Chapitre 3

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Le lendemain arriva bien vite aux yeux de Sheraz. La troupe avait pu faire la fête une bonne partie de la soirée. Il s'agissait à leurs yeux d'un instant de calme avant la forte agitation que l'anniversaire du prince allait provoquer. Après tout, ce n'était pas tous les jours que le Sultan les invitait pour animer les festivités. Ils allaient devoir donner tout leur possible pour charmer le public.

Le soleil n'était pas très haut dans le ciel lorsque Sheraz sortit finalement de sa tente, un sac en toile sur l'épaule. Le jeune danseur avait préféré préparer ses affaires le plus tôt possible pour ne pas mettre en retard le groupe qui se rendrait au palais. Bien sûr, il n'avait guère de choses à mettre dans son sac, mais il avait eu un mal fou à choisir sa tenue et les bijoux qui orneraient son corps. Le seul joyau qu'il gardait avec lui, quelle que soit sa tenue de spectacle, était sa pierre frontale... Aussi loin qu'il s'en souvienne, il l'avait toujours possédé... Un magnifique Saphir où des courbes d'eau donnaient l'impression de danser en continu.

Un petit groupe se rassembla doucement au milieu du campement. Il était composé d'hommes et de femmes, musiciens et danseurs, tous habitués à ce genre de travail. Après tout, il s'agissait de la troupe de représentation. Ils discutaient entre eux, rassemblant les affaires dont ils allaient avoir besoin pour le spectacle du soir. Puis après peut-être une bonne heure d'attente, ils purent voir arriver un jeune garçon accompagné de plusieurs hommes en uniforme. Sûrement un domestique du palais dont la mission était de les guider dans le dédale de la cité. Les soldats à ses côtés étaient sûrement là pour escorter la troupe et ainsi éviter tout problème durant le trajet jusqu'à la demeure du Sultan. Le laquais les regarda un petit instant avant d'ouvrir la bouche.

– « Je me présente, je m'appelle Yelam et mon travail est de vous guider jusqu'au palais de mon seigneur. Veuillez me suivre. »

Rapidement, le petit groupe se rassembla pour se faire plus compact. Les quatre guerriers du Sultan les entourèrent, faisant signe au domestique que c'était bon pour eux. Le serviteur acquiesça, un sourire sur les lèvres pour finalement tourner le dos et se mettre en route. La troupe d'artistes commença donc à avancer, quittant le campement en saluant les autres restant ici pour le reste de la journée. Le domestique tourna la tête vers eux, tout sourire, vérifiant d'un coup d'œil rapide que tout le monde était bien présent.

Le groupe avançait d'un pas plutôt tranquille et Sheraz s'amusait à observer le soldat à ses côtés, lui jetant de petits regards discrets. Mais ce petit jeu fut une grosse déception pour le danseur, car le guerrier ne semblait pas lui porter le moindre intérêt.

Passablement vexé par cela, Sheraz haussa les épaules, se mettant à regarder tout autour de lui. Il put alors découvrir la ville pleine de vie, surtout en période de fête. Le danseur pouvait voir la populace s'activer avec pour unique but : faire de cette journée un moment mémorable, car il s'agissait de l'anniversaire du prince et plus précisément de son vingt-et-unième. Cela signifiait donc bien plus de choses que pouvait le supposer Sheraz. Mais bien sûr, tout cela ne l'intéressait guère. Il continua à observer en silence, se faisant parfois tirer par les membres de la troupe pour le garder sur le bon chemin. Ce côté un peu tête en l'air faisait assez rire ces derniers.

Plus ils avançaient en ville, plus ils pouvaient voir les préparatifs continuer. Parfois quelques enfants couraient autour d'eux joyeusement, assez intrigués par ce groupe escorté par quelques soldats. Ils débouchèrent sur une place et Sheraz fut presque instantanément attiré par une musique entraînante. Il avait commencé à se tourner vers cette dernière lorsqu'il sentit une main se poser sur son épaule. Le danseur tourna la tête pour voir de qui il s'agissait, un peu frustré qu'on l'empêche d'aller s'amuser. Il afficha une petite moue en découvrant qu'il s'agissait du chef de la troupe. Ce dernier le fixait, un petit air désolé sur le visage avant de rire doucement.

– « Je suis vraiment désolé Sheraz. Je sais que tu meurs d'envie de te défouler sur cette musique. Mais, tu le sais bien, nous avons un travail à accomplir pour lequel nous allons être payés. La somme permettra à la troupe de vivre pendant un certain temps en toute tranquillité ou alors d'investir dans un nouveau chameau pour nos prochaines traversées du désert. »

La Roseraie des Djinns - Tome 1 Rose des Sables [En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant