI ... RAPHAËLLE ! - QU.. QUOOIII ?? Hurlai-je. Et je me rendis compte que j'étais...