Brisée...

Chapitre 5

Cela faisait des heures que nous roulions. J'avais essayé de m'endormir mais en vain. Je ne pouvais m'empêcher de penser à lui... Je me remémorais peu à peu sa voix, son visage que j'avais mit tant de temps à essayer d'oublier. Je me rappelais de cette rage qu'il avait dans les yeux lorsqu'il s'approchait de moi, de la force de ses coups... Je me souvenais des traces, de ces bleus sur le corps ensanglanté de ma mère lorsqu'il en avait fini. Et surtout, je me rappelais de cette pièce, cette pièce que je ne cessais de voir dans mes cauchemars.

La voiture ralentie peu à peu me tirant de mes pensées. Je tentais de me rassurer du mieux que je le pu gardant les yeux clos jusqu'à ce que celle-ci ne s'arrête. Après quelques minutes d'hésitation, j'ouvris lentement la portière en passant la tête à l'extérieur de la voiture. Je restais fixée dans l'allée à regarder cette maison que je craignais tant. Rien n'avait changé. La maison me paraissait toujours aussi vieille et délabrée qu'à l'époque. Elle était presque entièrement faite de bois, comme ces maisons que l'on croisait parfois en forêt. Sur le toit, on pouvait apercevoir des planches de différentes couleurs clouée afin de recouvrir les nombreux trous qui s'y trouvaient. Un seul changement attira mon attention, le gazon était tondu. Cela pouvait paraître anodin mais d'aussi loin que je me souvienne mon géniteur n'avait jamais été assez sobre pour faire quoi que ce soit. Ma mère devait aller travailler tous les jours afin de pouvoir subvenir à nos besoins et lorsqu'elle rentrait, elle passait sa soirée à ranger le désordre que mon père avait prit soin de laisser dans la maison en son absence. Personne ne s'était jamais occupé de ce gazon, laissant ainsi la nature reprendre peu à peu ses droits.

Une main vint se poser sur mon dos m'arrachant à ma réflexion. L'assistante sociale me regarda avec un sourire rassurant avant de me faire avancer avec elle tandis que son collègue déchargeait la voiture. J'avançais lentement faisant tout pour retarder l'échéance bien que celle-ci se trouvait juste devant moi. Je tremblais de tout mon corps craignant cette rencontre plus que tout. La jeune femme à mes côtés le remarqua et prit tendrement ma main dans la sienne sans un mot. On monta les marches unes à unes tandis que les questions se bousculaient dans ma tête. On arriva devant la porte et on fut bientôt rejoints par le jeune homme accompagné de mes bagages. Il s'avança à notre niveau et m'adressa un dernier sourire avant d'appuyer sur la sonnette. A sa grande surprise celle-ci ne fonctionnait pas. Il retenta plusieurs fois sa chance avant de se rendre enfin compte que ses tentatives étaient vaines. Il toqua donc plusieurs coups sur la porte en bois avant de reculer. On attendit quelques secondes avant que la poignée ne s'abaisse. Je fermai aussitôt les yeux, incapable de regarder, de le regarder.

- Bonjour ?, s'enquit un homme à la porte.

Cette voix me surprit, elle était douce et semblait appartenir à quelqu'un d'assez jeune. Rien à voir avec la voix rauque et cassée de mon père. Je ne comprenais rien et des milliers de questions fusaient dans ma tête. Avait-il changé d'adresse ? Cette éventualité me remplissait d'espoir et je ne pouvais m'empêcher d'y penser.

- Bonjour monsieur, répondit l'homme à mes côtés. Est-ce que Monsieur Walker est là s'il vous plaît ?

- C'est pour quoi ?, demanda aussitôt le jeune homme.

Il me semblait tout à coup anxieux. Mais je ne pouvais m'empêcher de continuer à espérer que nous étions tombés à la mauvaise adresse. Après tout cela expliquerait la perfection du gazon et les nombreuses réparations que j'avais repérées plus tôt sur la maison. Et pourquoi y aurait-il quelqu'un avec lui ? Nous avions toujours été la seule famille qu'il n'est jamais eu et il n'avait jamais été assez sobre pour pouvoir sortir se faire des amis. J'ouvris lentement les yeux avant de les poser sur lui. Il nous toisait tour à tour avec ses grands yeux bruns et fronça les sourcils en apercevant les valises à mes côtés. Une fine cicatrice barrait sa mâchoire carrée et je pu peu à peu apercevoir d'autres blessures sur son visage. Lorsqu'il remarqua que je le regardais avec insistance il détourna aussitôt la tête vers l'assistant social à mes côtés.

- Êtes-vous un membre de la famille?, lui demanda celui-ci.

- Oui, je suis son fils, répondit douloureusement le jeune homme.

Son fils ? Nous nous étions donc forcément trompés d'adresse. Je n'avais jamais eu de frères et l'homme semblait avoir un ou deux ans de plus que moi. Il ne pouvait donc pas être né après notre départ. Je ne comprenais rien à la situation. Mon regard perdu passait du jeune homme aux deux personnes qui m'accompagnaient. Mais personne ne sembla le remarquer et je n'eu pas la réponse que j'attendais.

- Oh, vous devez-être Matthew Walker, c'est bien ça?, demanda l'assistante sociale lisant le nom sur sa feuille.

- Oui, répondit-t-il.

Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. J'avais un frère? C'était impossible. J'étais pourtant fille unique et si ma mère m'avait bien avoué que mon père l'avait trompé quelques années avant ma naissance il n'avait jamais été question d'un enfant, d'un frère. Je reculai d'un pas et attrapai la rambarde à mon côté comme pour m'empêcher de tomber. Seul le jeune homme devant moi sembla le remarquer et m'adressa un regard de plus en plus consterné. Les assistants sociaux se retournèrent à leur tour, suivant le regard de mon prétendu frère. La jeune femme s'approcha doucement de moi et me retint le bras avant de m'adresser l'un de ces fameux sourires auxquels j'avais eu droit depuis son arrivée.

- Alexie, me dit-elle après quelques secondes de silence, je te présente ton frère, ou plutôt ton demi frère Matthew.

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holaaaa! Voilà, on passe enfin aux choses sérieuses, j'espère que ce chapitre vous a plu. Que va-t-il se passer à votre avis? Bisoous