- Jude -
C'est à la fois paniqué et hagard que je hèle le taxi en sortant du club. A peine à l'intérieur, j'envoie un message à Avery pour l'avertir de mon départ. Je sais qu'il s'en contrefout, il doit sûrement être en train de s'envoyer en l'air avec un ou plusieurs partenaires. Lui, au moins, n'a pas de problèmes de conscience. Bon sang ce que je l'envie.
Après avoir indiqué mon adresse au chauffeur, je pose mon front contre la vitre et regarde les lumières de la ville défiler sous mes yeux. Mon esprit est toujours embrumé, par l'alcool et la torpeur post coïtale, et bordel, j'aimerais rester dans cet état indéfiniment.
Malheureusement, ça ne dure pas, et lorsque le véhicule s'arrête au bas de mon immeuble, il est temps de reprendre pieds avec la réalité. Je lui file un billet, m'engouffre dans le hall et salue rapidement le gardien avant de me diriger vers l'ascenseur.
Je rentre chez moi en catimini, redoutant de tomber sur mes parents. Je ne veux pas qu'ils m'interrogent sur mes allées et venue. Pas ce soir, pas après ce que je viens de vivre. Je suis incapable d'affronter leur regard, leurs questions. Je devrais leur mentir sans sourciller et me sentir encore plus mal. Heureusement, l'appartement est sombre et silencieux lorsque je pénètre à l'intérieur. Seule le rai de lumière filtrant sous la porte du bureau de mon père m'indique qu'il est encore réveillé. Je monte les escaliers sur la pointe des pieds et me précipite dans la salle de bains. L'espace d'un instant, j'hésite même à prendre une douche. Mais j'en ai besoin. Je dois me laver de mes actes, de la sueur, de l'odeur de sexe et de sperme qui me colle à la peau. De son odeur à lui. Partout sur moi. J'ai l'impression qu'elle m'enveloppe comme un cocon. Qu'elle me rappelle sans cesse mes actes dépravés. Des actes dont je me serais cru incapable à peine quelques heures plus tôt. Des actes que j'ai aimé plus que je ne devrais.
Je règle le jet puissance maximum, et le laisse frapper ma peau avec force, je me frotte jusqu'à en avoir mal. Puis, les yeux fermés, je pose le front contre l'email et tente d'oublier. Impossible.
J'ai mal au crâne, j'ai mal au cœur, et l'alcool ingurgité me donne des aigreurs d'estomac.
Je sors de la douche d'un pas chancelant, la bouche sèche et pâteuse, et alors que je revois Zane agenouillé devant moi, sa bouche refermée autour de ma queue entrain de me sucer tandis que mes hanches ondulent et que je gémis de plaisir, c'en est trop. Je me précipite vers les chiottes et, la tête dans la cuvette, vomis l'alcool, la bile, l'amertume, la jouissance ressentie.
Toujours nu, je me rince la bouche et bois directement de grandes goulées d'eau au robinet. Lorsque je relève la tête et que j'aperçois mon reflet dans le miroir, mes yeux rougis et mon teint blafard, je serre les poings et les dents en me disant que, putain, j'ai vraiment déconné.
Et je ne me cesse de le répéter en boucle alors que je récupère mon portable et que je découvre les messages et appels en absence de Taylor. Je décide malgré tout de lui répondre, pour ne pas qu'elle s'inquiète, ou peut-être pour espérer que me mots chasseront ce sentiment de nausée qui ne me quitte plus.
« Bonne nuit ma belle. A demain. Je t'aime. ».
Le pire dans tout ça, c'est que je même si je me dégoute de l'avoir trompé, je n'en ressens aucun face à ce soir. Je suis peut-être un enfoiré, mais je ne me voile pas la face. J'ai aimé ça. J'ai adoré me perdre dans ces actes, dans ce club, contre ce mur où tout le monde aurait pu nous voir. Si c'était à refaire, je n'aurais pas hésité un seul instant, rien pour retrouver l'orgasme dément que ce mec m'a procuré.
Putain, je ne suis qu'une merde.
***
Je passe la nuit à me retourner dans mon lit, incapable de trouver le sommeil. Je suis trop nerveux, trop tendu, trop excité.
Les flashs de la soirée me reviennent sans cesse en mémoire et avec, la douleur de mon érection qui ne veut jamais se calmer. J'ai beau me flageller et m'en vouloir, mon corps lui, se fout complètement de tout ça. Il se fout de mes remords. Il ne comprend que l'envie, le désir. Il crève de revivre l'extase de cet instant.
Je voudrais me caresser jusqu'à jouir, je voudrais sentir mon sperme s'écraser sur mon torse comme un peu plus tôt dans ce club. Mais la culpabilité revient avec une telle force que je n'en ai plus la force. Taylor, Zane. Zane, Taylor. Zane. Zane. Zane.
Je deviens dingue bordel. Complètement fou. Ils se succèdent dans mon esprit et j'ai envie de me frapper la tête contre le mur. Le rire mutin de l'une, le ricanement sarcastique de l'autre. Une voix douce et chantante, un timbre rauque et profond. Un parfum sucré, une odeur virile. Cette odeur qui persiste, cette présence invisible, ce corps ferme, masculin pressé contre moi. Le visage enfoui dans l'oreiller, je ravale mon cri de frustration, de rage. Et pendant ce temps là, mes hanches continuent d'onduler pour frotter ma queue contre le matelas.
Et je n'y tiens plus. Toute mes pensées se font la malle et ne reste plus que ce besoin irrépressible de me soulager. Je glisse une main entre mes jambes et me caresse en repensant à la langue de Zane autour de mon gland, de son regard vicieux, de sa bouche insolente. Je me branle avec force, rapidement, brutalement, jusqu'à pousser un cri étouffé en sentant mon sperme gicler.
C'est soulagé, contrarié, mais épuisé, que je m'endors dans mes draps souillés.
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RomanceTome 1 de la saga ELITES Jude et Zane viennent de deux mondes différents. Le premier, issu de la jeunesse dorée de Manhattan, a déjà un avenir tout tracé. Le second, étudiant désargenté, rêve de profiter de ce que cette élite a à lui offrir. A l'ab...