Chapitre 6

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- Zane - 


Dans la pénombre de ma chambre, étalé en plein milieu de mon lit, je fais défiler les photos trouvées grâce à Google. Plus les clichés défilent, et plus mon sourire s'étire. Franchement, j'aurais été dans un film, je me serais frotté les mains en poussant un ricanement démoniaque. Or, ce n'est pas le cas, donc je me contente de mater tous les clichés qui apparaissent sous mes yeux. Y'a pas à dire, j'ai dégoté une perle. Par son physique, c'est sûr. Il est encore plus canon à la lumière du jour que sous les spots tamisés du Stained. Mince, musclé, un look BCBG, et un sourire constant collé aux lèvres. J'aurais pu trouver plus moche, mais je sais les choisir. Deux conditions sine qua non s'appliquent immanquablement : sexy et bourré de fric. D'ailleurs, en parlant de fric... Putain, je n'aurais pas pu mieux rêver. C'est le jackpot assuré, je n'ai pas intérêt à merder, ou je m'en voudrais à mort. Je dois la jouer fine, ça risque de ne pas être facile, mais je jeu en vaut carrément la chandelle.

Je suis en pleine lecture d'un article sur le sénateur Manning que la tête de Colt apparaît dans l'embrasure de la porte.

— T'es en train de mater un porno ? demande-t-il en me voyant concentré sur l'écran.

— Bordel, non. C'est bien mieux. Vise un peu ça.

Je balance le portable au pied du lit. L'écran éclaire la pièce et Colt avance pour venir s'asseoir sur le bord du matelas. Je vois ses yeux parcourir l'écran puis il lève un regard perplexe dans ma direction.

— Tu veux te lancer dans la politique ?

Son ton est si sérieux que je ne suis même pas certain qu'il plaisante. Je secoue la tête en levant les yeux au ciel devant son idée saugrenue.

— Mais non, abruti ! Le mec de ce soir ! Celui qui j'ai sucé ! je m'exclame en me redressant.

Je sautille sur place comme un chiot excité. Mais bordel, je le suis. Tellement que je commence à avoir la trique.

— Tu a sucé le Sénateur ? Je savais pas que tu faisait dans les vieux.

Avec un soupir, je lui arrache le téléphone des mains. Sérieux, il peut vraiment se montrer débile quand il s'y met. Quoi que. Le Sénateur n'est pas dégueu, malgré ses cheveux grisonnant. Il porte des lunettes qui lui donnent un petit air professoral qui n'est pas pour me déplaire.

— Son fils. Jude. Et tu l'aurais vu, Colt. Tu aurais vu ses yeux se révulser et les petits gémissements qui sortaient de sa bouche, c'était dingue. Il a adoré ça. Un peu plus et il s'évanouissait.

Je me lèche les lèvres en repensant au goût de sa queue gonflée dans ma bouche. Je ne savais pas encore qui il était, à part un gosse de la haute. J'ignorais que j'étais tombé sur un si gros poisson. Ce qui n'aurait pas dû m'étonner, j'ai le flair pour ça. Je me souviens encore de la manière dont il haletait après avoir joui. Son front perlait de sueur et il avait les yeux à moitié clos tandis qu'il essayait de recouvrer son souffle. J'ai porté son pouce à ma bouche et l'ai léché avec gourmandise, et je jure qu'il bandait de nouveau.

— Putain, bébé, c'était vraiment trop bon, ai-je murmuré contre son oreille en laissant courir mes mains sur son corps. On recommence quand tu veux.

Je crois que mes mots ont eu l'effet d'un électrochoc. Il m'a repoussé en grommelant

— Ne m'appelle pas bébé.

— Oh, tu préfères autre chose ? Mon cœur ? Mon canari ?

— Jude. Je m'appelle Jude.

Puis il s'est mordu la lèvre comme s'il venait de dire une connerie avant de s'éloigner à la hâte, sans jamais se retourner. Peu importe. Il venait de me filer la seule info dont j'avais vraiment besoin.

Colt éclate de rire, ce qui me fait sortir de ma rêverie.

S'évanouir, vraiment ? Des fois, tu devais t'écouter parler... oh, attends, c'est vrai que tu le fais constamment. Je crois qu'il n'y a rien que tu aime davantage que le son de ta propre voix.

Je lui donne un coup de poing joueur sur l'épaule.

Il y a beaucoup de choses que j'aime plus que ma propre voix, je rétorque avec un clin d'œil.

Colt ne relève même pas, il doit être blasé, à force. Au lieu de quoi, il tourne la tête vers moi et fronce les sourcils.

— Et qu'est-ce que tu comptes faire de cette découverte au juste ?

Comme s'il ne le savait pas. Mais je crois qu'il aime bien me l'entendre avouer à haute voix. Peut-être croit-il qu'à force, j'en éprouverais des remords. Sauf que... non. Pourquoi devrais-je me sentir coupable de quoi que ce soit ? C'est Jude qui est venu à moi ce soir, je ne lui ai pas mis le couteau sous la gorge pour l'obliger à me fourrer sa bite dans la bouche. Et franchement, je parie qu'il ne faudrait pas grand chose pour le convaincre de recommencer. Du moins, je l'espère. Parce que tout mon plan repose là-dessus. Encore heureux que je connais mes capacités en matière de pipe, au moins je peux assurer qu'il en redemandera... et comme tous les autres, il finira par ramper à mes pieds.

— Maintenant, je vais pouvoir organiser une rencontre « par hasard » avec lui et voir ce que ça peut donner. Là, tout de suite, je pense hôtel 5 étoiles, champagne, et baise torride... tout ça sous l'œil implacable de mon fidèle compagnon, dis-je en laissant tourner mon portable dans ma main.

— Tu sais, Zane, un jour, ce petit jeu va se retourner contre toi, déclare Colt d'un ton dépité en se relevant.

— Arrête un peu avec ta morale à deux balles.

Il s'arrête sur le seuil et tourne la tête vers moi.

— Je ne te fais pas la morale, mec. Mais à force de vouloir voler trop haut, on finit par se brûler les ailes. Crois-moi, j'en sais quelque chose.

L'amertume est palpable dans ses propos. Qu'il ne compte pas sur moi pour lui remonter le moral. Sa situation merdique, il l'a voulu, qu'il assume. Il devrait prendre exemple sur moi.

— Et pourtant, ça ne t'empêche pas de continuer de voler...

Il me jette un regard noir, parce qu'il sait parfaitement que j'ai raison et c'est sans répondre quoi que ce soit qu'il sort de ma chambre en fermant doucement la porte derrière lui.

De mon côté, je me replonge dans la lecture de l'article. Le sénateur Manning compte se faire réélire, ce serait vraiment dommage d'entacher sa campagne électorale avec un scandale, un scandale concernant son fils unique, qui plus est, n'est-ce pas ?

Je me demande combien ils sont prêts à débourser – lui, son fils, son équipe de com - pour garder leurs squelettes dans le placard. Mais pour ça, il faut d'abord que squelette y est, bien que je sois certain qu'il en planque déjà pas mal, les débusquer serait bien trop fastidieux. Nope, ma technique est meilleure, moins fatiguant, et tellement plus jouissive.

Balançant mon téléphone sur ma table de nuit, je ferme les yeux et songe à la manière dont je vais aborder Jude lorsque je le croiserai à la sortie de son lycée.

On dit que le monde est petit, surtout à New York. Demain, Jude va se rendre compte d'à quel point. 

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