La Roseraie des Djinns - Tome 1 Rose des Sables [En Pause]

Chapitre 5 partie 1

Tout s'était déroulé si vite ! L'instant d'avant, Sheraz et le prince se trouvaient tous deux dans une pièce à l'écart et maintenant, ils se trouvaient dans les appartements du futur sultan. Ce dernier avait refusé de relâcher le jeune danseur. C'est donc pour cette raison que Sheraz faisait maintenant les cent pas dans la pièce. Il se frottait le poignet de manière nerveuse tout en lançant un regard noir au prince. L'homme était actuellement affalé dans un tas de coussins en train de l'observer, sirotant un verre d'alcool et grignotant des fruits frais coupés en morceaux et déposés dans de magnifiques assiettes.

— « Cesse donc d'être aussi buté et viens t'installer à mes côtés. Profite donc de ce que je t'offre. Beaucoup tueraient pour être à ta place, tu sais ? »

Sheraz gronda légèrement, comme un animal mit au pied du mur. Il s'approcha à grandes enjambées de prince. Ce dernier affichait un sourire victorieux, persuadé d'avoir gagné. Mais il fut bien obligé de ravaler sa fierté lorsqu'il se retrouva avec une assiette de fruit dans la figure.

— « Non c'est non !! Vous êtes trop débile pour comprendre ça ?! Dites à vos gardes de me laisser rejoindre ma troupe !! » 

Le jeune danseur ne cessait de s'agiter dans tous les sens, il n'aimait pas spécialement être enfermé quelque part. Encore moins lorsque cela était avec un noble. Ils avaient tendance à croire que tous leur étaient permis de par leur classe sociale. Les bruits des pas incessants de Sheraz commencèrent à agacer le prince. Il ne comprenait pas le moins du moins la réticence de ce dernier... Tout autre garçon aurait été honoré d'attirer ainsi son attention et donc aurait sauté sur l'occasion pour le séduire. Mais il fallait avouer que cela l'aurait ennuyé au plus haut point. Donc dans le fond, la réaction du danseur lui convenait, rendant son envie de le posséder un peu plus forte. Assam finit par se lever et se rapprocher après avoir contourner la table basse où étaient posées les nombreux plats et assiettes. Il fit quelques pas en direction de Sheraz, mais lorsqu'il tendit la main vers lui, ce dernier se recula brusquement. Un soupir s'échappa des lèvres du prince alors qu'il levait les yeux au plafond.

— « Je ne vous comprends vraiment pas. Vous avez pourtant essayé de me séduire tout à l'heure. Et maintenant vous jouez les vierges effarouchées. Bien sûr, ça n'est pas pour me déplaire, mais... »

— « Non ! Vous êtes bien un noble... Vous ne voulez voir que ce que vous désirez. N'allez pas croire que je suis attiré par vous. Moi, si je danse, c'est pour gagner ma vie et faire plaisir aux yeux. J'aime voir les regards brillants des spectateurs. Mais rien de plus ! »

Assam fut surpris dans un premier temps, pas vraiment habitué à être ainsi interrompu. Puis il fronça les sourcils, pas des plus satisfait par la réponse qui lui était donnée à l'instant. Il fit un nouveau pas en direction de Sheraz, se rapprochant un petit peu plus de lui, provoquant par la même occasion un mouvement de recul de la part du danseur.

Le prince remarqua alors le regard noir qu'il lui lançait. Cela lui arracha un petit sourire amusé. Il était vrai que la situation était assez comique pour un spectateur extérieur : Assam avançait alors que Sheraz reculait. D'ailleurs le danseur semblait vouloir garder une certaine distance de sécurité entre eux et lorsqu'une main approchait pour le frôler, il l'esquivait comme s'il dansait. Cela fascinait le prince qui ne pouvait s'empêcher de faire une nouvelle tentative même si cette dernière échouait comme toutes les autres. Avait-il trouvé un nouveau jeu ? Et combien de temps durerait-il ? Quelques minutes tout au plus, car il finit par retourner s'installer dans le tas de coussins, le regard toujours pétillant de malice, fixant Sheraz.

— « Je ne sais pas ce qui te révulse danseur. Mais j'aime te voir me résister. Continue ainsi, je me ferais un plaisir de te faire craquer et sombrer dans mes bras. »

— « Je ne cesserais pas de vous résister ! Je n'ai jamais cédé et ça n'arrivera pas avec vous croyez-moi. Je refuse de céder à quelqu'un de votre espèce ! »

Les poings serrés, Sheraz tourna le dos alors qu'il continuait à marmonner des insultes à l'égard du prince tout en se dirigeant vers la porte pour quitter la pièce d'un pas décidé. Mais alors qu'il tendait la main en direction de la sortie unique, cette dernière s'ouvrit violemment, le faisant tomber sur les fesses. Il mit un petit temps avant de se rendre compte que celui se trouvant maintenant à l'entrée de la pièce n'était autre que le sultan lui-même. Assam tourna la tête avant de soupirer en grognant un peu à la vue de son paternel.

— « Père. Que me vaut ce (dé) plaisir de votre visite ? »

Le sultan allait lui répondre, mais son regard se posa sur le jeune homme presque à ses pieds. Il le prit d'abord pour l'un des domestiques de son fils avant de reconnaître les longs cheveux blancs du danseur de la troupe itinérante. Le trésor qu'il convoitait depuis qu'il avait aperçu. Son fils avait tenté de le lui cacher pour l'empêcher de l'obtenir, mais il était le sultan, il avait donc tous les droits. Un sourire glissa sur les lèvres du seigneur de ces lieux alors qu'il se penchait et tendait la main en direction de Sheraz pour l'aider à se relever. Mais il n'eut pas la réaction escomptée, car le danseur lui repoussa brutalement la main en lui lançant un regard noir.

Sheraz se redressa sans la moindre aide. Il allait reprendre son chemin vers la porte, mais le sultan l'en empêcha, bloquant l'accès à la sortie. Assam de son côté, se mit à froncer les sourcils. Son paternel s'intéressait un peu trop près à son goût du danseur. Il ne pouvait clairement pas lui laisser le jeune homme et pour ça il devait détourner son attention.

— « Père, pourquoi êtes-vous donc venu me voir ? »

Assam venait de s'avancer et s'interposait entre le jeune danseur et son paternel. Il comptait bien mettre de la distance entre lui et le sultan. C'est donc d'un mouvement discret de la main qu'il fit comprendre à Sheraz qu'il devait s'éloigner un peu. Ce dernier fut quelque peu surpris, il fallait l'avouer, mais pour une fois, il obéit simplement et recula pour se mettre hors de porter des deux hommes. Il lâcha tout de même un soupir, exaspéré par leur comportement. Il avait l'impression de se retrouver face à deux animaux, deux « mâles alpha » prêts à se battre pour obtenir une femelle et pouvoir s'accoupler avec. Mais Sheraz n'était pas une femelle et il n'avait aucune intention de s'accoupler avec l'un d'eux ! Jamais !

Sheraz profita donc du fait que les deux hommes ne s'occupent plus vraiment de lui pour se mettre à observer la pièce de manière un peu plus posée. Il s'agissait d'une immense chambre avait un sublime lit en son centre, mais elle ne semblait pas être la chambre habituelle du prince. Avait-il espéré le voir dormir ici avec lui cette nuit ? À cette idée, un frisson d'horreur et de dégout traversa Sheraz qui détourna la tête du lit, perdant l'envie d'aller s'y asseoir pour réfléchir. Il préféra s'approcher de la fenêtre, profitant par la même occasion d'une brise légère alors qu'on pouvait voir le soleil en train de se coucher au loin, ses derniers rayons chauffants encore un peu la cour du palais.

Le danseur observait la cour avec intérêt, se demandant s'il pourrait descendre par ici sans se faire repérer. Non, il mettrait bien trop de temps et des gardes pourraient le réceptionner en bas dans ce cas. Il lui fallait quelque chose de plus rapide. C'est à ce moment-là qu'il remarqua les membres de la troupe en train de profiter pleinement du jardin. Des rires, chants et voix s'élevaient du petit groupe qui s'amusait tout en attendant quelque chose, mais quoi ?

Sherazdécida d'attirer leur attention. Mais pour cela, il devait éviter d'attirercelle des deux hommes présents dans la pièce. Il jetait donc par momentquelques coups d'œil par-dessus son épaule pour les surveiller, le cœur battantà tout rompre dans sa poitrine. Lorsqu'il fut certain qu'ils étaient bien trop occupésà se chamailler, il commença à agiter un peu plus les bras, finissant par fairelever les regards de la troupe dans sa direction.

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