L'auberge de Mornedéduit

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L'auberge était située loin des habitations, au bord de la route. Au dessus de la porte d'entrée, une gouttière figurait un sanglier au sourire béant et aux sourcils écarquillés. L'homme de skells avait besoin de nourriture. Si possible, il fallait l'acheter discrètement et sans faire de vagues.

Lorsque l'homme passa la porte, quelques habitants alentour étaient déjà installés en train de boire un petit verre d'eau de vie. C'était leur pause de la matinée. Et elle avait commencé très tôt. Le nouveau venu observa discrètement les uns et les autres... une cognée indiquait clairement le bûcheron, une besace de tissu jauni indiquait aussi assez clairement un marchand de simple. Il savait aussi qu'il y avait un atelier de travail du bois en contrebas. Certains devaient être merrandiers. Toute la région vivait de bois, c'était presque une tradition. L'homme de skells eut un rictus de dédain en buvant sa bière... c'était à peu près tout ce que lui inspiraient ces hommes incapables de se battre, et donc voués à subir la peine au lieu de l'inflinger. Il écouta d'une oreille distraite les paroles des uns et des autres.

- on dira ce qu'on voudra. Je pense au fond de moi que ce n'est pas bon tout ce qui se trame dans les village

- Pardi, je le vois bien moi aussi: hier encore c'était la jeune famille des Machaux à Torseville,  en haut de la montagne qui est devenue soudainement folle!

- Vraiment?

- Puisque je te le dis. La faute au temps. Avril humide rend les esprits torrides.

- C'est la fièvre des Justes qui nous frappe.


L'homme de Skells vida sa chope d'un trait. Ces hommes étaient ignorants, couards et pauvres jusque dans leurs esprits. Mais ils n'étaient pas aveugles. Ils voyaient sans savoir. Et heureusement qu'ils ne savaient rien!

Céleste d'OpalescenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant