Nine - A

138 8 2
                                    

En fait, j'ai été mieux intégré que ce que je pensais. Au repas du midi les gars m'ont forcé à manger avec eux dans un snack pas loin du lycée, ce qui n'étaient pas pour me déplaire, et ils m'ont invité à une soirée que Matt organise vendredi soir, autrement dit après-demain. 

Je me trouve actuellement sur mon lit, en train de lancer et de rattraper une balle en mousse quand ma porte s'ouvre en grand et une voix rauque parvient à mes oreilles. 

-Salut Ash! 

Je sursaute et me prend la balle en plein sur l'oeil, ce qui me fait pousser un juron, et fait rire mon interlocuteur. Je me tourne vers la porte, et constate qu'il s'agit de Shawn. 

-T'étais obligé d'entrer sans toquer?

-Ouais, c'était drôle, dit-il.

Je lui tire la langue et l'invite à rentrer, ce qu'il fait. Il ferme la porte derrière lui, et vient s'installer à côté de moi, allongé, en train de fixer le plafond.

-Alors tu passes ton temps comme ça? 

-Comme ça comment?
-A lancer une balle à la verticale, en espérant qu'elle te tombe pas sur la tronche? 
-Bah on passe le temps comme on peut. Vu que Zach raccompagne Aaliyah ce soir chez vous, j'ai pas à aller le chercher, Léa ne répond pas, et je vais pas non plus commencer à m'incruster dans le débat que Cartah a lancé sur le groupe Snap. D'ailleurs c'est quoi ce nom de groupe, "Les Muffins Africains"? 

Shawn éclate de rire, et me regarde.

-En fait, j'avais faim, et Cam m'a suggéré de manger un muffin. Et Aaron racontait encore des trucs de faux noir, du coup Sam a eu la bonne idée de combiner ma nourriture préférée à l'origine que Aaron pense avoir, d'où le nom. 

Je pouffe.

-C'est con.
-J'ai pas dit qu'on était intelligents hein! 

Je tourne ma tête vers lui, qui a déjà tourné la sienne vers moi, et on éclate de rire. 

-Mis à part ça, dis-je quand je me suis calmée, ma mère t'a laissé rentrer sans rien dire?
-Elle m'a demandé qui j'étais et pourquoi j'étais ici, donc j'ai dit qu'on avait un devoir à faire et que j'étais un ami proche. 
-Un devoir? Celui qu'on a à faire en Littérature française?

Il hoche la tête. 

-D'ailleurs, on le fait sur qui? 
-Victor Hugo? Ou Emile Zola? 
-Mmh, Emile Zola ça me tente plus. 

Il hoche la tête, et je fixe à nouveau mon regard sur le plafond. 

-Elle a dû être étonnée quand tu lui as dit "ami proche", dis-je en mimant les guillemets. 

Il prend mon menton entre ses doigts, et me force à le regarder. 

-Je crois surtout qu'elle se doute que nous ne sommes pas que des amis, mais le principal c'est qu'elle n'ait pas refusé de me laisser entrer. 

Je souris, et l'embrasse. Il demande l'accès à ma langue, chose que je ne refuse pas, et je passe mes mains à l'arrière de sa tête: une sur na nuque, l'autre dans ses cheveux. Il se redresse et m'embarque avec lui, ce qui fait qu'il se retrouve assis au bord du lit, moi à califourchon sur lui. Le baiser devient fougueux; il place ses mains sur le creux de ma taille, et je tire un peu sur ces cheveux, ce qui le fait grogner un peu. Shawn laisse une de ses mains sur ma taille, et place l'autre sur ma nuque, tout en se détachant de mes lèvres. Il descend ses baisers jusque dans mon cou, au niveau de la carotide primitive, et me fait un suçon juste à côté. Je frémis et lâche un léger gémissement, et je le sens sourire à la suite de ce dernier. 

-C'est pas juste... Toi t'as marqué ton territoire, me plains-je. 

Il relève la tête et me regarde, et je ne peux m'empêcher de le détailler du regard. Ses yeux noisettes brillants d'une lueur que je n'ai encore jamais vu, quelque chose qui ressemble à un mélange entre du désir et de l'amour, ses pommettes roses, sa petite cicatrice sur la joue droite, et ses lèvres naturellement pulpeuses qui le sont encore un peu plus à la suite du baiser.  

-Rien ne t'empêche toi aussi de marquer ton territoire, me dit-il avec un clin d'oeil.

Je roule des yeux en souriant, et fonds mes lèvres sur les siennes, puis sur son front, sur sa joue au niveau de sa cicatrice, derrière son oreille, et enfin dans son cou, où je lui laisse un suçon ni trop gros ni trop visible. En enlevant ma tête de son cou je souris, fière de moi.

-Là c'esnt mieux, dis-je en souriant.

Il sourit aussi, et on frappe à la porte. Je descends des genoux de Shawn, me mets à côté de lui, à une distance raisonnable, et crie "entrez" tant que je rabats mes cheveux du côté où il m'a fait le suçon.

-Alors, ça avance les enfants?
-Oui maman, on se mettait d'accord sur l'écrivain sur lequel on allait travailler.
-Oh, et vous allez le faire sur qui?
-Emile Zola, répond Shawn.
-Oh, alors bon courage, dit ma mère en souriant.

Elle repart en fermant la porte, et je soupire.

-Putain, si elle avait vu que j'étais assise sur toi elle aurait crisé.

Il rit, et me regarde.

-J'arrive toujours à me sortir de situation comme ça bébé, fais moi confiance.

Je souris, et propose qu'on se mette au travail.

****

Environ deux heures après, nous avons fini l'exposé dans sa quasi-totalité, et nous sommes allongés sur mon lit, comme tout à l'heure. Nos téléphones ne font que sonner depuis tout à l'heure, et je sais pertinemment qu'il s'agit du groupe Snapchat avec ses potes.

-Faudrait peut-être qu'on lise les messages non? C'est sûrement important.
-Important? T'es au courant qu'on parle des gars là? C'est à coup sûr Cartah qui s'est étouffé avec du riz, et Aaron qui l'a pris en vidéo pendant que Nash et Hayes riaient comme des phoques, et là on a la réaction des gars, et Cartah qui s'énerve.

J'ouvre l'application en ricanant, et constate que c'est vrai.

Je lis certains messages, et repose mon téléphone.

-Tes amis sont fatiguants.
-Je sais, mais ils sont cools.

Je tourne ma tête vers lui et souris.

-Tu veux rester manger?
-Je veux pas vous déranger.
-T'inquiètes, ma mère sera contente je pense.

Il sourit, et je me blottis dans ses bras. Et nous continuons de parler en fixant le plafond jusqu'à ce que ma mère nous appelle pour aller manger.


Perfectly Wrong (S.M)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant