Under the Mask

Chapitre 3

       

Personne ne me connaît réellement.

Personne ne sait combien de fois j'ai pleuré dans ma chambre quand personne ne me regardait.

Personne ne sait combien de fois j'ai perdu espoir, combien de fois j'ai été abandonnée.

Personne ne sait les pensées qui me traversent l'esprit quand je suis triste.

Personne ne sait à quel point c'est horrible de savoir que personne ne me connaît réellement alors qu'ils le prétendent tous.

Ça fait extrêmement mal quand les gens pensent que je suis heureuse parce que je rigole tout le temps, que je fais des blagues et j'agis comme si je l'étais alors que je ne le suis pas. Pourquoi ne voit-ont pas au-delà d'un sourire ?

Pourquoi préférer croire à un faux sourire plutôt qu'aider une vraie souffrance ?

Pourquoi un sourire est-il plus puissant que des yeux qui pleurent ?

Alors oui c'est vrai, je garde très souvent les choses en moi, je passe ma vie à penser et je ne dis pas toujours ce que j'aimerais dire ni même crier. Je suis même devenue solitaire, insociable et pessimiste parce que la plus sauvage des solitudes me paraît préférable à la société de maintenant. Cette société remplie d'aveugle qui ne sait même plus reconnaître une personne à bout, cette société qui vit avec un bandeau sur les yeux et qui ne se fit qu'aux paroles alors que Dieu sait que beaucoup mentent. Cette société où tout est visible, ou il n'y a que des choses matérialistes. Ma douleur, elle, n'est pas matérielle, elle est occultée. Ma vie est une tragédie dont je suis la seule spectatrice.

Alors oui ce soir je ne veux pas dormir, je ne veux plus dormir. J'ai peur du noir de mes rêves, j'ai peur de mon corps paralysé alors que mon cerveau lui hurle qu'il faut courir, loin, très loin, de cette ombre dans le noir. Cette nuit j'ai vraiment envie de retourner là-bas, au monde de l'enfance, des illusions qui ne blessent pas et du sang qui n'était encore qu'une couleur et pas une énorme douleur.