Chapitre 27 : Que leur discussion continue

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ー Me... séparer de toi ? Non Polochon, je ne veux pas, pas encore ! 


"Purée... heureusement que ma chambre est insonorisée" se disait-il. Elle hurlait littéralement ! Les larmes n'étaient pas encore sorties mais son petit doigt lui disait qu'elles n'étaient pas très loin. À sa connaissance, Ana n'était pas aussi pleurnicharde que la plupart de ces humaines, fan de One Direction. Cependant, elle pouvait frôler la crise d'angoisse quand il s'agissait de leur lien. Normal, ce qu'ils partageaient dépassait de loin le naturel. D'ailleurs, il sentait un grand creux au coeur.
De toute sa vie, il ne s'était réellement préoccupé que de deux personnes : Lilith et Ana. Sa soeur était dans une sorte de coma tandis que sa maîtresse allait sûrement... Non, ne plus y penser, c'était la seule issue. Mais il aurait dû s'attacher à d'autres personnes ! Une succube et une humaine bordel... il aurait dû s'y attendre ! Sauf que Ana n'était pas n'importe qu'elle humaine et Lil, de loin la plus responsable des succubes. Elle n'était pas qu'une bombe atomique, il y avait de la matière dans sa cervelle.

Ce creux dans le coeur, il ne l'avait ressenti pour la première fois, que lorsque Lilith avait été mordue. À bien réfléchir, ce n'était pas véritablement un creux, il avait l'impression qu'on essayait d'arracher son coeur ー il en avait évidement un ー et cela semblait provenir de la peur qu'il ressentait. Car oui, il était terrorisé ! Cette lettre... elle avait effrayé tous les démons qui l'avaient vue. Trop brillante de lumière divine, pour leur yeux habitués aux ténèbres obscure. La lumière terrestre, les flash de téléphone, ce n'était rien par rapport à cette luminosité. Pas étonnant que les Séraphins aient une paire d'ailes, rien que pour se couvrir les yeux !
Mais oui, Pan n'avait jamais ressenti cela. Et maintenant, voilà que la douleur mêlée à la panique, se présentait doublement. C'était bien pour ça que les démons ne s'attachaient jamais ! Même pour leurs liens, ils s'en tenaient habituellement au strict minimum : le partage de pouvoirs et une visite par semaine. Sauf que lui, il était trop captivé par cette jeune fille, pour agir de la sorte. Il fallait qu'il lui parle, qu'il gagne sa confiance, qu'il comprenne l'aura mystique qui s'en dégageait. Et il n'avait jamais compris. Jamais compris comment elle faisait pour être aussi détachée, aussi insensible même avec lui ! C'était un gros coup dur pour ce démon. Mais il avait enfin compris.
Cette innocence qu'elle avait si longtemps gardée, alors qu'il s'efforçait de la dévergonder au maximum... Et par innocence, il voulait parler de cette simplicité d'esprit. De cette obstination à vouloir à tout prix s'enfermer dans une bulle, malgré ce qu'elle avait vécu avec sa famille. Pour exemple simple, on pouvait parler des garçons et de son ignorance de l'amour. Elle croyait qu'aucune personne sur cette Terre ne pouvait l'aimer. Mais Stephen en avait vu de ces regards car, n'oublions pas, il avait été son "ami imaginaire", ce qui impliquait qu'il la suivait souvent partout. À l'école, à la piscine, au restaurant... bref. On lui avait fait des appels de fard tellement évidents que lorsqu'elle se plaignait à lui, il avait envie d'apparaître et de lui arracher les yeux pour lui montrer tous ses prétendants... Et prétendantes !Bordel... rien qu'en y pensant, sa main le démangeait. Cette fille avait beau être adorable, elle pourrait donner des envies de meurtre au pape.
Mais lui non plus, il ne voulait pas être séparé d'elle.

ー Moi non plus Any. Crois-moi, moi non plus.

Il soupira. La vitesse à laquelle il avait rangé ce parchemin méritait qu'il se fasse saluer par la reine d'Angleterre. Il l'avait peut-être déjà dit mais cette lumière était effrayante.

ー Ut a'm tnemellet éuqnam ! Ej en iaretroppus uslp euq ut em essail rebmot. Erocne enu siof...

ー En etèiuqni't sap. Sulp siamaj... non, sulp siamaj...

La manière dont elle s'accrochait à lui aussi était effrayante. Comme si elle était sûre qu'ils allaient être séparés. Il n'avait pourtant encore rien expliqué. Il ne pouvait d'ailleurs rien dire, c'est Lucifer qui devait s'en charger. Comme un médecin était tenu d'annoncer lui-même, le diagnostic.Et en parlant de l'empereur, on voit ses ailes.
La porte s'ouvrit brusquement. Alors que Ana s'attendait à voir celui dont Pan lui avait tant parlé, elle aperçut un démon de courte taille, privé d'ailes ー à moins que ce n'ait été une forme alternative. Il était d'ailleurs le seul à avoir des cornes. De mini cornes noires. Une trompette à la main, il commença :

ー Le grand Lucifer, chef suprême de l'empire infernal, commandant des 6666 légions, fondateur de l'ordre de la mouche !

ー C'est bon ? Je peux passer maintenant ? entendit Ana.

ー Non, votre altesse. Je dois encore dire vos exploits et...

ー T'es vraiment chiant Baltazar. Tu sais quoi ? 

Le petit démon ressemblait décidément à un gnome ! Il se retourna vers son maître, les yeux brillants de curiosité. Il voulait réellement savoir ce qu'il voulait dire. Sauf qu'au lieu de continuer sa phrase, il l'empoigna par une de ses cornes, la retourna et l'arracha d'une poigne de fer. Puis, il fit apparaître une bouteille de vin, remplit la corne et la tendit au gnome. Le pauvre avait les yeux tous embués et criait de douleur. Il voulut d'abord refuser la "coupe" mais Lucifer le lui ordonna. Il regarda ensuite le trou béant où se trouvait sa corne en disant :

ー Bois et prends des vacances. Ça te rendra beaucoup plus cool.

Ana entendit un rire à sa droite, muni d'applaudissements. C'était Pan et apparemment, cela était très drôle pour lui. Était-ce là, l'humour démoniaque ? Elle ne ressentait nullement le besoin de rire. En quoi était-ce intéressant de rire du malheur des autres ? C'était là qu'elle se rendait compte qu'ils n'étaient pas du tout de la même planète.Lucifer entra enfin, un léger sourire sur les lèvres. Longue tunique noire, peau laiteuse, yeux ténébreux... et ces cheveux noirs, ils avaient l'air si soyeux ! On aurait dit Alone de Saint Seiya the lost canvas, en inévitablement plus beau. Beaucoup plus beau.

D'une démarche souple et élégante dont lui seul a le secret, il s'inclina et fit apparaître une fleur. Noire de préférence, la plus belle du monde.

ー Je crois que je n'ai pas à me présenter, Baltazar voulait absolument m'annoncer. Veuillez excuser ma visite et accepter cette fleur, sortie tout droit des jardins du tartare.
Un petit rire timide et Ana lui retourna le salut, acceptant sa fleur. Pan, resserra son bras autour de la taille de sa maîtresse. Il regarda ensuite son maître que se dirigeait vers lui et, accepta d'échanger une poignée de main avec son lui. Chose faite, il l'invita à s'asseoir avec eux, sur le lit.

ー Alors Pancakes, cela n'a pas été trop difficile d'aller la chercher ? débuta-t-il. 

ー Lulu... Je vais te taper... souffla Pan. Mais non, ce n'était pas difficile du tout. Une illusion, un peu de ténèbres et hop ! Raphaël était seul avec elle, alors...

ー Oh ! Tu as utilisé Karine ? 

ー Ouais et c'est passé crème.

Ana les regardait l'un et l'autre et attendait qu'ils se taisent un peu. Mais c'était deux vraies pipelettes ! Elle qui avait cru que Lucifer serait quelqu'un de placide, cruel et sérieux, elle tombait d'un étage. Pourtant, il était très frois avec ce Baltazar. Alors, peut-être qu'il était juste meilleur ami avec Pan ou même qu'il y avait vraiment quelque chose entre eux. En attendant, elle voulait savoir. Et au bout de deux heures, n'y tenant plus, elle se risqua :
ー C'est quoi cette histoire de prophétie ?
Lorsqu'elle vu l'expression de Lucifer, elle comprit pourquoi il cherchait à éviter le sujet.
Et elle voulut tout-à-coup, que leur discussion continue.

Sweet Tears (En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant