Brisée...

CHAPITRE 22

- Alexie... Aïe, Alexie calme toi putain ! ALEXIE !!

Je senti deux mains me serrer fermement les épaules sur le sol. Mon cœur s'emballa et l'adrénaline monta en moi. Je hurlai frappant de toutes mes forces mon adversaire. Une main vint immédiatement se plaquer sur ma bouche me privant de mes cris. Je multipliai mes coups, frappant aussi fort que je le pouvais.

Mais je n'ouvris pas les yeux, je refusais de voir son visage. Je refusais de voir ce mélange de joie et d'excitation qui lui traversaient les yeux lorsqu'il levait la main sur moi. Je refusais de voir se former ce rictus au bord des lèvres, de croiser son regard noir, dépourvu d'empathie. Je refusais de voir son poing se fermer avant de venir s'écraser sur ma joue. Sa vision m'était devenue insupportable.

J'essayais de lui donner des coups de pied mais il coinça rapidement mes jambes dans les siennes m'empêchant de fuir ou de lui faire du mal. Je me défendis tant que je le pu, balançant mes bras dans tous les sens et ne pu m'empêcher de sourire de l'intérieur en entendant ses gémissement de douleurs. Il essayait de me parler mais je n'écoutais pas, je n'entendais rien.

Je me remis à crier pour cacher le son de sa voix mais il resserra sa main autour de ma bouche. Je sentis ma mâchoire craquer doucement sous le choque mais n'y prêta pas attention. Je redoublais mes coups essayant de me dégager lorsque je sentis son corps chaud se poser brusquement sur mon dos. Il passa un bras autour de moi et me colla à lui. Il me tenait fermement contre son corps d'une main et me caressait doucement les cheveux de l'autre comme pour me calmer.

En une seconde sans comprendre pourquoi mon corps se figea. Ma peur redescendit peu à peu. Je me sentais presque en sécurité. Je ne reconnaissais plus mon père, il venait s'acharner sur moi, puis d'un coup venait me prendre dans ses bras et me rassurer sans explication. Je ne le reconnaissais pas. Les battements de mon cœur se calmaient peu à peu tandis que je sentais l'adrénaline redescendre lentement.

- Calme toi, réveille toi Alexie, ça va aller je suis là...

Je ne reconnaissais pas cette voix. Mais étrangement ce n'était pas celle de mon père. Je me sentais perdue, je ne comprenais plus rien. Que c'était-il passé ?

Je pris une grande inspiration et ouvris doucement les yeux un à un. J'étais allongée dans un lit. La pièce autour de moi était plongée dans le noir, seule une petite lumière derrière moi me permettait de discerner les meubles de la pièce. Je reconnu aussitôt la grande bibliothèque devant moi. J'étais dans ma chambre, ou plutôt celle d'Ava...

Ça semblait pourtant si réel, comme si je l'avais déjà vécu. J'avais l'impression de sentir les coups fuser son mon corps. J'entendais encore les cris de ma mère, le rire de mon père, et tous ces pleurs. Je pouvais sentir mon souffle se couper lorsque j'entendais sa voix se rapprocher, et les larmes qui dévalaient mes joues une à une, sans que je ne puisse rien contrôler. Je pouvais cette odeur qui envahissait la pièce, un mélange de sang et d'alcool irrespirable. Tout m'était presque familier. Et il y avait cette cave, celle dont j'avais eu peur toute ma vie sans jamais comprendre pourquoi...

Cette scène, je l'avais déjà vécue, j'en étais persuadée, pourtant ma mère m'avait juré que David n'avait jamais levé la main sur moi, qu'elle s'était enfuie avant qu'il n'ait eu le temps de me toucher. Tant de questions se bousculaient dans ma tête. Mais une d'entre elles prenait le dessus sur les toutes autres : à qui étaient ces bras autour de moi ?

Je séchais furtivement les larmes sur mes joues et me redressais doucement. La personne derrière moi relâcha aussitôt son étreinte, me laissant me retourner.

Mon souffle se coupa une demi-seconde lorsque je réalisais qui il était. Jordan se tenait à côté de moi. J'avais du mal à bien discerner son visage dans le noir mais il ne semblait pas avoir très bonne mine. Il se massait doucement la mâchoire comme pour calmer la douleur et je me rendis aussitôt compte que c'était moi qui lui avais fait endurer tout ça. Je plaquais mes mains sur ma bouche en apercevant les nombreuses griffures que je lui avais faites sur tout le corps. Comment avais-je pu faire ça ?