Chapitre 46 : Défunts.

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PDV Cassie :

C'est à l'aube que nous décidons de nous montrer à la base, Tyler n'est au courant de rien et me suit sans broncher. Après tout ne rien savoir était son idée de ne rien savoir. La seule chose que je lui ai dite c'est de continuer à prétendre l'amnésie.

A peine sommes nous à l'entrée de la base que plusieurs hommes en blanc nous mettent en joue, et nous contraignent à lever les mains en l'air. Je prends de suite les choses en mains.

- Mon nom est Cassie Allan, et voici Tyler Irons.Nous nous rendons et demandons à voir le gouverneur, son père, dis-je d'une voix que je veux forte et autoritaire.

Cassie Allan ne demande plus, elle exige, dit Conscience.

Nous sommes rapidement menottés et attachés. Celui qui semble être le chef d'escouade envoie ses hommes parcourir le périmètre à la recherche de nos potentiels alliés, mais c'est peine perdue car nous sommes bien seuls.

Soudain je vois un homme s'approcher de moi avec une seringue remplie d'un liquide verdâtre que je connais bien.

- Ose m'approcher avec ça mon joli et de un tu le regretteras vite, de deux ton patron sera pas content de recevoir son invitée de marque dans les vapes, craché-je avec un sourire narquois.

L'homme devient subitement blême et rebrousse chemin. Je souffle de soulagement intérieurement. C'était bien sûr du bluff total mais je suis contente que ça ai marché car on aurait eu un problème. Un très gros problème.

Bref passons on a pas de problème là, coupe Conscience.

Tyler n'avait pas encore pipé mot, je lui lance un regard et remarque qu'il survole l'endroit des yeux comme s'il était complètement perdu. Je comprends ce qu'il tente de faire quand un garde l'interpelle.

- Hé toi, il t'arrive quoi ?

- C'est justement pour ça qu'on se rend, je veux que son père lui rende la mémoire, répondé-je à sa place alors que Tyler feint la surprise.

Après un petit instant de réflexion le chef d'escouade prend la parole.

-C'est d'accord, mais alors pour être sûr que tu ne tentera rien on vous sépare.

Mon cœur rate un battement mais je n'en montre rien et accèpte sans broncher mais la gorge nouée. Tyler se tourne vers moi paniqué, on pourrait penser à un amnésique à qui on enlève son seul repère mais il s'agit en fait d'un homme à qui on enlève la personne qui l'aime, pourtant l'expression facile reste la même : la peur.

Ainsi nous sommes séparés et embarqués dans deux transporteurs différents. J'ai à peine le temps de lancer un dernier regard à Tyler avant d'être forcée sans ménagement à monter dans mon véhicule, je range mon égo profondément pour ne pas tout faire rater.

Ce n'est pas pour rien que nous avons choisit l'aube. A force d'observer les habitudes des bases WC on avait fini par connaître leurs horaires, et le mercredi tôt le matin était le jour d'envoi de cobayes, même si ces derniers temps ils avaient réduit d'une fois toutes les deux semaines à une fois par mois.

Ma fierté ravalée et les portes refermées je m'installe à même le sol car c'est la seule place qu'il me reste et observe les gens entassés autour de moi. Certains semblent sous le choc, d'autres ont le regard fermés, et d'autres encore ont l'air totalement paniqués.

Le transporteur se met en branle et s'engage sur son chemin. Il serait si facile de prendre possession des esprits alentours et de libérer tous ces gens malgré mes menottes. Mais même si mon aptitude est libre, mon cœur et ma raison me hurlent de ne rien tenter et étouffe l'amertume que j'éprouve pour WorldCenter.

Je soupire et m'adosse contre la porte, prête à ruminer pendant les prochaines heures de route jusqu'à l'aéroport.

PDV Matia :

C'est à huit heure qu'Hugo nous envoie message, affirmant que Tyler et Cassie sont en route pour le tarmac.

"Comment ça va sœurette ?", demandé-je avec un soupçon d'inquiétude tout de même.

"Physiquement nickel, moralement j'ai la haine mais je me contiens", me répond-t-elle rapidement avec ce ton qui la caractérise.

"Tiens le coup, nous on part je te tiens au courant !", lui dis-je tout en suivant Liam et Yanis vers les vestiaires de la piscine.

En effet c'est l'espace le plus grand de l'endroit pour pouvoir accueillir tout le monde. Et encore, on est serrés. Yanis monte sur une pile de vieux casiers de la piscine et s'adresse alors à ses camarades d'infortune.

- Bonjour à tous ! Comme vous le savez Matia ici présent était parmi nous pour entrainer les volontaires à leur technique de résistance psychique. Aujourd'hui ce travail va payer, sur les quatorze personnes qui maitrisent cette technique, sept groupes de deux ont été créés et vont être envoyés dans les bases de blancs alentours pour s'infiltrer parmi les prisonniers, au fur et à mesure de la journée les sections que nous avons formées entreront dans les bases grâce à Matia qui désactivera temporairement les brouilleurs. A partir de là on suit le plan. Comme il n'y a que sept minutes avant que les brouilleurs ne se réactivent, la priorité et leur arrêt manuel.

- Et comment on fait si jamais ils tentent de prévenir le Z ? Demande alors quelqu'un dans la foule.

- Pour ça Hugo, notre geek perso, a créé un système de brouillage unidirectionnel, en gros ils auront beau appeler à l'aide rien n'arrivera au secteur Z, par contre si le Z tente de les contacter c'est nous qui recevrons le message et nous répondrons en conséquences, dis-je.

D'autres questions fusent mais je décroche rapidement de la réunion. Adossé à la pile de casiers je pense à Cassie, assise seule dans son transporteur, à mes amis de la résistance sûrement en train de faire une réunion similaire chez nous, au groupe de Ambre très probablement dans la même situation. Et alors je me dis que c'est la mission de la dernière chance, que certainement beaucoup de gens trouverons la mort durant celle-ci, alliés comme ennemis. Je songe à l'origine de cette guerre, la folie d'un seul homme qui possédait à lui seul beaucoup trop de pouvoir et d'influence.

Tout cela est complètement injuste, je sers les poings avec toute la colère qui me ronge et inspire longuement. Liam juste derrière moi semble ressentir ma haine et glisse une main au bas de mon dos. Je soupire sans le regarder et laisse tomber ma tête contre le métal froid du casier. Liam pose sa tête sur mon épaule et nous attendons la fin de cette réunion interminable.

Ce rassemblement de préparation d'une mission qui est censé tous nous libérer ressemble plutôt à un discours d'enterrement, dont nous sommes les futurs défunts.

Survivante. Tome 2 - Insurrection.   Où les histoires vivent. Découvrez maintenant