- ZANE -
Un an plus tôt,
Étendu sur le lit, mon corps en sueur collé contre le sien, j'observe les volutes de fumée s'élever vers le plafond.
— Je vais partir, m'annonce-t-il de but en blanc.
Je me tourne vers lui, observe ses lèvres refermées autour de sa clope. Lui ne me regarde pas. Il semble ailleurs, peut-être déjà loin.
— Où ça ?
Je le sais déjà. J'ignore pourquoi. Une sensation. Un tiraillement au creux de l'estomac. Pourtant, j'ai besoin de l'entendre à voix haute. Comme pour me prouver que tous mes efforts et mes vices ont été vains. Il s'en va là où nous aurions dû aller ensemble.
— Je te quitte, Zane. Pour de bon cette fois.
Je l'avais senti. Dans sa façon de me baiser, de s'enfoncer violemment en moi, sans prendre en compte ma douleur. Ou peut-être qu'il l'a fait exprès. Pour me punir. Pour qu'elle reste là, en moi, un peu plus longtemps, plus longtemps que lui, me déchirant de l'intérieur.
Et ça marche. Putain, ça fonctionne carrément.
Je voudrais me relever et hurler, je voudrais le cogner jusqu'à ce que son beau visage ne soit que plaie sanglante. Je voudrais le détruire. Mais n'est-ce pas déjà le cas ?
Alors je me contente de me redresser pour m'asseoir en tailleur sur le matelas.
— Tu m'avais promis. Tu m'avais promis que tu m'emmènerais avec toi.
J'aimerais y mettre le ton adéquat, mais je me sens déjà distant, comme si j'observais cette scène d'un œil externe, sans y prendre vraiment part, alors que c'est tout mon avenir qu'il vient de ruiner. Tous mes espoirs réduits en cendres plus vite qu'il ne consomme sa foutue clope.
Ouais. Pourtant, je lui en veux, d'avoir osé se montrer si franc alors que son foutre n'a même pas encore séché sur mon torse. D'avoir choisi de m'affronter au lieu de se barrer comme un voleur. De ne pas pouvoir le traiter de lâche. De ne même plus avoir la force, l'envie peut-être, de lui en mettre plein la gueule. De ne même pas réussir à me féliciter de l'avoir brisé.
Putain d'enfoiré.
Il écrase sa cigarette dans le cendrier posé sur son ventre nu, sans prendre le temps de me répondre, sans même me regarder, se relève, et commence à s'habiller.
— Tu ferais mieux de partir, lâche-t-il enfin, le dos tourné.
— Alors, c'est tout ? Ça se finit comme ça ?
— C'est fini depuis bien longtemps.
Je serre les poings. Peut-être... peut-être me reste-t-il une chance.
Je quitte à mon tour le lit et le rejoins. Ma main caresse sa mâchoire, descend le long de sa gorge. Je tente de croiser son regard, mais il s'obstine à détourner les yeux.
— Ne fous pas tout en l'air, je murmure en déposant un baiser sur son épaule.
Je le sens trembler sous ma peau. Je sais que je lui fais toujours autant d'effet. Il peut toujours essayer de le nier, son corps le trahit.
Ses dents se serrent, et enfin, ses iris noisettes se rivent aux miens.
— Tes petits jeux ne fonctionnent plus Zane. Je vois clair à présent. Alors barre-toi avant que je te foute mon poing dans la gueule.
Un ricanement s'échappe de mes lèvres. Lui, si bien élevé, si éduqué, ne s'abaisserait jamais à ça, si ?
— Je t'aime.
Des mots soufflés, une ultime tentative pour le faire changer d'avis, pour espérer le reconquérir.
Il ferme brièvement les yeux, et renifle bruyamment. Lorsqu'il les rouvre, je découvre qu'ils brillent bien trop intensément.
Et c'est alors qu'il explose.
— Arrête ! Je t'interdis de prononcer ces mots ! Tu ne m'as jamais aimé. Tu en es incapable. Tout ce que tu aimes, c'est toi, et mon fric. Ça oui, putain. Tu les aime ces foutus billets verts, hein ?
Il avance de quelques pas, fourrage dans son portefeuille abandonné sur la table, sort une liasse de dollars, et me les jette à la gueule.
— Vas-y, prend les ! C'est la dernière chose que tu recevras de moi. Je refuse d'entretenir une seconde de plus une putain.
Une boule se forme dans ma gorge et je déglutis. Je n'ai pas été assez fin. Et je m'en veux. De lui avoir permis de voir à travers le voile de mes mensonges. Et la rage m'emporte. Une rage froide, qui dessine un sourire sur mes lèvres. La voix froide avec laquelle je lui répond ne me ressemble pas.
— Tu crois vraiment me blesser ? Des types comme toi, il y en a à la pelle. Tu n'auras même pas le temps de tourner les talons de je serai déjà à genoux en train de sucer un de ces gosses de riches. Et ils me donneront tout, tu m'entends ? Ils me supplieront, et deviendront mes jouets. Je les ferais bouger et danser comme de simples marionnettes. Comme tu as été la mienne. Parce que tu as raison. Tu n'as jamais été plus que ça pour moi. Un putain de pantin, trop crédule pour te rendre compte que je te tenais au creux de mes mains.
— J'espère que tu finiras par crever sous un pont, Zane. J'espère que tu finiras par t'ouvrir les veines quand tu prendras conscience d'à quel point tu te dégoûtes.
Mes doigts se referment autour de sa nuque et je l'attire vers moi. Mes lèvres s'écrasent contre les siennes et je l'embrasse avec brutalité. Un baiser au goût de haine et de mépris. Au goût de douleur et de regrets.
Il ne retient plus ses larmes, qui coulent sur ses joues et mouillent mon visage. Qui se mêlent à notre étreinte. Ces larmes au goût amer de désespoir. Ces larmes que j'aimerais lécher du bout de la langue, pour me délecter de la souffrance que je lui cause.
Je finis par le relâcher, et il vacille, avant de s'affaler de nouveau sur le lit.
— Va-t'en, supplie-t-il entre deux sanglots étranglés. Va-t'en.
Et c'est toujours avec le goût de ses lèvres sur les miennes que je me rhabille et quitte son appartement. Sans même un regard en arrière.
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Bonjour à tous!
Merci de vous être arrêtés dans le coin !
N'hésitez pas à me laisser vos impressions sur ce début ! ;-)
Cette histoire est en cours d'écriture et j'essaierai de poster une fois par semaine, en parallèle avec mon autre récit "Shine".
A très bientôt pout la suite. :-)
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RomanceTome 1 de la saga ELITES Jude et Zane viennent de deux mondes différents. Le premier, issu de la jeunesse dorée de Manhattan, a déjà un avenir tout tracé. Le second, étudiant désargenté, rêve de profiter de ce que cette élite a à lui offrir. A l'ab...