Chapitre 7 : Regrets de son âme corrompue

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ー Je ne suis tellement pas pressée de partir... lança Ana lorsqu'ils franchirent le seuil de la  porte.

ー On a encore du temps, assura Pan. Si tu veux faire passer le temps, on peut toujours aller voir Firenze. Il y a longtemps qu'il cherche à nous parler.

ー Ah oui, dit-elle. J'avais omis.

Elle caressa le bois de l'entrée en murmurant un simple "au revoir". La réaction fut instantanée : la maison disparue aussitôt.

ー C'est la première fois, remarqua Pan.

ー Effectivement, admit-elle.

ー Eh bien, répondit son compagnon en passant son bras là où se trouvait la demeure. Tes capacités m'étonnent de jour en jour. Elle n'a pas complètement disparu, n'est-ce pas ?

ー C'est exact. (D'une pensée, elle fit réapparaître la maison.) Je n'aimerais pas que vos anges viennent piller ma maison. Même si je ne doute des protections magiques installées.

Ils avancèrent vers la magnifique et à la fois, effrayante forêt. Quelques bons mètres la séparaient de la maison d'Ana. La zone intermédiaire était constituée d'herbes coupées à la même hauteur et de quelques arbres fruitiers. On pouvait tant faire avec un peu de magie.

À un mètre de cet attroupement végétal et animal, une douce chaleur s'installa. La rousse la connaissait. La forêt l'avait accueilli de cette même manière avant de sauvagement l'attaquer. Mais pas cette fois.

Cette fois, elle était plus forte. Elle maîtrisait ses pouvoirs, elle avait Pan matérialisé près d'elle.

ー Quand je pense que tu étais prêt à me laisser mourir si je ne me montrais pas digne de toi, soupira-t-elle en entrant.

ー Quelle était l'utilité de m'encombrer d'une incapable ? questionna-t-il simplement.

ー Je ne sais pas. Le prestige d'avoir la seule humaine restante ? proposa-t-elle en enjambant une racine.

ー Tu connais pas les démons. Peu importait que tu sois la survivante. Ça aurait été la honte.

Elle hocha la tête. L'orée de la forêt était paisible. Assez dégagée. On pouvait encore voir les rayons de soleil filtrer entre les arbres. Ana le savait, pour tout novice, ce paradis se transformait en véritable labyrinthe.

Cela faisait un an qu'elle n'était pas revenue. Elle avait reçu son lot de frayeur. Ils tournèrent à gauche, les chants des oiseaux se turent aussitôt. Cette partie de la végétation était touffue, sombre, sournoise. Ana étouffa une clameur d'effroi. Les hiboux dormaient paisiblement, étant noctambules. Ils pouvaient être au moins une centaine. Elle en voyait au moins un à chaque branche.

Ses souvenirs lui rappelaient leurs yeux globuleux, leurs têtes se tournant à trois cent soixante degrés et leurs hululements qui l'empêchaient de dormir.

ー Qu'est-ce que tu as ?

Pan l'attendait quelques mètres plus loin. Elle avait dû être figée dans son observation. Le dos droit, elle reprit son souffle. Le respect de la forêt avait été difficilement acquis, pas question de le perdre.

Ils marchèrent encore pendant ce qui semblait être de longues heures. Une autre caractéristique de la forêt, impossible de se repérer dans le temps. Enfin, pour un humain.

Pourtant, la rousse avait l'impression que la forêt se jouait encore une fois d'elle. Elle ne comprenait pas, l'impression de tourner en rond. Pan n'avait pas l'air de s'en formaliser. Au contraire, il semblait confiant.

Au bout de quelques instants, elle ne le supporta plus. La connexion mentale s'installa sous son ordre. Il fallait qu'elle sache s'ils tournaient effectivement en rond.

Sweet Tears (En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant