600 000 crédits financiers

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Au centre de la pièce, un vaste planisphère lumineux et en trois dimensions attirait les regards et les remarques d'hommes plus graves que des statues tragiques.

Une femme d'une très grande beauté, blonde, légèrement halée et au regard implacable comme l'acier prit la parole.

« Une nouvelle projection sonar vient d'être obtenue, chers amis ». D'un gracieux mouvement de doigts, elle intima à un jeune technicien géographe de mettre la carte à jour. Celui-ci, très concentré sélectionna à main levée une zone large comme sa main. Celle-ci prit une pâle couleur orangée et commença à changer d'aspect sous les yeux regards patients de l'assemblée. On distinguait même ça et là quelques silhouettes sombres qui témoignait des êtres vivants dans cette zone. La zone qui était de couleur bleu clair se mit à s'assombrir et à afficher des volutes épaisses de minerai.

« On estime d'ores et déjà le gisement à 600 0000 crédits financiers à l'heure. » Déclara la femme, inclinant légèrement la tête en direction d'un commercial à lunettes, que le regard soudain souriant et complice de la jeune femme laissa impassible.

« Je vois... Si ce que vous me dites est justement estimé, annoncèrent les lunettes impassibles, il se pourrait que ce gisement nous intéresse... » Une légère, très légère contraction de la commissure labiale du commercial accompagna ces mots : intérieurement, l'homme était déjà conquis. « Quand serait-il possible de démarrer l'extraction ? »

« C'est déjà ce que nous faisons mon cher... » répartit la blonde, sans quitter son sourire enjôleur. Elle scruta la moindre expression sur le visage scrupuleux du commercial à lunettes. « Mathys, mon petit, continua-t-elle, recalculez pour nous l'estimation minière en crédits financiers. » Un technicien probabiliste fit glisser de ses verres de lunettes sous les volutes noirâtres du gisement un cartouche qui indiquait en temps réel la valeur du minerai mis à jour... En vérité, le gisement dépassait même les 650 000 crédits financiers. Les volutes commençaient à se déposer dans le fond de la zone étudiée.

« Bien sûr, il faudrait maquiller les apparences pour donner une touche plus respectueuse de la nature. » pensèrent les cheveux blonds. Comme s'il avait lu dans ses pensées, les lunettes sérieuses se tournèrent vers l'impeccable chevelure blonde de la femme enjôleuse :

« Bien sûr, vous ferez le nécessaire pour que l'état véritable de la zone ne soit jamais rendu publique ? »

« J'ai beaucoup d'amis en cartographie satellite, on va habilement omettre la mise à jour de cette zone pour l'année à venir... et pour le plus long terme... j'ai encore mieux à vous proposer... »

« Je vous fais la plus entière confiance »

Comme sortant d'une plaie béante, le minerai tant convoité se laissait opaquement recouvrir de volutes macabres. À présent, on ne distinguait plus de petites silhouettes sombres. Toute trace de vie avait disparue.

Céleste d'OpalescenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant