Chapitre 9

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- Zane - 

S'il y a bien une chose que j'ai apprise au fil des années, c'est de toujours battre le fer tant qu'il est encore chaud. Je ne veux pas lui laisser le temps d'oublier. Oublier les sensations, oublier le désir, la jouissance, oublier mon visage, oublier mon existence et tout ce qu'il a ressenti grâce à moi. Si je souhaite le capturer dans mes filets, je ne peux pas me permettre d'attendre. Je dois encore être présent dans ses pensées, roder aux abords de son esprit. Bien entendu, je ne suis pas infaillible. Quelques fois, un type vient simplement passer un agréable moment en ma compagnie et m'efface aussitôt après avoir disparu. Mais ce n'est pas le cas de Jude. Oh, non. Je le comprends à la seconde où il s'immobilise au son de ma voix, comme pétrifié, et je le confirme lorsque son regard croise le mien et que ses yeux s'écarquillent.

— Zane.

Oh bordel, mon prénom soufflé dans un mélange de surprise et d'espoir me file un début de trique. Je réprime l'immense sourire qui manque de me bouffer le visage en comprenant à quel point je l'ai marqué. C'est tellement visible. Je suis gravé au fer rouge dans son esprit, alors que nous n'avons passé que quelques minutes ensemble. Comme quoi, avoir une bouche experte porte toujours ses fruits. Parfois, je me demande pourquoi je n'ai pas encore reçu de médaille en reconnaissance de mon talent.

Bientôt, je ramperai sous ta peau. Bientôt, je te posséderai, et tu auras beau me haïr, tu supplieras pour m'appartenir.

Je m'approche de lui, retire ma casquette et passe une main dans mes cheveux.

— Le monde est petit, hein ? je déclare d'un ton badin, tandis qu'il continue de m'observer d'un air ahuri.

— Heu, ouais.

Il a l'air tellement mal à l'aise, je trouve ça jouissif. Je reste quelques instants à le mater. Des perles de sueur gouttent le long de l'arête de son nez, son visage est écarlate, son tee-shirt trempé. Ça lui donne un côté sexy que j'aimerais bien le voir arborer ailleurs que dans Central Park. Par exemple, allongé dans un lit après avoir m'avoir baisé comme une bête. Putain, ouais. Lui me dévisage également, les muscles tendus, apparemment agacé, sûrement perturbé, par ma présence.

— Jude !

Son prénom crié par un de ses potes nous sort de notre torpeur. Il se tourne en provenance de la voix.

— J'arrive.

Puis, les yeux fixant mon torse, il hausse les épaules et déclare d'un air penaud tellement faux que j'en grincerais des dents :

— Désolé, je vais devoir y aller. À plus tard.

Il semble soulagé de trouver une excuse pour s'éloigner, et n'attend pas ma réponse avant de commencer à esquisser un pas dans la direction opposée. Hors de question que je le laisse faire. Je ne me suis pas tapé deux heures de surveillance pour repartir la queue entre les jambes. Mes doigts s'enroulant autour de son poignent le font s'arrêter net. Il observe ma main, puis mon visage, puis de nouveau ma main.

— Qu'est-ce que tu fais ?

Il est en colère, pourtant, je le devine fébrile, plein d'espoir et d'hésitation. Je le tire vers moi jusqu'à ce que nos corps ne se retrouvent qu'à quelques centimètres d'écart.

— Est-ce que tu crois aux coïncidences, Jude ? Parce que moi, pas.

Sa respiration se fait plus bruyante, et je sens son pour battre frénétiquement sous la pulpe de mes doigts. Il tourne la tête vers sa bande de potes, sans doute un appel à l'aide silencieux, mais je le tire toujours plus près.

— Lâche-moi, crache-t-il entre ses dents.

— Baise-moi.

Ma réponse le prend par surprise et il pose sur moi des yeux comme deux ronds de flanc.

— Quoi ?

— Tu m'as très bien entendu.

— Jude ? Tout va bien ?

Bordel, ils commencent sérieusement à me courir ceux-là ! C'est possible d'avoir la paix ? Je desserre la mâchoire et prends mon air le plus inoffensif avant de porter mon attention vers la bande de parasites.

— Il arrive, les gars. Je vous le rends dans deux minutes, je m'écrie d'une voix affable pour qu'ils comprennent qu'il n'y a aucune raison d'intervenir.

— Zane, sérieux, lâche-moi.

Il a beau le répéter, il devrait savoir que c'est inutile. Pire, au lieu de le libérer, je raffermis ma prise autour de son poignet. Une folle envie de me pencher vers lui pour lécher les gouttes de sueur qui coulent le long de sa gorge me saisit, mais je la repousse. Je ne compte pas l'afficher devant ses copains, ça ne servirait qu'à le faire fuir pour de bon, ce qui n'est pas le but. À moins qu'il se montre trop récalcitrant, et alors, je n'aurais hélas pas le choix que de lui donner un ultimatum, mais nous n'en sommes pas encore là, et il m'en faut davantage pour m'avouer vaincu.

— C'était bon, je murmure d'une voix grave et séductrice. Hier soir. Putain, Jude, le goût de ta queue, la manière dont tu m'as baisé la bouche. C'était dément. Je sais que toi aussi, tu as pris ton putain de pied. Et j'en veux plus, tu comprends ? J'ai besoin de toi. J'ai besoin de te goûter encore. J'ai besoin de te sentir tout au fond de moi.

— Zane...

C'est presque un gémissement cette fois, et mon membre gonfle de plus en plus dans mon jean.

— Putain, bébé. Je veux t'entendre hurler mon nom. Je veux te voir jouir et sentir ton sperme éclabousser mon visage.

Il est en train de flancher, je le vois. Ses yeux se ferment légèrement, il tremble et se tortille, signe que mes paroles lui font de l'effet, que lui aussi se sent à l'étroit dans son short – qui d'ailleurs commence à prendre une forme qui me plaît assez. Je ne me suis pas trompé. Notre petit interlude d'hier l'a chamboulé et elle monopolise ses pensées.

— Je ne peux pas.

Mon sourire s'agrandit. Ça y est. Il a plongé tête la première et le piège est en train de se refermer sur lui.

— Personne ne le saura. Rien que toi et moi. Je te promets que tu ne le regretteras pas.

Il secoue la tête et fait mine de vouloir se libérer de mon étreinte, mais il ne lutte pas autant qu'il le pourrait.

— Donne-moi un lieu et une heure, et je te laisse tranquille. Sinon, je t'enlève ton froc là, maintenant pour avaler ta queue.

— Bordel !

Il se tord pratiquement en deux en entendant mes paroles. Bon, finalement, ultimatum il y a eu, je n'ai pas eu le choix, mais bien innocent compte tenu de ce dont je suis capable.

— Jude ! Ramène-toi, on n'a pas toute la journée !

Je grince des dents et me fais violence pour ne pas envoyer chier ses copains. Ils sont à ce point infoutus de se débrouiller dans lui ? Putain de décérébrés.

— Parfait. Tu as gagné, capitule-t-il. À sept heures au Carlyle. Je laisserai une enveloppe pour toi à la réception.

Un frisson d'anticipation parcourt mon corps tandis que je relâche enfin ma prise. Mais je n'ai pas le temps de répondre quoi que ce soit qu'il s'est déjà enfui. Je l'observe rejoindre le troupeau et tourner une dernière fois la tête dans ma direction avant de disparaître.

Danse, danse, petite marionnette. Danse, danse, sans jamais t'arrêter. Danse, danse jusqu'à brûler. 

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