Ça a commencé comme ça. Les infos nous ont brusquées au beau milieu de l'après midi. Je révisais sur le lit de l'internat, et Madame Besnard est venue pour nous dire de filer à la salle principale. On y est tout allé, sans rien dire du tout. On est restées muettes, et on est arrivées devant le grand écran de télévision. Un homme en costume noir, accompagné d'un scientifique en blouse blanche, affichait une expression grave, voire défaitiste. Il disait sur un ton martial que le monde était bouleversé par une fonte brute des glaciers. Le scientifique à ses cotés approuvait, en étayant un peu plus le sujet. Il expliquait que le réchauffement climatique avait causé un dérèglement de la température, entraînant des inondations partielles voire totales des continents et des îles. Les filles de l'internat restaient choquées. On savait toutes ce que ça signifiait. On allait peut être vite en besogne, mais on pensait que ça voulait dire que c'était la fin du monde. Et c'était certainement le cas.
La nuit tombait finalement. On avait toutes l'angoisse au ventre et personne n'arrivait à dormir. Il pleuvait et tout le monde commençait lentement à avoir peur.
"So? Sonia, s'il te plait.
-Oui?
-Je ne peux pas dormir."
C'était Julie. Elle dormait dans la chambre d'à coté et c'était la seule asiatique de l'internat, à part moi, ça nous avait rendues plutôt proches, surtout parce qu'on avait baigné dans la même éducation, et la même culture asiatique, qui est franchement bien différente de la culture européenne. Alors oui, rencontrer une fille ayant vécu la même chose, ça rapproche.
Du coup, cette nuit là, coincé dans sa peur, elle avait décidé de venir dormir avec moi. Elle avait bien raison.
"Oui bien sûr, glisse toi sous les draps.
-Merci, So."
On a finit la nuit toutes les deux. D'habitude pour ça, on se prendrait une punition, mais avec la situation, je pense que ça ne posait plus de problème. Les surveillant s'en ficheraient tous.
Le lendemain, le soleil eu du mal à se lever. En tout cas, je n'ai aperçu une éclaircie qu'en fin de journée, quand la pluie cessa. C'était long, très long. L'eau avait atteint les fenêtres de l'établissement ce matin là, et on a dû partir. J'ai eu le temps de chipper mon appareil photo, des culottes et des serviettes propres dans mon sac à dos, et un paquet de cigarette. On avait normalement pas le droit de fumer à l'internat, mais je le faisais chaque Mercredi. Je n'aimais pas les règles qu'on m'imposait ici. Depuis mes 15 ans, je supportais plus d'être enfermée ici, alors chaque Samedi on se barrait avec Juju. Ce Samedi là ne fit pas exception, mais là c'était par mesure critique qu'on dut partir de l'internat. J'étais contente de m'en aller vers le centre ville avec elle. Là bas, il y avait l'amphithéâtre ou je faisais mes études d'art avec elle. J'étudiais la photographie, et elle le dessin, on avait que très peu de classe en commun. Pour s'adapter à la crise, l'amphi' avait prévu de transformer une salle en dortoir. A l'intérieur étaient installés des matelas avec des draps et des oreillers. On a vite installé nos sacs a coté de deux matelas proches, et une femme est venue nous voir. Elle nous a expliqué qu'on devait se rendre dans la salle de science afin d'écouter des explications plus "formelle" sur ce qu'on devait faire pour survivre. C'est le mot qu'ils avaient employé. Et j'appris vite à le détester. Ils nous expliquaient différents réflexe à avoir, des directives auxquelles obéir, et d'autres choses certainement importantes. Je n'ai pas tout retenu. Mais j'ai noté certaines règles de base dans mon carnet. Je savais que mon téléphone, même à 80%, ne tiendrait jamais avec des prises électrique submergée par l'eau. Les règles que j'ai noté étaient simples.
1- Ne pas rester plus d'une semaine au même endroit au risque de se faire surprendre par les inondations.
2- Eviter de faire trop confiance aux inconnus.
3- Toujours emporter de la nourriture en conserve avec soi.
Et c'est à peu près tout. Le reste ne me servirai sûrement pas. Juju copia sur mon texte et écrivit la même chose sur son bout de bloc-note. Une autre fille de notre classe a noté des choses. Les autres avaient l'air de s'en ficher, comme si pour eux tout était déjà foutu, et qu'il n'avait rien à faire, on allait tous couler dans l'océan terrestre.
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Cyclomoteur, cigarette, chipolata.
Les 3 C. C'était ainsi qu'on commençait à réglementer notre vie, avec Juju !
En divaguant en ville comme la semaine précédente, on avait trouvé un appartement "à louer", mais étant donné l'état actuel du pays, on a pu l'investir sans que personne ne nous embête. La loi n'avait plus lieu, c'était le premier truc étonnant: On assistait à des spectacles dehors, des gens qui courraient comme un troupeau dans la rue goudronné, sous nos fenêtres, avec des matraques et des couteaux de cuisine dans les mains. Ces armes de fortunes, tout le monde en avait pour le moment, on pouvait évidemment pas avoir de flingue ou de trucs plus costauds.
Notre appartement était très petit. Très très petit. Assez grand pour deux personnes accompagnées d'un chien, mais très petit tout de même. Il y avait un plan de travail, une grande pièce censé être un salon mais où des matelas vides et des oreillers sales traînaient, et une salle de bain avec seulement une douche, une cuvette de toilette et un lavabo avec un tout petit miroir.
Mais on s'y plaisait, peut être parce qu'on était toutes les deux, et que c'était une chose qu'on avait jamais vécu. Juju était passionnée par le velux de la salle de bain. Quand elle se posait sur la cuvette des toilettes, et qu'elle levait la tête, elle voyait les étoiles.
Des fois un taré s'elancait sur la route inondée, et allait super vite, trop vite pour Moogly, le chien de Julie, qui se fachait alors et jappait à la vitre pour râler contre lui.
Le Lundi suivant notre installation, on a couru en ville, sans but particulier.
"POURQUOI ON COUUUURT?
-C'ÉTAIT TON IDÉE !!!"
On cherchait peut être un truc? Je ne sais plus vraiment !
Arrivée prêt du centre ville, on dévala la côte est à vive allure, Julie regardait à droite et moi à gauche, se repartissant les tâches afin de cherche plus vite et mieux.
Quand soudain, dans une ruelle, j'aperçu quelque chose briller, entre le mur et un contener sale, je m'arrêta net, et lança mon bras devant le corps en pleine course de Julie d'un mouvement brusque afin de l'arrêter. Elle eu un gloussement de surprise.
"Qu'est ce que tu fous ?!"
Elle repris son souffle et je m'approcha doucement de l'objet, quand je passa le mur en angle je vis que c'était un... cyclomoteur. Un sourire se dessina sur mon visage et le sien, et on sauta sur le dos de cette bécane en furie pour filer à l'appartement qu'on avait pris soin de fermer à clé. Nos cris de joie se ressentaient dans toute la ville, comme si on avait des hauts parleurs pour clamer haut et fort "NOUS AVONS UN CYCLOMOTEUR !!"
C'est seulement arrivée devant la porte blanche de notre demeure que Julie réalisa.
"Mais, So'...
-Oui?
-On va le mettre où?
-Ben, dans le salon."
Notre "salon" était l'endroit le plus adapté. Julie me fit remarquer que ça gâcherai la décoration, et je signala que notre pièce principale n'avait déjà aucune gueule, entre des sofa délavé et sans ressort, et deux matelas recouvert de draps salies par la graisse et le sel des paquet de chips en vrac par dessus.
"Ouais, tu as raison, on va le poser là."
On achemina donc la moto par la porte, à coté du sofa, dans le bordel, puis on accompagna Moogly dehors.
On se percha sur un toit de maison, et on observa la campagne peu à peu devenir un lac, sous l'astre en fusion qu'est le soleil.
Poétique.
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La dernière seconde - Inondation
Historia CortaLe monde se retrouve brutalement renversé par une inondation soudaines dû à la fonte des glaciers. La plupart des continents se retrouvent ainsi sous les eaux. Une jeune fille, Sonia, va faire de ce carnet son journal d'expédition, pour y raconter c...