Chapitre 29 : Qu'on ne compte pas sur elle

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Comment dire cela ? C'était la merde... Une sensation de froid envahissait chacun d'entre eux sans qu'ils ne comprennent pourquoi. Les rayons de la lune se mouvaient, éclairant le corps inanimé de l'immaculée. Devant Gabriel, des anges paniqués ou désespérés. Mikael était inévitablement le plus touché... leur dernier espoir leur filait entre les deux, en un instant.

ー Qu'est-ce qui se passe ? se demanda Gabriel.

Était-il possible qu'ils se fussent trompés ? Non, c'était impossible, qui d'autre pouvait avoir, à cet âge, des cheveux aussi naturellement blancs ? Des yeux aussi incroyablement bleus ? Ils ne pouvaient qu'appartenir, si ce n'était à une Séraphine, à un ange, quoiqu'on leur en dise. Mais cette lassitude, paresse caractérisante, cette capacité à se foutre de tout, même de la pudeur et cette répugnance pour la prière... ils voulaient bien croire que sa durée dans un corps humain l'ait quelque peu corrompue mais... elle avait été pire que des simples humains. Et Dieu merci, Ana lui avait appris à se calmer et à être plus agréable ! Et cela, les archanges se refusaient à le croire : un humain ne pouvait enseigner la bonne conduite à un ange, Séraphin de surcroît.

Sandalphon se rappelait parfaitement de sa répugnance lorsqu'il l'avait rencontrée. Elle puait le péché à plein nez. Non qu'elle fut une proxénète ou autre de ce genre. Mais elle avait cette configuration pour se foutre des autres, un égoïsme sans limite qui ne voulait qu'une chose : que Gabriel tombe devant sa beauté. C'était pourtant mal connaître leur leader. Il n'était pas à la tête de l'armée angélique pour rien. Gabriel devant qui, même Samael* avait échoué et cette non-initiée voulait l'acquérir ? Les anges restaient chastes, eux.
Maintenant, elle avait l'air beaucoup plus commode. Mais ce dysfonctionnement pendant la cérémonie, ce n'était pas bon du tout... Ils ne pouvaient désormais souhaiter qu'une seule et unique chose : qu'elle ne soit pas humaine. Mais ils le savaient, c'était une demande peine perdue. Si elle était vraiment une ange, la plume de Gabriel l'aurait aidé à faire pousser ses ailes. Et son évanouissement, ce n'était pas habituel, ça n'arrivait même jamais. Ils avaient trop puisés dans son énergie. Etant humaine, elle ne l'avait pas supporté.
Raphael n'esquissa même pas le mouvement d'aller chercher ses plantes. Pas la peine non plus d'essayer de faire une petite prière de guérison. Elle se réveillerait seule... oui, on ne pouvait que l'espérer. Il souffla et cogna le mur de ses points.

ー Après tant d'efforts ! Tout ça pour rien ! cria-t-il, les larmes aux yeux.

Uriel n'en pouvait plus, il se mit à pleurer pendant que Raphael psalmodiait des paroles incompréhensibles. Ils avaient tout fait pour rendre son âme aussi blnche que possible avant la transformation. Soit ils avaient échoués, soit Père s'était trompé. Et force était d'affirmer que Père ne se trompait jamais, au grand jamais. C'était donc une négligence de leur part : l'âme de Lys était encore trop humaine. Ils n'auraient jamais dû faire le rituel...Regard hautain, nez retroussé, la main toujours dans les cheveux... Lys était le parfait archétype de la blonde populaire. Elle l'avait été au lycée et elle jouait tellement bien ce rôle ! Se plaignant de la chaleur, de la fraîcheur, du repas... Ana soit bénie ! pensaient-ils. Ils savaient parfaitement à quoi leurs journées auraient continué à ressembler, si elle n'était pas rentrée dans leur vie.C'était à croire que Père avait déniché les plus intéressants spécimens de la Terre et les avait gardés en vie. Il y avait celle sui attirait physique le regard : yeux extremements bleus, cheveux entièrement blancs, peau totalement laiteuse. Et celle à la personnalité complexe : fragile mais non, prude mais non, timide mais pas que, Ana était une vraie démone angélique. Et c'était pour cela que les deux camps opposés l'aimaient.

