Chapitre 13: Explosion.

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Toute la résistance est en ébullition. Telle les fourmis dans leur fourmilière tout le monde s'adonne à la tâche. À deux jours du départ. Certains s'entraînent dans le gymnase, d'autres préparent les vivres que nous emporteront en mission, Hugo met au point notre itinéraire avec l'aide de deux ou trois volontaires expérimentés. Laura s'occupe de l'infirmerie depuis de Josh est... n'est plus là, à force de l'aider elle a acquis les rudiments de base de la médecine et tente de les enseigner à quelques personnes qui l'aide avec les blessés et les malades.

Tout le monde est occupé. Tout le monde, sauf moi.

Je suis assise sur mon lit le regard dans le vague à réfléchir à ma conversation avec Tyler d'il y a deux ou trois jours, à me dire qu'il a raison, que je n'ai pas le droit de le tenir à l'écart de la sorte. Je me rend compte que cette mission est risquée. Que des tonnes de facteurs pourraient faire en sorte que ça tourne mal. Qu'on est pas assez préparés. Pas assez nombreux. Pas assez... pas assez.

Dis donc tu déprimes toi ! C'est parce que tu pars sans ton chéri ou quoi ? Tente sans succès conscience.

Je me dis surtout que si ça dérape ce sera sûrement de ma faute. C'est mon idée non ?

Non pas uniquement la tienne. C'est un choix de groupe. Râle conscience. T'es pas le nombril du monde ma vieille.

Elle a raison, il n'empêche que je n'ai pas envie de prendre d'autres gens. Mais d'un autre côté partir seulement deux pas deux c'est comme partir vers la mort.

Mais partir plus nombreux nous rendrai plus repérable.

Sauf que une psychos et une métamorphe pour se défendre c'est pas grand chose. On devrait ajouter au moins un télékinésiste et un corporis par équipe non ? Des groupes de quatre bien entraînés, et furtifs ne doivent pas être trop repérable.

Je sors de mes pensées quand Leanne entre dans la chambre et pose ses yeux sur moi. J'ai l'impression que cela fait une éternité que je ne l'ai pas vu, ma petite soeur de bientôt 6 ans dans moins de deux semaines, elle ne décroche plus un mot depuis qu'elle a assisté à la mort de papa. Mon coeur se sert à l'idée que je n'ai pas pu la protéger de tout ça, à l'idée de ne plus jamais entendre sa si jolie voix. Je lui souris du mieux que je peux mais elle ne réagis pas vraiment. Elle me fait un peu penser à Noelie là, tour de suite, stoïque et muette.

Elle vient vers moi et me tend sa petite main. Je ne comprend pas tout de suite mais je la prend. Elle tire dessus, elle veut que je la suive. Je me lève et me laisse guider aveuglément par ma soeur et malgré sa main dans la mienne j'ai l'impression qu'un gouffre nous sépare.

On arpente les couloirs et elle me tire jusqu'à la salle de contrôle. Je la regarde d'un air interrogatif.

- Pourquoi tu m'as...

Je n'ai pas le temps de finir qu'elle me pousse doucement à l'intérieur de la pièce.

Au début je pense que personne n'est présent dans cette salle, seul le cliquetis familier des appareils résonne, les ventilateurs des ordinateurs soufflent en coeur avec le bruit du régulier d'un clavier sur lequel on s'active. Je tourne la tête en direction du dernier bruit et mes yeux tombent sur un Hugo, seul, concentré à taper des lignes de code devant son écran.

Je m'en approche en silence de peur de le déconcentrer, il remarque alors ma présence et se retourne l'air grave. Je fronce les sourcils et l'interroge.

- Tu m'as faite venir ?

Il hoche doucement la tête et donne une impulsion dans sa chaise qui roule jusqu'à l'écran mural où apparaît miraculeusement une carte des secteurs avec pas mal de points tous clignotants ça et là.

- Écoute je sais que l'idée de base c'était de vous envoyer en deux groupes de deux mais le problèmes c'est que ça risque d'être bien trop dangereux... Il cherche ses mots semblant gêné.

- Viens en droit au but s'il te plait... Je dis sans grande émotion.

- Je n'ai aucun doute en vos capacités mais je pense qu'il faudrait ajouter à vos équipes au moins un télékinésiste et un corporis.

Je soupire doucement tout en hochant la tête. Un rictus s'apparentant à un pâle sourire se dessinant sur mon visage fatigué.

On est d'accord mon chou ! Lâche conscience.

- Je sais. J'y pense depuis ce matin.

C'est surtout Tyler qui t'a ouvert les yeux ma belle.

Je sais que cette petite voix a raison. Ce qui fait que j'ai raison non ? Cette voix finalement c'est moi je suppose. Enfin... Il va falloir ajouter des gens à cette folle excursion.

- Tu en a déjà parlé  à des gens autres que moi ? Je demande.

- Non. Il dit en secouant la tête. J'ai préféré évoquer l'idée avec toi seulement. Ça va pas plaire à la boss et l'idée venait de toi initialement.

Je fait distraitement oui de la tête en réfléchissant. Un corporis et un télékinésiste par équipe... rien que l'idée du télékinésiste m'évoque Josh, mort, le corps criblé de billes de plomb et ses magnifiques yeux bleus qui ne se rouvriraient jamais.

Je sors de ma torpeur et inspire un grand coup en faisant face à Hugo.

- On fait convoquer Tyler, Laura, Zack et Marion.

Hugo hoche la tête et roule de nouveau sur sa chaise vers son ordinateur toujours allumé, attendant qu'on lui dise quoi faire.

Le visage impassible mais l'esprit plein de questions je me tourne vers les écrans de surveillance dont les caméras sont disséminées aux quatre coins des secteurs.

Je pense à Laura, ayant perdu Josh dont je suis sûre qu'elle était amoureuse, à Tyler qui se réjouira de prendre part au combat, j'espère qu'il ne foncera pas tête baissée. Marion et Zack. Beaucoup trop jeunes. Vulnérables. À peine 15 ans et encore... Zack ne les a même pas, pourtant leur maturité témoigne du contraire. Est-ce le monde anéanti dans lequel on vit qui nous a fait grandir si vite ?

Je soupire et pense à cette foutue mission, soit ça passe, soit ça casse.

Mon regard est attiré par un mouvement furtif sur la caméra principale. Une ombre, rien d'une demie seconde, ce qui a suffit à me figer sur place tous mes sens en alerte.

Je m'avance d'un pas sachant pertinemment que c'est inutil.

Le son des roulettes de la chaise de Hugo résonne a nouveau derrière moi mais je ne bouge pas d'un iota. 

- Tu as vu un truc ? Demande-t-il le plus sérieusement du monde.

- Non. Rien. Rien du tout.

Sûrement un animal, faut arrêter la parano, grogne conscience qui doit être de mauvais poil.

Inutile de faire monter la pression. La résistance est déjà dans une bien assez grande ébullition. Et il ne manque pas grand chose avant l'explosion.

Survivante. Tome 2 - Insurrection.   Où les histoires vivent. Découvrez maintenant