La Roseraie des Djinns - Tome 1 Rose des Sables [En Pause]

Chapitre 4

La salle était presque complètement remplie. Nobles et personnes influentes de la cité étaient présents. Bien sûr il fallait souhaiter un joyeux anniversaire au prince, mais c'était aussi un moyen et le moment de s'attirer les bonnes grâces du sultan. Car après tout, ces hommes et femmes n'étaient qu'une bande de vautours prêts à s'arracher le moindre bout de viande qu'on leur lancerait... Et quoi de mieux que de s'attirer les faveurs du père en utilisant le fils ? Beaucoup avaient rapporté de somptueux cadeaux plus originaux les uns que les autres. Certains avaient même offert quelques esclaves pour que le prince forme son harem. Bien sûr, les penchants du prince pour les jeunes hommes n'étaient pas quelque chose de particulièrement répandu, voire pas du tout connu... D'un autre côté, Assam savait parfaitement qu'il lui faudrait une femme pour perpétuer sa lignée. Mais il ne prendrait jamais la première venue, il prendrait son temps pour en choisir une seule et unique... Une femme qui portera sa progéniture.

Cependant, il n'était pas question de cela pour le moment. Il venait tout juste de s'installer dans son fauteuil et se faisait déjà harceler par les charognards l'entourant. Assam soupira lourdement, il laissa alors son regard vagabonder autour de lui pour finalement le poser sur le fauteuil de son père... Fauteuil toujours vide à l'heure actuelle. Le prince en venait même à se demander si le Sultan allait daigner se présenter à la soirée. Son père ne s'intéressait guère à ce genre de chose depuis la mort de son épouse. Mais quelle ne fut pas sa surprise en découvrant ce dernier, passer la porte et venir s'installer dans le trône à ses côtés.

Assam haussa un sourcil observant du coin de l'œil toute la salle s'incliner en présence du souverain. Ce spectacle lui arracha une grimace de dégoût. Il ne comprenait pas pourquoi tous ces nobles tentaient encore d'avoir les faveurs de son paternel alors que ce dernier n'était plus que l'ombre de lui-même. Chaque jour, le prince pouvait le voir se laisser aller à la décadence. Malgré son incompréhension et son agacement, il finit tout de même à ouvrir la bouche, adressant quelques mots au Sultan.

— « Eh bien père... Je ne pensais pas que vous nous feriez honneur durant ces festivités... »

Le souverain finit par poser les yeux sur son fils après avoir salué les convives d'un geste de la main. Il offrit alors au prince un sourire des plus énigmatique, le regard pétillant de malice vicieuse.

— « Hmmm... Je me demandais à quoi pouvait bien ressembler cette fameuse troupe itinérante que tu souhaitais tant inviter... Toi qui ne t'intéresses pas à ce genre de chose, elle doit avoir quelque chose d'extraordinaire. Cela a piqué ma curiosité, je te l'avoue mon très cher fils. »

Assam fronça légèrement les sourcils à l'écoute de la réponse de son père. Il n'aimait pas les paroles de ce dernier, cela l'exaspérait. En règle générale, son paternel ne s'intéressait guère à ce qu'il faisait, mais quand c'était le cas, ça ne présageait tout simplement rien de bon. Il ne fallait pas qu'il s'intéresse de trop près à la troupe et surtout, il ne devait en aucun cas poser ses yeux sur ce danseur. Le prince serra les poings en pensant à lui. Cet homme lui appartenait à lui et lui seul ! Personne n'avait le droit de poser ne serait-ce que les yeux sur lui !

Il ne laissa bien sûr rien paraître sur le fond de sa pensée, car son père risquerait de prendre un malin plaisir à le taquiner. Il ne savait pas pourquoi ce dernier faisait cela, mais dès que quelque chose intéressait un peu trop Assam, il mettait tout en œuvre pour le lui dérober. Mais ce soir, le prince ne désirait pas jouer à ça, préférant tout simplement ignorer les piques lancées par le souverain pour se tourner vers les convives.

Alors que chacun semblait occuper par la ou les personnes avec qui ils discutaient, Assam finit par remarquer une agitation au fond de la salle. Il remarqua un groupe d'hommes en train de s'installer, portant avec eux divers instruments de musique. Il reconnut certains des hommes qu'il avait pu apercevoir sur la place le jour de sa petite sortie en ville. Un fin sourire sur les lèvres, il les observa de longues minutes en attendant qu'ils finissent de tout mettre en place. Son regard navigua alors autour d'eux, espérant apercevoir le jeune danseur au franc parlé et aux courbes délicates.