Orumbaï

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L'oncle Fiduce avait beau n'être pas très grand, étant adoré des enfants, il parvenait toujours à se faire voir de loin. D'immenses favoris blonds couraient sur ses joues, il avait une redingote vert émeraude à boutons d'or et un immense chapeau haut de forme un peu usé, qui lui donnait tout de même, malgré sa petite taille et ses favoris presque sauvages, songea Céleste, un air plutôt élégant.

Une foule de marmaille en délire se pressait autour de lui. Céleste y reconnut plusieurs frères et sœurs et même quelques cousins qui étaient eux-aussi déjà là. L'oncle Fiducedistribuait de petites oublies, des petits chevaux de bois rouge, des caramels au beurre des champs bleus. C'était une véritable surprise d'avance, une révélation bien connue et une fête ordinaire que ce petit bout de famille voyageur. Et Céleste l'adorait peut-être encore plus que ses frères, ses sœurs et ses cousins réunis...

« Comment se porte notre plus belle fleur de famille... ? » demanda l'élégant et jovial nez rougeaud de son oncle. Ses yeux pétillaient déjà de mille feux. Céleste se sentit rougir quand ils s'arrêtèrent sur elle avec l'air d'avoir trouvé ce qu'ils cherchaient. Céleste n'eut pas le temps de répondre quoi que ce soit. Sa mère s'était empressée de glisser une remarque acerbe, comme pour imposer un démenti formel :

« elle n'a toujours pas fait l'effort de se déterminer. Je pense que nous ne fêterons jamais son accomplissement ! »

La remarque était faite sur le ton du regret, mais Céleste la reçut sur le ton de la menace. Son père s'apprêtait à lui emboîter le pas. Il n'en eut pas le temps. Son oncle Fiduce ajouta, de façon calme mais catégorique :

« Au Nord des îles d'azur, l'accomplissement s'appelle Orumbaï... »

En posant cette première phrase d'un ton docte et rêveur, l'oncle Fiduceavait déjà emporté les pensées mesquines d'une partie de la famille... On aimait quand ce drôle de voyageur curieux de tout saupoudrait de savoir et de souvenirs les plats les plus amers de la conversation.

« C'est l'une des plus anciennes et des plus authentiques expression de notre civilisation » poursuivit-il. « Pourtant elle se fait vers l'âge de 17 ans. À ce moment, on est exactement adulte dans l'esprit des azuréens. Céleste a encore tout le temps de s'accomplir... Eh ! Mais que voilà le plus fier accomplissant que je n'ai jamais vu !

Ses frères Lucien et Sergi venaient d'apparaître. Leurs galons à bords rouges faisaient sensation. Ils étaient déjà la fierté d'Evanory et de leur petite famille. Le vieil oncle Fiduce ayant trouvé un autre sujet de conversation, le regard dur de la mère de Céleste tomba sur elle. Céleste dut retourner à des préoccupations bien moins enthousiasmantes que l'accomplissement Orumbaï du nord des îles d'Azur.

Céleste d'OpalescenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant