Chapitre 14 Partie 2

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Laban marchait dans le jardin, profitant du soleil dont les rayons caressaient sa peau bronzée. Il lui arrivait de croiser par moment quelques servantes à qui il offrait un sourire charmeur. Les demoiselles s'enfuyaient en gloussant et murmurant à propos de cet étrange personnage. Elles passaient leur temps à le croiser dans les jardins du palais sans connaître pour autant son identité. Et puis de toute façon, à peine avaient-elles le dos tourné qu'il disparaissait. Laban savait qu'il ne devait pas se faire remarquer, mais cela était bien plus fort que lui. Il n'avait jamais été capable de rester discret plus de quelques heures par jour... Et encore c'était le cas uniquement lorsqu'il était de bonne humeur. La dispute avec Sheraz, même si elle était petite et ridicule, ne lui avait pas donné l'envie de rester sage aujourd'hui.

Il continua donc son exploration, se glissant cette fois dans la cuisine du palais pour y découvrir une véritable fourmilière. Quelques serviteurs levèrent la tête vers lui, mais personne ne semblait intrigué par sa présence. Cette absence de réaction de la part de toutes ces personnes le fit hausser un sourcil avant qu'un soupir ne passe ses lèvres. Il se faufila agilement dans l'attroupement, s'approchant avec une immense facilité des petits pains tout chaud. Il allait en attraper un lorsqu'une main lui attrapa le poignet.

Laban allait se dégager violemment, tirant vers lui la personne qui se mettait entre lui et ce petit pain. Quelle surprise en voyant Yelam s'écraser contre son torse. Il observa le jeune serviteur, un sourire venant orner ses lèvres. D'un geste délicat, il glissa un doigt sous le menton de Yelam, le forçant à relever la tête.

– Pourquoi avoir tenté de m'arrêter ?

Les joues de Yelam se teintèrent d'un léger rouge avant qu'il ne se recule en se raclant la gorge, détournant le regard.

– L'heure du repas s'est finie il y a peu. Il me semble que vous avez eu une portion semblable à celles des autres. Si vous avez encore faim, il faudra patienter... mais le plus important... Qu'est-ce que vous...

Yelam n'eut pas le temps de finir sa phrase que Laban l'entraînait dans le couloir avoisinant la cuisine. Il regarda discrètement autour d'eux, avant de tirer le serviteur derrière lui, cherchant un coin un peu plus tranquille et où moins d'oreilles indiscrètes traînaient.

– Que voulais-tu me dire mon adorable Yelam ?
– Ne vous moquez pas moi ! Vous ne devriez pas être ici et vous le savez !
– Personne ne me connait, il n'y a pas d'inquiétude à avoir. Et puis si cela me permet de te croiser, je suis prêt à braver les interdits.

Laban fit un petit clin d'œil à Yelam, l'une de ses mains venant caresser la joue du serviteur, mais ce dernier la repoussa. Laban croisa alors son regard,* ce dernier étant clairement en colère. Cette réaction étonna le djinn qui haussa une nouvelle fois un sourcil. Il ne comprenait pas pourquoi Yelam se mettait ainsi en colère pour quelque chose de si stupide. Malgré tout, Laban finit par soupirer, croisant les bras sur son torse en le fixant sérieusement.

– Très bien, je resterais sagement dans la chambre. Mais à une seule condition.

L'expression de Laban se montrait malicieuse alors que Yelam le fixait, cherchant à deviner le fond de sa pensée. Le serviteur se mordilla les lèvres avant de détourner le regard, gêné par les pensées qui envahissaient son esprit. Il pouvait aussi sentir le rouge lui monter aux joues, chose que Laban remarqua parfaitement. Son sourire s'agrandit un peu plus avant qu'il ne se penche pour murmurer au creux de son oreille de sa voix la plus chaude.

– Je resterais sagement dans la chambre si tu acceptes de passer un peu de temps avec moi... Juste nous deux. Lorsqu'on pourra sortir bien sûr.

Yelam cligna plusieurs fois des yeux avant de relever la tête pour regarder Laban. Il ne s'était pas attendu à cela de la part du djinn et dans un sens cela le rassurait, mais malgré tout, son regard afficha une pointe de déception. Laban le remarqua et en joua un peu, se penchant un peu plus vers lui, son souffle venant caresser la peau de Yelam.

– Espérais-tu autre chose mon petit Yelam ? Livre-moi le fond de tes pensées.

