L'ascension fulgurante d'un simple employé de bureau - Tome 2 - [Terminé]

Le vol

C'était une sensation à la fois grisante et terrifiante. Elle regarda l'un des moniteurs du tableau de bord et vit sa planète, noire et froide qui tressautait sur l'image. Plus moyen de faire demi-tour désormais, en tout cas métaphoriquement. Sinon, physiquement elle pouvait totalement, il suffisait d'une simple pression sur les manettes et elle pourrait retourner chez elle. Enfin bref, le fait était qu'elle ne voulait pas, et que le faire signifierait un long séjour en prison voire la mort pour vol de matériel militaire. Elle songea à la gravité de ses actes. Désobéir à un ordre direct d'un haut dignitaire, puis voler un vaisseau et enfin ignorer les mises en garde. Tout ça sur un coup de tête. Elle ne savait même pas si elle le regrettait.

Elle reprit les manettes et chercha la direction de Djithhep. Ses compétences en pilotage étaient très limitées, et le chemin avait beau être droit, elle faisait régulièrement de violentes embardées. Elle activa un tutoriel de pilotage sur l'un des écrans, attendant le passage sur la vitesse supra luminique. Pendant le visionnage, elle se rendit compte que ce décollage avait frôlé la catastrophe. Des dizaines d'éléments auraient pu cafouiller. Heureusement, tout allait bien. Enfin, le tutoriel sur la vitesse s'enclencha. Ophélie suivit à la lettre les instructions données. Elle enclencha le calcul, qui prendrait encore une bonne minute. Pour que le temps soit aussi long, il fallait vraiment que le vaisseau soit mal conçu. Elle appuya enfin sur le bouton pour commencer les équations et s'installa dans le siège du pilote, jouant avec un vieux morceau de mousse synthétique qui était resté sur le tableau de bord.

Soudain, la radio crépita.

«Rendez immédiatement ce vaisseau où je serais dans l'obligation de vous neutraliser»

Et un laser violet venant de derrière passa à gauche du pare-brise. Ophélie se précipita sur l'écran montrant l'arrière du vaisseau et y vit qu'un astronef Néo-allié s'était mis à sa poursuite. Elle choisi de ne pas répondre. Ou tout du moins elle se persuada que c'était un choix, mais en vérité elle ne savait toujours pas se servir de la radio. C'était bien plus compliqué que les petits comlinks de sa ville ! Un nouveau tir d'avertissement passa à droite du vaisseau, tandis que la silhouette du poursuivant grandissait rapidement sur l'écran. La voix s'éleva une nouvelle fois de la radio :

«Dernier avertissement avant neutralisation ! Rendez vous !»

Au même moment, le calcul se termina et Ophélie plongea sur le bouton pour activer la vitesse supra-luminique. L'espace se tordit sur le pare-brise avant de devenir un vortex bleuté et flou. Juste avant, Ophélie aurait juré avoir entendu le poursuivant proférer une grossièreté dans le haut-parleur.

Maintenant, le danger était écarté et dans quelques heures elle serait arrivée. Elle se mettrait immédiatement à la recherche de Murainan'Ta. En attendant, elle poussa un cris de joie qui résonna dans l'habitacle et improvisa une petite danse en tournant sur son siège. Elle ne pouvait pas se faire reprocher son comportement par quiconque, elle pouvait faire n'importe quoi ! C'était jouissif. Elle passa ainsi le voyage à faire l'idiote, à parler toute seule, à crier et chanter à tue-tête pour son plus grand bonheur. Pourquoi ne s'était elle pas échappée avant ?!

Enfin, le vortex se dissipa et elle se retrouva de nouveau dans l'espace noir. Elle se mit à le regarder, désormais calme et dans une optique de contemplation. C'était si beau.
Celà faisait maintenant un bon quart d'heure qu'elle s'impregnait de cette vue, quand un bruit sourd se fit entendre à l'arrière. Ophélie se retourna, vérifiant du coin de l'oeil l'emplacement du gros interrupteur rouge de détresse. Rien ne se passa. Puis une explosion. Là où une cloison se trouvait normalement il y avait désormais un trou circulaire, d'où une épaisse fumée s'échappait. Enfin, des humanoïdes armés et protégés par des plaques métalliques disparates s'engouffrèrent dans le vaisseau. Des pirates. Pour une fois qu'un vaisseau sans aucune défense restait sur place pendant un quart d'heure, ils n'allaient pas se priver. Ophélie se maudit intérieurement et appuya sur le bouton d'urgence, qui envoya un message aux alentours avant de lever les mains, sagement, devant le canon menaçant d'un des nouveaux passagers. Dommage, cette journée s'annonçait pourtant bien.