La Roseraie des Djinns - Tome 1 Rose des Sables [En Pause]

Chapitre 8 Partie 1

Shirin grogna légèrement en papillonnant des yeux. Mais lorsqu'il remua, il put entendre le tintement d'une chaîne non loin de lui. Il ouvrit un peu plus ses paupières pour finalement découvrir qu'il se trouvait dans une petite pièce sans le moindre meuble hormis le lit sur lequel il se trouvait. Une chaîne encerclait sa cheville, le reliant ainsi à un anneau au mur. Il laissa son regard continuer à vagabonder autour de lui, observant la petite pièce. Il y avait une seule et unique porte, mais pas la moindre fenêtre, l'empêchant de savoir quel moment de la journée il était.

Perdu dans ses pensées, il sursauta lorsque la porte s'ouvrit, laissant passer un jeune homme. Ce dernier portait le même uniforme que les gardes qu'avait aperçus Shirin durant son infiltration. Le soldat tourna la tête vers lui, il l'observa un moment avant de s'approcher pour venir lui tendre un plateau où se trouvait une sorte de galette ainsi qu'une coupelle d'eau et un fruit.

— « Tient... Mange, c'est ton déjeuner... »

Shirin haussa un sourcil avant de tout prendre pour se sustenter tout en gardant son regard posé sur le jeune homme. Ce dernier le lui rendait sans faiblir. Shirin l'observa un peu. Il le trouvait plutôt jeune pour être un soldat... Peut-être un apprenti. Mais ce qui attira un peu le chef de troupe ce fut son regard... des yeux d'un bleu aussi clair que de l'eau de source... Shirin n'avait vu ce type de couleur que dans le regard d'étrangers venant de contrées lointaines. La voix du jeune homme le ramena à la réalité brusquement.

— « Je ne t'ai jamais vu dans le palais... qu'est-ce que tu faisais à dormir pas loin des appartements du prince ? »

Shirin se mordit les lèvres réfléchissant en toute vitesse pour raconter un bobard crédible.

— « Oh c'est juste que... bah je suis nouveau ici... Et je me suis perdu dans les couloirs. »

Le jeune homme haussa un sourcil avant de soupirer en secouant la tête, un petit sourire au coin. Ça n'était pas la première fois qu'on lui sortait ce genre d'excuse. Bien sûr cela pouvait être vrai, mais le plus souvent il s'agissait d'un mensonge... Souvent ceux qui disaient ce genre de chose désiraient simplement approcher le prince pour diverses choses... Devenir un de ses suivants ou bien obtenir ses faveurs par n'importe quels moyens ou bien encore dans le pire des cas pour assassiner le prince.

Shirin sourit un peu au jeune homme, espérant que son mensonge passerait, mais rien n'était moins sûr. Le soldat leva doucement la main avant de venir saisir brusquement la chevelure de Shirin pour le forcer à pencher la tête en arrière. En même temps il vint frôler la peau fine de sa gorge avec un poignard.

— « Bien... Maintenant que nous avons ri, tu vas pouvoir me dire la vérité et arrêté de me faire perdre mon temps tu ne crois pas ? »

Shirin se crispa brusquement à cette réaction s'attendant à tout sauf à cela. Il cligna des yeux à plusieurs reprises fixant le soldat sans vraiment comprendre. Il déglutit avant de bafouiller faiblement.

— « Je... C'est que je... Je cherche quelqu'un. Et enfin... Je sais qu'il plaisait à votre prince. Donc je me suis dit qu'il pouvait... enfin... Voilà il pouvait être avec lui. Surtout qu'il n'est pas là... de son plein gré... »

Le soldat le fixa en plissant des yeux avant de finalement lui lâcher les cheveux et ranger son poignard. Il fallait avouer que cette excuse était bien trop grosse. Mais il allait devoir vérifier cela.

— « Comment s'appelle votre ami ? »

— « Il porte le nom de Sheraz. Vous le reconnaîtrez, il a de longs cheveux blancs, des yeux dorés et puis il porte toujours un bijou sur le front. »

Le soldat haussa un sourcil. Cela ressemblait à la description qu'on lui avait faite de l'invité du prince. Si c'était vraiment le cas, alors l'homme devant lui avait joué franc jeu. Il croisa les bras sur son torse, réfléchissant un peu puis il se dirigea vers la porte pour mettre ça au clair. Shirin l'interpella alors qu'il venait de poser la main sur la poignée de la porte.

— « Je vais rester ici longtemps ? »

— « Juste le temps que je vérifie la véracité de tes propos. Lorsque ça sera bon, je déciderais ce qu'il adviendra de toi. »

— « Il n'y a aucun moyen que je travaille dans le palais au lieu d'attendre ici sans rien faire ? »

— « Non. Pour l'instant tu es un intrus et donc je veille à la sécurité des résidents du palais. »

Sans un mot de plus, le soldat quitta la pièce, laissant Shirin seul et complètement dépité. Le chef de la troupe cligna plusieurs fois des yeux en se retrouvant seul sans vraiment comprendre ce qui s'était passé. De son côté, le soldat avança dans les couloirs, perdu dans ses pensées. Il se demandait qui pouvait être le fameux invité du prince aux yeux de l'intrus... Intrus qu'il trouvait plutôt plaisant à regarder...

Le jeune homme regagna la salle de repos où se trouvait quelques-uns de ses collègues. Il les salua d'un geste de la main avant de se diriger vers le petit buffet mis à leur disposition pour les moments où ils ne travaillaient pas. Un des gardes installés dans un coin grignotant un fruit l'interpella.

— « Alors Aaron... cet intrus ? »

Le dénommé Aaron se stoppa, releva la tête en clignant des yeux avant de hausser les épaules un petit sourire au coin.

— « Apparemment il cherche quelqu'un... Je vais vérifier ses dires avant de le relâcher, mais je crois que je vais tout de même le surveiller un peu. Il m'intrigue... Je veux dire, qui irait jusqu'à s'introduire illégalement dans le palais pour retrouver quelqu'un ? »

— « Dit comme ça, on dirait presque qu'il est accro à son ami. Je comprendrais s'il appartenait à sa famille. »

Aaron haussa les épaules. C'était vrai que son comportement était étrange, mais il s'en fichait. D'un geste lent, il attrapa un des fruits avant de le porter à ses lèvres pour mordre dedans. Du jus coula le long de son bras et de sa mâchoire, mais cela ne le dérangea pas plus que ça. Lorsqu'il eut fini son « repas », il attrapa une des serviettes déposées à côté du buffet pour essuyer le jus. Il se dirigea par la suite vers la porte donnant sur la cour.

— « Bon, reposez-vous bien les gars, moi je vais aller mener ma petite enquête. »

Les autres gardes acquiescèrent, un léger rire se faisant entendre aussi. Ils le saluèrent avant de reprendre leurs discussions tranquillement.

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