Laban se montrait de plus en plus tactile, ses mains venant parcourir doucement les bras du serviteur, arrachant des frissons à ce dernier. Le Djinn prenait un malin plaisir à rendre fou le serviteur. Il voulait se trouver continuellement dans ses pensées, hanter ses nuits. La teinte rouge des joues de Yelam lui indiquait qu'il était sur le bon chemin, mais c'était sans compter sur la maitrise qu'il possédait sur ses pulsions. Après une grande inspiration, le serviteur rouvrit les yeux pour les poser sur Laban, venant lui caresser la joue pour finalement la pincer fermement.

– Actuellement tu ne mérites pas que je te livre le fond de mes pensées. Nous pourrons voir cela lorsque vous serez plus calme.

Yelam relâcha la joue du djinn avant de lui faire signe de disparaître. Laban fit la moue avant de commencer à tourner le dos, mais le serviteur le retint légèrement par le poignet, lui offrant un petit sourire accompagné d'un regard plus doux.

– Si vous restez sage jusqu'à la fin de la semaine... Je serais heureux d'aller profiter de la fête estivale en votre compagnie.

Sur ces quelques mots, Yelam le relâcha avant de tourner le dos pour retourner à ses tâches, après tout, il était toujours en service et on devait être en train de le chercher. Le regard de Laban devint brillant et un immense sourire vint orner ses lèvres. C'était la première fois qu'on lui demandait, ou plutôt ordonnait, d'être patient, mais étrangement, cela ne l'énervait pas... Bien au contraire. Il observa Yelam disparaître au détour d'un couloir avant de partir en direction opposée cherchant son chemin dans le dédale de couloirs.

Cela ne lui prit que quelques minutes pour venir finalement toquer à la porte de la chambre. Après tout, il restait un djinn. Il vivait à travers les éléments et l'air transportait les sons tout comme les parfums. Ajouté à cela, il pouvait parfaitement sentir les vibrations en provenance de son fils. Chose plus perturbante, il pouvait ressentir d'autres vibrations, mais celles-ci lui hérissaient les poils. Et bien sûr, cela venait de la même pièce que son rejeton.

Lorsqu'on finit par lui ouvrir, il grimaça en découvrant le garde. Allez savoir pourquoi, mais la vue même de cet homme lui donnait envie de se battre avec lui. Aaron le lui rendait bien, le toisant de la tête aux pieds.

– Où étiez-vous passé ? Je vous rappelle que vous devez rester ici et vous montrer discret !
– J'ai déjà eu mon sermon de la part de Yelam et crois moi c'était beaucoup plus agréable avec lui.

Aaron se crispa, se préparant à répliquer lorsqu'il sentit une main se poser sur son épaule. Shirin se trouvait derrière lui, lui faisant signe de se calmer. Il pointa du doigt le prince endormi. Le garde prit une grande inspiration avant de soupirer. Il se décala pour laisser Laban entrer dans la chambre, lui lançant tout de même un regard noir, murmurant au passage.

– Vous n'avez pas intérêt à blesser Yelam de quelque manière que ce soit... Sinon vous aurez affaire à moi.

Laban agita la main en passant devant lui, se fichant complètement de ses paroles. À ses yeux, Yelam était capable de se débrouiller tout seul. Il n'avait pas besoin d'aide de la part d'un idiot de garde. Aaron grogna à nouveau, refermant la porte derrière le djinn, ne le quittant pas du regard pendant les secondes qui suivirent.

Laban ignora royalement le garde, allant voir son fils au bout du lit du prince, en tailleur, les yeux fermés. Dans le fond, cela rassurait un peu Laban de voir Sheraz accepter une telle proximité avec le prince. Certes, ils ne se prenaient pas encore dans les bras ni ne dormaient encore dans le même lit, mais que son fils soit ainsi installé à moins d'un mètre de distance sans s'inquiéter prouvait que quelque chose changeait.

Laban finit par lui aussi se poser dans un coin, sur un tas de coussins, fermant les yeux, se mettant à méditer lui aussi en silence. Il en profitait aussi pour « toucher » les vibrations en provenance de son fils. Il chercha aussi les autres vibrations lui hérissant le poil, mais ces dernières avaient complètement disparu. Cela lui paraissait bien étrange, il allait devoir étudier ceci, car tant qu'il ne savait pas d'où elles provenaient ni ce qu'elles représentaient. Et sans ses connaissances, il ne pourrait pas agir en cas de danger...

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 26, 2020 ⏰

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