Comme absent de son corps, Gabriel se laissa tomber au sol tandis que Métraton se levait pour aller ouvrir la fenêtre. Une boule d'air glacé vint se loger sur son visage. Se retenant au mur, il toussa un bon coup et regarda à travers l'ouverture : il pleuvait et, ils ne s'en étaient même pas rendus compte.Pourtant, la pluie tombait drue et arrosait la Terre sous laquelle des corps devaient se décomposer. Elle raisonnait sur les toles rouillées de l'école - quand on y pensait, c'était un miracle qu'ils n'aient pas encore fini sans toit. Cette fraîcheur qui s'installait peu à peu dans la pièce renforçait la sensation de froid des pauvres guerriers. Même si, il était vrai qu'ils n'en avaient guère la stature en ce moment. Surtout Gabriel, en position foeutale, se demandant pourquoi si ça allait recommencer. Mine de rien, Ana et sa présence féminine, avaient apporté un vent de fraîcheur parmi eux. Cette tempête délicieusement glacée avait réchauffé leurs coeurs. Elle était belle, drôle, intelligente, de quoi occuper l'esprit de quelqu'un voulant fuir les problèmes de la guerre. À son départ, bien qu'anéantis, lui et ses frères avaient naïvement espéré que Lys garderait ce climat. Après tout, elle avait passé beaucoup de temps avec Ana, était même, d'une certaine façon transfigurée. Que neni... C'était sûr, l'atmosphère stressante allait revenir au galot. On allait enfin se rendre compte que la guerre approchait, qu'un plan était urgent, que l'offensive devait se faire et qu'ils devaient chercher à se purifier.

De l'autre côté de leur monde, celle pour qui ils s'inquiétaient se prélassait dans son paradis. Pas qu'elle ignorait l'aide qu'elle pouvait apporter, mais son esprit n'avait pas envie de s'encombrer de ce gebre de pensées. "Je dois sauver le monde", "c'est ma destinée" et puis quoi encore ? Comment les gens pouvaient réagir de cette manière... Cette vie n'était décidément pas faite pour elle. D'ailleurs, qu'est-ce qu'elle irait faire au Paradis ? Prier jusqu'à ne plus savoir dire autre chose ? Arrêter de ressentir le délice de prendre conscience que son estomac est rempli et satisfait ? N'avoir qu'une envie : celle de gongler continuellement l'égo d'un être qui a déjà tout pour lui ??? La vie semblait fade dans ce "jardin de bonheur" et elle, après tout ce qu'elle avait connu, ne pouvait se contenter de cette langueur continuelle. Encore aurait-il fallut qu'elle soit un archange. Bien qu'elle n'aurait pas combattu, elle aurait fait une spécialité en médecine, avoir une vie moins monotone.

Mais Séraphine...

Ana ne voulait même pas en entendre parler. Eux, semablaient heureux. Mais, à la différence d'elle, ils étaient nés et avairnt grandi là-bas, ne connaissant que cela pendant des siècles. Comment quitter quelque chose quand c'est la seule chose que l'on ait jamais connue ? Elle était née dans le monde des humains, avait connu les règles de ceux-ci et les avait appliquées pendant des années. Puis, était venu le temps pour elle, de se familiariser avec d'autres règles : celles des démons. L'univers qui s'était alors présenté à elle n'avait jamais semblé aussi beau. Tellement plus de libertés ! Elle s'était donnée à coeur joie dans ce monde où sa soeur, homosexuelle, n'aurait pas été jetée sur la place publique pour avoir "sali le nom de la famille." Ce monde où, bien qu'elle y ait découvert plusieurs inconvénients, elle pouvait réellement être libre.Passer du côté obscure était une mince affaire pour l'âme humaine. Bien évidement, il y avait des choses que l'on ne pouvait pas comprendre car de un, ils étaient surnaturels et de deux, ils étaient des démons. Cela suffisait comme arguments, non ? Force était quand même de reconnaître qu'après les lois humaines et démoniaques, la pente allait être rude à remonter, pour atteindre les exigences angéliques. Sérieusement, depuis combien de temps elle ne priait plus ?

Paradis ou pas, qu'on ne compte pas sur elle pour y mettre les pieds.

Sweet Tears (En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant