La Roseraie des Djinns - Tome 1 Rose des Sables [En Pause]

Chapitre 5 partie 2

Assam avait réussi à éloigner le danseur et maintenant il parlait avec son père pour essayer de le faire partir. Les voix montaient en puissance comme si les deux hommes cherchaient à s'impressionner. Ils commençaient aussi à s'agiter, comme s'ils essayaient de dominer physiquement l'autre sans pour autant en venir aux mains.

— « Il me semble qu'il s'agit de mon anniversaire ! J'ai le droit de prendre à part la personne que je désire sans que vous fassiez irruption ! »

— « Je suis le Sultan ! Cela prime sur ta naissance ! Donc si je désire quelques instants avec une personne avec qui tu désires passer du temps, et bien tu dois me laisser la place ! »

— « Mais bien sûr ! Quand cela ne vous intéresse pas, vous n'y prêtez guère attention. Mais lorsque cela pique votre intérêt, tout le monde doit céder à vos caprices ! »

Assam lui lança un regard noir avant de reprendre de plus belle, bien décidé à taper là où cela faisait mal.

— « Heureusement que mère n'est plus là pour voir votre décadence ! »

Le Sultan se figea brusquement aux paroles de son fils. Il ne s'était pas attendu à cela de la part d'une personne de son propre sang tout aussi touché par la disparition de son épouse. Il serra les poings puis finalement, sa main se leva avant de s'abattre violemment sur la joue de son fils dans un claquement sonore.

— « Je t'interdis !! Je t'interdis de dire cela ou de parler ainsi de ta mère ! Tu ne sais pas de quoi tu parles ! »

Assam n'avait pas prévu cette réaction de la part de son père. Il remarqua alors les yeux humides et les lèvres tremblantes de ce dernier. Son père ne montrait jamais sa tristesse devant lui. Il ne pensait pas que ses paroles blesseraient autant son père. Mais la brûlure de la gifle lui fit comprendre qu'il avait eu tort. L'homme en face de lui était toujours fou amoureux de sa défunte épouse. Un soupir s'échappa des lèvres du prince qui porta les doigts à son visage, il frôla la trace de main en relief provoquée par la claque. Une larme roula sur sa joue à cause de la douleur pulsant à l'endroit du coup. Il rouvrit alors la bouche, plus calme tout en détournant le regard.

— « Pourtant, c'est la vérité père... Depuis la mort de mère, vous avez changé. Vous n'êtes plus vous-même. Elle serait triste de vous voir ainsi sombrer... »

Sheraz avait arrêté de bouger et la tête tournée vers les deux hommes, il les avait écoutés se disputer. La violence du sultan à l'égard de son fils le choqua sans pour autant l'étonner. Aux yeux du danseur, les nobles étaient violents de nature à toujours penser que tout leur appartenait et tout leur était dû. Il fronça les sourcils en l'observant, il eut envie d'aller leur crier dessus, de leur dire qu'il n'était pas un objet à obtenir, mais il se retint fortement. Il ne devait pas se laisser ainsi déconcentrer.

Se tournant à nouveau vers la cour intérieure, Sheraz recommença à faire signe aux membres de sa troupe. Ils l'observaient depuis leur petit coin, Sheraz entama alors un jeu de mime avec eux. Il s'agissait aussi d'une course contre la montre, car, s'il ne se dépêchait pas, les deux hommes dans son dos remarqueraient son agitation. Et s'ils le remarquaient, ils devineraient ce qu'il comptait faire et l'en empêcheraient. Il devait faire au plus vite s'il désirait mettre son plan à exécution.

Sheraz continua donc à s'agiter, surveillant tout de même d'une oreille les deux hommes qui ne cessaient de se disputer dans son dos. Parfois, il levait les yeux au ciel, les entendant se reprocher tout et n'importe quoi.

Dans la cour, les amis du jeune danseur l'observaient en train de s'agiter, se moquant de lui avant de commencer à se rapprocher. Ils étaient curieux de le voir à cette fenêtre alors qu'ils avaient passé un temps fou à le chercher dans le palais. En les voyant se rapprocher, Sheraz commença à mettre une première dans le vide, un soupir de soulagement passa alors la barrière de ses lèvres. Il allait enfin pouvoir quitter ces lieux.