Chapitre 4

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La voiture commença à ralentir dans ces rues que je connaissais si bien avant de s'arrêter devant cette maison, ma maison. J'en détaillai délicatement la façade, tentant de me rappeler tous les souvenirs que j'avais pu créer ici avec ma mère. Je me souvenais de la première fois où nous y avions emménagé, c'était il y a quelques mois à peine. Elle avait gardé la surprise jusqu'au bout. Je me rappelais de ce moment où je lui avais sauté dans les bras en découvrant cette maison, de son sourire à ma réaction. Et je me souvenais de cette phrase, la première qu'elle m'ait dite ici.

- Nous avons passé trop de temps à fuir notre passé ma chérie alors à partir de maintenant je te promets que cet endroit est le dernier dans lequel nous déménagerons.

Elle avait tenu sa promesse...

Après quelques minutes de silence, l'assistante sociale se retourna et m'adressa un sourire d'encouragement tandis que je continuais à regarder par la vitre.

- Tu veux qu'on vienne avec toi ?, me demanda-t-elle doucement.

Je lui répondis négativement de la tête avant d'ouvrir la portière. J'avançai lentement dans l'allée fleurie et posai mon regard sur le banc sur le porche. Je m'approchai doucement et glissai ma main sur celui-ci. Je senti une larme s'échapper tandis que des souvenirs me revenaient un à un en mémoire. D'aussi loin que je me souvienne ce banc avait toujours fait parti de ma vie. Nous l'emmenions partout avec nous. Au départ lorsque nous l'avions acheté, il était blanc mais aujourd'hui il était remplit de dessin que j'avais réalisés dans mon enfance, de gravures que ma mère avait faites pour me montrer qu'il resterait toujours un trace de nous deux sur ce banc à notre mort. C'était notre banc et je me remémorais les innombrables discussions que nous avions eues dessus. Ma mère avait toujours été ma seule confidente, ma meilleure amie et aujourd'hui je n'avais plus personne.

Je soulevai le paillasson et prit la clé qui se trouvait en dessous. Ce n'était pas très original comme cachette mais nous n'avions rien de très important à voler, lorsque nous déménagions nous avions prit l'habitude de n'emporter que le nécessaire et nous n'avions pas eu le temps de nous installer correctement avant l'accident...

Je tournai doucement la clé et la porte d'entrée s'ouvrit en émettant un fort bruit de grincement.

La maison était presque vide. C'était la première fois que j'y prêtais vraiment attention, c'était comme si personne n'avait jamais vécu ici. Les murs étaient blanc, simples, sans artifices. Il n'y avait aucunes photos, aucun tableau pour les aiguayer. Mes yeux passaient d'une pièce à l'autre tentant de garder ces dernières images dans ma mémoire. Les placards de la cuisine étaient vides et on ne pouvait y trouver que deux assiettes, deux verres et quelques couverts. Le salon était quasiment inexistant, on y avait seulement disposé des petits coussins ça et là sur lesquels nous nous allongions le soir pour discuter. Mon ventre se noua tandis que je commençais à gravir les premières marches de l'escalier menant aux chambres du premier étage. C'était sûrement l'endroit le plus rempli de la maison. Je poussais doucement une première porte et senti mes yeux s'humidifier de plus en plus lorsque je posai mon regard sur le lit au centre de la pièce. Il y a quelques jours ma mère dormait là. Il y a quelques jours, elle m'avait prise dans ses bras lorsque que j'étais arrivée en pleurs dans son lit à cause de l'un de ces innombrables cauchemars que je faisais à répétition. Je me posais doucement sur le bord lit en passant ma main sur un coussin, son coussin. Mes yeux dérivèrent sur le carton que ma mère avait utilisé en guise de table de chevet. Et un cadre attira mon attention. Je le pris délicatement dans mes mains et admira longuement la photo qu'il contenait. Elle avait été prise des années auparavant, à l'époque où nous vivions en Floride. Je me souviens que j'avais adoré cet endroit. Il y faisait toujours beau et chaque soir ma mère venait me chercher à l'école pour m'emmener à la plage. Nous y restions des heures, profitant de la moindre minute que nous pouvions passer dans ce merveilleux endroit. C'était là que je m'étais fait mon premier ami et le seul que je n'ai jamais eu depuis, Dany. Nous passions tout notre temps ensemble et ma mère avait commencé à le considérer comme un fils au moment où, moi, je le considérais déjà comme mon frère. Et ce jour là j'avais décidé de prendre l'appareil photo de ma mère pour garder ce moment en souvenir le plus longtemps possible. Du haut de mes 10 ans, je m'étais improvisée photographe toute la journée enchaînant les photos toutes plus floues les unes que les autres. Puis ma mère avait eu l'idée de demander à une jeune femme sur la plage de nous prendre tous les trois en photo. Nous avions enchaîné les pauses toutes plus drôles les unes que les autres. Et le résultat se tenait entre mes mains tremblantes. Dany et moi embrassions chacun l'une des joues de ma mère tandis que celle-ci feignait une grimace de dégout en se retenant de rire. Une larme s'écoula doucement le long de ma joue avant de venir d'écraser sur la vitre froide du cadre.

Je repris doucement mes esprits. Je me levai du lit et me dirigeai vers la porte tout en gardant le cadre contre ma poitrine. J'adressai un dernier regard à la chambre avant de fermer la porte. Je tournai ensuite mon regard sur ce qui avait été ma chambre ces derniers mois. Je poussai la porte tandis que mes yeux balayaient la pièce. Je m'approchai de l'un de mes placards et en sorti une valise que je commençai lentement à remplir. Une fois mes vêtements entassée dans celle-ci, je me dirigeai dans la salle de bain et commençai à ranger mes différents produits dans une trousse de toilette. Je pris ensuite un sac et entreprit d'y ranger tous mes objets. J'y déposai finalement le cadre de ma mère ainsi que les quelques photos que j'avais pu trouver dans la maison. Je pris ma valise et mon sac et descendis lentement les escaliers. Je m'approchai de la porte d'entrée et lâcha un long soupir au moment de fermer celle-ci derrière moi. Je m'avançai lassement dans l'allée sous le regard inquiet de l'assistante sociale. J'entendis son collègue sortir de la voiture pour venir me rejoindre. Je me retournai pour contempler une dernière fois ma maison tandis que celui-ci chargeait mes affaires. Après quelques secondes je montai dans la voiture en ne lâchant pas la maison du regard jusqu'au moment où la voiture démarra.

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Voilà, un chapitre de la vie d'Alexie clos. On va pouvoir passer au sérieux. Que pensez vous qu'il va lui arriver maintenant. Mercii d'avoir lu ce chapitre n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez comme d'habitude. Bisooous

Brisée...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant