4- Le melon noir

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Encore un soir, je vais à la bibliothèque du Melon Noir. La caserne a commencé à s'inonder, et personne n'a l'air de vouloir se rendre à l'évidence. Elle est coulée, et on se noie à l'intérieur. Mike éponge. Ca n'arrange rien mais il est sûr que la caserne va rester sèche. C'est faux.

Le Melon Noir. Elle s'est transformé en Bunker-Boîte de nuit. Tout le monde y danse, c'est sécurisé. J'appelle ça "l'inconscience de l'apocalypse". Il pleut tout le temps et, le Melon Noir est surélevé, du coup il est sec la majeure partie du temps. Presque tout le monde s'y est réfugié. C'est très plein les jours de semaine, et dès que le Week-End arrive, ça se vide, car tout le monde repart dans les villes en sécurité. Mes études ont pris l'eau depuis tout ça. Alors je ne sais pas ou partir. L'Italie est un bon choix, hormis Venise évidement. Il parait qu'il reste du travail en Amérique du Nord. Le sud a coulé, apparemment. C'est ce qu'ont dit les infos. Il fait chaud au Melon Noir. Il y a trop de monde, et aucune climatisation. C'est étouffant ! Au moins ça nous isole de la pluie, et de la réalité, finalement. C'est agréable de ne rien sentir, ça rend tout ça invisible. Même si c'est présent. Quand je me pend à la fenêtre de l'étage, j'ai l'impression de partir loin. De m'enfuir, et de disparaître. La chaleur revient, et les nuages ont libéré le ciel. Un sourire m'échappe. On ne sourit pas souvent depuis la catastrophe. Y'en a une qui se démarque du lot. José, une espagnole. Elle rit tout le temps ! Je dois avouer que sa joie de vivre est très communicative. Elle raconte tout un tas de blague que j'aime bien, a vrai dire on doit avoir le même humour noire. Avec elle je peux rire, comme je peux pleurer. De rire, évidemment. Je ne peux pas être triste avec cette fille là ! Et parfois, je rejoins la table de ce garçon. Il est mignon, mais je ne sais même pas quoi penser de lui. On bois souvent deux ou trois coup, et ensuite ça devient un vrai bordel dans ma tête. Les mots se mélangent dans un tourbillon vaseux d'alcool, et je me lâche rapidement. Lui aussi il lâche prise je crois.

"Fais moi l'amour."

Ce fut la première phrase que je posa dans ce désordre mental. A vrai dire, je ne savais pas vraiment si je le voulais. Il me regarda, ahuri. On aurait dis un crétin.

"Fais moi l'amour ! Tu es sourd?"

Il ne disait rien. Peut être qu'il avait pas envie non plus. C'était stupide mais, depuis que j'avais quitté l'organisation, le rangement, les petites cases avec tout le monde au bon endroit, je n'arrivais plus à contenir mes folies. A chaque fois il me venait une idée idiotes, et je la demandais sans réfléchir.

"Tu ne veux pas c'est ca?

-Peut être."

Ça c'était sa première phrase à lui. Je devais avoir l'air con à chuchoter, mais lui aussi il chuchotais. C'était un tel bordel dans la bibliothèque, personne n'était tranquille. Surtout pas dans ce quartier.

"Pourquoi pas?

-Je sais pas.

-J'suis trop jeune?

-Non non."

Lui il était trop jeune. Même pas 14 printemps, et moi 16. Pourtant il aimait bien embrasser les gosses de son âge. Et ca leur déplaisait pas non plus. Les filles comme elles, qui se dandinaient en jactant, c'était ce qui lui plaisait. Pas moi.

"J'suis pas à la hauteur !

-à la hauteur de quoi, de mes seins?"

Je me gifla mentalement. So', t'es conne, t'es conne, t'es conne.

"Je ne mérite pas les filles comme toi"

En voilà une idée conne ! C'est sur que lui, il ne doit pas avoir les bas instinct primaires stimulés tout les jours, avec les gamines qu'il pelotent.

La dernière seconde - InondationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant