5- L'autoroute inondé

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Une semaine passa. J'avais réussi à dénicher une caravane. La zone était déserte. Il fallait prendre des bottes. Plic ploc. La zone était morte. Sur mon radeau je divaguais. Alex m'attendait sur le pont. Je le saluai. Hey hey, tu me vois galérer? Viens me chercher. Et il venait pas. Il me laissait me démerder. Par chance la caravane était simple à ramener en zone sûre; elle était sur un parking. Ramène ton scooter ! Mon quoi? Ton scooter abruti tu es vraiment sourd ! Il rappliqua avec son deux roues et on attacha la caravane.

Plic ploc il pleut encore.

J'inspectai l'intérieur. A part de la vaisselle foutue c'était pas mal. Il y avait même du fric dans un placard. Même pas trempé. Les lits étaient biens. Sans les draps qu'il fallait sécher. Plic ploc. Il démarra son scooter et j'investissais la "nouvelle caserne". C'était fun. Plic ploc.

Archéologue. Une culotte sous un drap. Je la jetai dans la fausse mer créée par la pluie. Les gens du futur qui verront ca prendront ce slip pour une relique ancienne. Ou pas du tout. On passa devant la bibliothèque: le lieu de mes premiers ébats, avec Alex. C'était sympa. Il faudrait recommencer. Mais la bibliothèque était désertée. Il n'y avait plus rien là-bas. A part des ouvrages foutus. Et des bières qui flottaient dans l'océan du désordre mental. C'était joli, la mer de bordel. On serpentait l'autoroute, car elle était quasiment impraticable. On était chanceux. Et puis il vit comme moi. Une voiture. Il s'arrêta sur le bas-côté et on courut vers ce bijou. On l'arnacha à la caserne. On foutait le scooter à l'arrière, et basta. Ce coffre ne servait pas. Je le rejoignis dans la voiture et il sourit.

"j'ai envie.

-envie de?

-de toi."

Il recommença à me peloter. Je dois avouer que j'avais envie aussi. Je le laissa faire. Ça dura longtemps, et bientôt on était perdu dans l'océan de l'autoroute. Quel con. Il m'avait bien travaillé, oui, mais maintenant on devait zigzaguer sur une route inondé. Ce fut long. On s'engueulait comme un vieux couple. A gauche, non, à droite, putain, fais gaffe, t'es aveugle, je t'ai dis à gauche, etc. La nuit tomba. Les étoiles filèrent. On roulait sur une autoroute moins inondé.

"on va rejoindre un ferry.

-ah?

-oui. On va partir du pays.

-pourquoi?

-pour survivre."

Le seul mot qu'il avait à la bouche. "survivre". Noyé dans mes pensées. Je priait les étoiles et je regardait l'horizon. L'horizon. C'est ca l'avenir? Il parait que ceux qui ont une ame voient l'avenir. Je n'ai jamais su si j'en avais une. On ne me l'a jamais dit.

Je regardais Alex. Je me demandai si je l'aimais? Peut être même pas. Si je l'aime je m'en rendrait compte plus tard. C'est les doyens qui disent ca. Quand on aime on s'en rend pas compte au début. On sais pas. On est ignorant. Peut être que je l'aime.

"Est ce que je t'aime?

-Hein?"

Ma question parut stupide.

"Oublie ca."

Oui, oublie ca. Lâche ca de ton esprit. On est parti dans une virée étoilée sur la mer de déchet. On verra si je t'aime après. Pitié, ne pense pas à savoir si toi tu m'aime. Car moi je m'en fou. Il soupira. Je soupira aussi.

Un mois s'écoula. Je ne le revit plus. Alex, le blondinet qui m'avait plus cet été là avec son scooter. Il était parti avec une rouquine durant cette soirée. "Unis contre l'océan" c'était mignon comme nom. On s'était installé à une table, et on avait été rejoint par cette fille là. Elle avait commencé par nous parler comme une amie, tout simplement, en essayant de se rapprocher de lui, de manière très peu discrète, puisque je l'ai remarqué dès le début. Elle avait retiré le dernier bouton de sa chemise, et arborait un décolleté plus qu'attirant. Moi qui avait toujours eu une éducation sage, j'étais très gênée de cette situation. Je me rappelle avoir écris un mémo dans mon téléphone.

"Ne jamais s'approcher des filles au gros décolleté"

Ça me servirai sûrement pour plus tard, afin de survivre. Si jamais tout les filles au décolleté sont comme elles, alors oui, vaut mieux s'en méfier. A la fin de la soirée, elle avait entrainé Alex dans les toilettes, et je sais très bien ce qui s'est passé après. Le lendemain je me reveillai seule dans mon grand lit vide. J'attendis quand même la fin de la matinée, dans l'espoir qu'il revienne. Mais plus rien, plus de nouvelle d'Alex, mon seul premier amour.

Heureusement j'ai gardé la caravane. Il a gardé le scooter (bonne chance pour la pluie !). Et moi la voiture. Dans l'histoire c'était lui le plus con. Mais ca m'allait de ne pas me sentir coupable.




La dernière seconde - InondationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant