Chapitre 2.

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Quand Moi rentra la maison était en pleine effervescence. Sa mère courait d'un bout à l'autre de la cuisine en hurlant à son mari  de se dépêcher. Elle était habillée avec une robe de soirée rouge et portait un magnifique collier de perles. Quand il descendit, Moi put voir que lui aussi avait fait des efforts. Il était vêtu du smoking réservé aux grandes occasions. Sa mère aperçut alors que sa fille était arrivée.

- Moi ! Tu es rentrée. Dans la bouche de sa mère ça sonnait comme une accusation.                      Ton père et moi devons rencontrer le Ministre de la Justice ce soir.  

- Et moi ? demanda t-elle.

- Tu peux rester une soirée toute seule.

Sa mère se retourna pour lui faire comprendre que la discussion était close. Moi ne viendrait pas et elles n'en discuteraient pas. De toute façon elle n'avait pas envie de venir. Pour rencontrer, encore, un de ces vieux croutons, non merci ! La dernière fois que ses parents l'avait emmenée à la réception annuelle, Moi s'était retrouvée assise à côté du Ministre de la Sécurité. Le plus jeune de tous mais barbant comme pas possible. Il lui avait répété, pendant tout le repas, que si jamais elle faisait quelque chose contre le pays, ce n'était pas parce que elle était la fille d'un Ministre qu'elle serait graciée. On aurait presque cru qu'il était persuadé qu'un jour elle se révolterait. Moi était bien contente de ne pas aller à cette réception. Elle prit son sac, dit au revoir à ses parents et s'enferma dans sa chambre. Là, elle s'allongea sur son immense lit et ferma les yeux. C'était vraiment dur d'être parfaite. Elle se releva et s'assit à son bureau. Si elle ne voulait pas être en retard elle avait intérêt à faire son devoir sur les classes. Les classes. C'était de cela que son père était le ministre. Répartir les gens dans les classes.                                      A la naissance, les médecins prélevaient du sang au bébé et l'analysaient. S'il était B+ ou B-, il se retrouvait dans la classe 0. Il vivrait dans un bidonville, aurait un métier pénible et mourra surement de faim ou de froid. S'il était A+ ou A- , il irait chez la classe 1. Ce serait à peine mieux pour lui. Son métier pourrait être moins dangereux et sa maison plus solide mais pour la nourriture il aurait la même ration. S'il était AB alors se serait un classe 2. Il aurait une vraie maison, un boulot ennuyant mais pas dangereux. Il serait bien nourrit et pourrait même allait à l'école. Et s'il était O, comme Moi, alors il vivrait dans une maison immense, pourrait faire le métier qu'il voudra et même devenir Ministre s'il était doué. Mais bien sur, si ses parents n'étaient pas du même sang que lui alors on les séparait et on plaçait le bébé dans une nouvelle famille. Un système dur mais qui permettait au pays de bien fonctionner.  C'était ce qu'on apprenait aux enfants dès leur plus jeune âge.                                                                                                         Soudain le transmetteur de Moi bipa. Elle regarda l'écran s'allumer. Une notification lui annonça qu'elle avait un nouveau message. Numéro inconnu. Moi l'ouvrit. Regarde les infos. Pourquoi devait-elle regardait les informations ? Elle reçu un nouveau message. Maintenant. Perplexe, Moi alluma sa télé et zappa sur le journal. La présentatrice portait un tailleur bleu marine et ses cheveux étaient retenus en un chignon.

- Aujourd'hui un groupe de rebelles a fait exploser un pont, arrêtant la circulation. Heureusement personne n'a était blessé. Les autorités cherchent encore les coupables.  Dans la capitale, plusieurs banderoles ont étaient affichées dans des lieux publiques, dénonçant les différences dans les classes.

L'écran de Moi montra plusieurs affiches sur des bâtiments près de chez elle. La plupart affichaient des slogans comme " Arrêtons la discrimination de sang !" " Nous sommes tous égaux !" mais celle qui retint l'attention de Moi fut " Nous allons revenir ".  Qui était ce nous ? Plus qu'intriguée, Moi téléphona à Jules.

- Moi ?

- Salut Jules.

- Heu...ouais salut. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

- Tu as vu les infos de ce soir ?

- Ouais. Ils sont vraiment fous.

- Sur. Mais le dernier slogan, ça voulait dire quoi ?

- Lequel ?

- " Nous allons revenir. "

- Ha celui-là. Aucune idée. Pourquoi ?

- Je sais pas, il avait l'air différent des autres.

- Différent en quoi ?

- Les autres c'était plus de la propagande pour l'égalité mais celui-ci, on aurait dit une menace. Comme si il prévenait le Gouvernement que Ils allaitent revenir.

- Ouais peut être, je sais pas. Et puis je m'en tape de ce que pensent les Fleas.

- Les quoi ?

- Les Fleas. Les parasites, les puces. Les classes 0 et 1.

- Ha OK. Bon merci quand même Jules. Bye.

- Bye Moi !

Moi raccrocha. Elle ne savait pas quoi penser. Au début elle pensait comme Jules, comme tout ses amis et ses parents. Les pauvres sont des poids pour la société, ils ont de la chance que le gouvernement les accepte. Pourtant elle ne savait pas pourquoi mais depuis quelque temps elle pensait différemment. Elle les voyait comme des gens normaux et dans son cœur elle haïssait le gouvernement pour oser les détester. Mais elle ne disait rien de tout ça. Elle faisait comme tout les autres. Elle les ignorait. Mais quand elle était toute seule dans une rue et qu'elle en croisait un qui rentrait de son travail, elle lui donnait son café ou un peu d'argent. Souvent ils la remerciaient d'un signe de la tête. Mais parfois, certains lui souriaient ou l'embrassaient. Il lui était même arrivait d'être serrée dans les bras. Elle les trouvait fabuleux. Elle aurait aimé leur ressembler. Garder espoir, être courageux malgré le peu que l'on avait. Sourire même alors que l'on crevait de faim et de froid. Pardonnait alors que les riches les laissaient mourir pour eux. On pouvait les considérer comme des abeilles. Ils sont si nombreux mais on ne les voit jamais. Pourtant ils passent leur vie à améliorer celle des autres. Et pourtant ce que l'on retient d'eux c'est seulement leurs points négatifs. L'être humain est pitoyable. Sur ces pensées de rebelle, Moi s'endormit sur son lit.

MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant